Chères toutes, chers tous,
Vous connaissez tous mon engagement pour la mémoire du judaïsme alsacien et pour la défense des minorités.
Vous connaissez mon attachement à l'existence de l' Etat d' Israël ainsi que mes positions critiques.
Je dois encore être le seul Strasbourgeois qui porte les deux drapeaux sur lui ( Israël et Palestine), très régulièrement, ainsi qu'en permanence sur mon Judenhut.
Je milite modestement , non pas comme homme politique mais comme un " Monsieur-tout-le-monde" pour un cessez-le-feu immédiat, la libération de tous les otages, l'arrêt de la colonisation et la reconnaissance internationale de la Palestine ( entre autres).
Je milite depuis toujours pour nouer des relations entre les communautés à Strasbourg.
Vous savez aussi que je n'ai pas besoin de l'existence d' Israël pour accomplir et décliner "mon" judaïsme et ma part de responsabilité messianique.
Et c'est dans ce contexte que je trouve la présence du drapeau israélien sur le fronton de notre Synagogue inapproprié
et que je souhaitais, en adelphité, vous en faire part.
En partage vigilant et de plus en plus préoccupé .
G Y Federmann
Strasbourg, le 14 juillet 2024,
Nous sommes confrontés à une série d’évènements complexes, préoccupants et clivants qui constituent des menaces pour la cohésion sociale (Covid, Guerre Russie/Ukraine, Guerre Israël/Gaza et Cisjordanie, victoires du RN aux européennes et aux législatives en nombre de voix,..)
Que vont devenir les pauvres, les étrangers, les chômeurs, les retraités, les Gilets Jaunes?
Que vont devenir nos services publics, notre démocratie et notre Europe?
Mais je souhaiterais revenir sur une marque du paysage strasbourgeois.
Il s’agit du drapeau israélien flottant, avec le drapeau français, sur le fronton de la Grande Synagogue de l’avenue de la Paix-Simone Veil.
( Devant la prière : " Plus fort que le glaive est mon esprit",
traduction de Georges Weill d'une phrase du verset du prophète Zacharie 4:6, qui est inscrit à droite en hébreu.)
Je comprends bien qu’il s’agit d’un signe de solidarité avec l’Etat d’Israël, douloureusement meurtri le 7 octobre 2023, et une prière pour la libération des otages israéliens encore entre les mains du Hamas.
Mais ce symbole nous semble aujourd’hui dommageable car il contribue à assimiler juifs et Israéliens, et donc à entretenir une confusion qui participe à la montée de l’antisémitisme.
Pourtant dans les débats, nombreux sont ceux qui s'efforcent de faire la distinction, particulièrement dans le contexte actuel si tendu, et alors que des poursuites pénales internationales sont engagées à la fois contre Mr Netanyahou et contre 3 leaders du Hamas.
Et qu’on n’hésite plus à parler de génocide à Gaza.
Alors, pourquoi pas le drapeau turc sur la Mosquée Ayoub Sultan ?
Le marocain sur la Mosquée Averroès ?
Le russe sur l’Eglise orthodoxe de Tous les Saints, Quai du Générall Conrad ?
L’arménien pour identifier le diocèse de l’Église apostolique arménienne ?
Le mauricien pour la célébration du Govinden ?
L’iranien au fronton du Pavillon Joséphine pour célébrer le Noruz ?
Le nigérian devant le temple évangélique de la Bonne Nouvelle, rue des Magasins ?
Celui du Vatican devant toutes les églises catholiques?, etc…
De façon générale, même si les lieux de cultes peuvent afficher les drapeaux qu'ils choisissent, je trouve cela critiquable du point de vue du vivre ensemble et de la nécessité, au-delà de nos croyances différentes, d'affirmer que nous faisons société.
Et je feuillette le calendrier des religions 2024 édité par la Ville de Strasbourg et découvre, à la page de Juillet, un hommage au Code Civil (Napoléonien).
J’y apprends aussi que le 14 Juillet est fête nationale, non pas pour 1789, jugé trop sanglant, mais pour 1790, Fête de la Fédération, justement.
Et je me console en déchiffrant la succession des célébrations et des symboles spirituels et religieux pour la concorde et pour la paix, tout en m’interrogeant sur leurs détournements constants et mortifères.
Restons en lien par la parole, les échanges et les rencontres, et construisons tous ensemble le Strasbourg des 3 ans à venir.
En fidèle adelphité
Georges Yoram Federmann