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L’outil proposé par un labo indépendant fondé par un ancien de Leapmotion n’est disponible qu’en beta pour le moment*. Il permet de réaliser des images simplement en écrivant une description de ce qu’on souhaite réaliser. Par exemple « une scène d’opéra dans un environnement spatial ».
Le résultat, bluffant, reprend les codes picturaux de certains artistes bien connus. Après avoir modifié la résolution de l’image pour l’imprimer sur un canevas spécial, Jason Allen a soumis l’image qui s’est retrouvée placée en tête du concours.
Évidemment, gros coup de stress chez les artistes à l’annonce de cette modeste victoire. Beaucoup sur twitter et ailleurs ont protesté et dénoncé le résultat. Jason Allen se défend en avançant que peut importe la méthode employée — qu’elle soit traditionnelle ou purement algorithmique — c’est le résultat qui est évalué par le jury.
L’intelligence artificielle (IA) de Midjourney serait donc pour lui un simple pinceau. Et en effet, la catégorie des arts digitaux dans laquelle l’image s’est placée en tête nécessite forcément l’usage d’outils comme Photoshop qui est, lui aussi, assisté par d’autres formes d’IA.
La maitrise de l’artiste résiderait donc dans sa faculté à écrire le prompt* parfait. Un texte parfaitement aride pour le poète, mais rempli de sens pour la machine.
Doit-on célébrer cette aptitude comme on célèbre la maitrise du pinceau ?
Le choix des mots et des références peut-il être comparé au choix d’une palette et des artistes auxquels ont se réfère ?
Un créateur peut-il avoir un style de prompt capable de générer des images précises et uniques ?
Si l’agilité des créateurs à écrire ces prompts est admise comme un équivalent du savoir-faire de l’artiste, qu’en est-il de leur liberté créative ?
Après tout, la peintre n’a besoin que de pigments pour tracer les lignes qu’elle souhaite réaliser. Le créateur d’images synthétiques fait reposer son art tout entier sur des bases de données, des algorithmes et l’ouverture des outils que d’autres possèdent et contrôlent.
Promet-on donc à toute une génération de créateurs d’être ainsi mis sous tutelle des techniciens du code et des entreprises qui les emploient ?
D’ores et déjà, certains ont flairé la bonne affaire et ont créé un marché du prompt, pour celles et ceux qui auraient la flemme de s’y coller.
Pour les plus curieux/courageux d’entre vous, vous trouverez ci-dessous une petite méthode (en anglais) bien faite qui vous permettra de faire vos premiers pas. Je vous invite également à découvrir la vidéo de l’excellent Mathieu Stern, photographe français basé à Paris qui expérimente avec Dall.E et ARC.
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1. Il faut s’inscrire avant de recevoir une invitation à tester l’algorithme de création qui utilise Discord comme interface de commande.
2. Un prompt est un texte interprétable par l’intelligence artificielle qui va baser sa création sur des éléments décrits de non-littéraire. Exemple : Reunion of man, team, squad, cyberpunk, abstract, full hd render + 3d octane render +4k UHD + immense detail + dramatic lighting + well lit + black, purple, blue, pink, cerulean, teal, metallic colours, + fine details + octane render + 8 k donnera ceci.