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Il y a près d’un an, des responsables politiques européens organisaient une rencontre en ligne avec l’un des leaders de l’opposition russe, Leonid Volkov. Quelques jours plus tard après avoir soupçonné avoir été victime d’un deepfake, ils découvraient qu'ils avaient été trompés par un imitateur. En mars dernier, alors que l’invasion russe de l’Ukraine venait de débuter, le président ukrainien Vlodomir Zelensky s'adressait à son peuple pour l'appeler à déposer les armes. Quelques minutes plus tard, on découvrait qu’il s’agissait cette fois-ci d’un grossier deepfake. Côté Est, la désinformation surfe sur la peur des médias synthétiques et crée le doute chez les Européens.
Il y a quelques jours, fin juin, c’est le maire de Kyiv, Vitali Klitschko qui devait s’entretenir avec différents maires européens. Michael Ludwig, le maire de Vienne, puis Franziska Giffey la maire de Berlin et José Luis Martínez-Almeida le maire de Madrid ont été piégés par un faux Klitschko. C’est la maire de Berlin qui a fini par démasquer le faux Klitschko qui aurait demandé un traducteur russe/allemand alors qu’il maitrise parfaitement la langue de Goethe.

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Si la mairie de Kyiv a bien confirmé que le véritable Klitschko n'avait pas assisté à ces entretiens, la question reste entière sur la nature du faux. Certains ont avancé qu'il s'agissait d'un deepfake, mais Daniel Laufner, un journaliste de l'ARD, a publié un thread sur twitter contredisant la thèse des médias synthétiques. Il s'agirait d'une interview que le maire de Kyiv avait donnée en avril et dont certains extraits auraient été coupés puis montés en direct en utilisant des petites coupures de communication pour masquer les transitions.
On le voit donc ici, il n'est pas nécessaire d'avoir à faire à des médias synthétiques, manipulés par une intelligence artificielle, pour que les dommages soient bien réels. Un simple "cheap fake" - une vidéo manipulée à l'aide de moyens ingénieux, mais classiques - peut faire l'affaire et tromper des interlocuteurs crédules ou trop confiants. En revanche, deepfakes ou pas, les conséquences sont catastrophiques et annoncent de mauvais jours. Il est probable que les fournisseurs de service devront renforcer les dispositifs de sécurité, renforcer les techniques d'authentification et les mécaniques de traçage pour s'assurer que les correspondants sont les bons.