L'accord de gouvernance qui vient de conduire, autour de Robert Herrmann, nouveau président de la Communauté Urbaine de Strasbourg, à l'arrivée de sept vice-présidents, sur vingt, non issus de la majorité strasbourgeoise, peut surprendre.
Il n'est pas comparable aux accords qui interviennent régulièrement dans d'autres communautés urbaines, comme celle de Bordeaux pour deux raisons fondamentales :
- dans ces communautés urbaines, le fait que la ville-centre ne soit pas majoritaire, conduit régulièrement ville et communauté, à avoir des majorités de bords politiques différents ;
- il n'y a pas de fusions des services de la ville et de la communauté urbaine, comme c'est le cas à Strasbourg.
On peut d'ailleurs se demander ce qu'il adviendrait, de cette question des services, si avec la réforme qui a conduit à donner aux communes hors Strasbourg,un majorité de siège- 48 contre 47- et avec un éventuel élargissement de la CUS à d'autres communes, les deux majorités devenaient clairement opposées.
Sur ce seul plan, l'accord intervenu à Strasbourg peut paraître sage.
Il apparente plutôt à une Große Koalition à l'allemande, même si, pour le moment, son contenu programmatique reste faible.
Sans doute, le peu de temps consacré aux négociations, ne permettait-il pas la rédaction d'un contrat détaillé.
On ne connait pas non-plus, les attributions des vice-présidents.
Côté électeurs, il y a deux interprétations possibles.
Certains ne manqueront pas d'y voir un progrès, par rapport aux classiques oppositions frontales, souvent stériles, de blocs politiques, qui sont plus dans la posture que dans la seul défense des intérêts des citoyens.
Pour d'autres au contraire, il y a trahison des électeurs, qui ne comprendront pas cette sorte de compromission avec l’adversaire.
La culture française du compromis politique est presque inexistante, depuis la mise en place de la Constitution de 1958.
En instituant le seul régime non-parlementaire en Europe, elle a conduit à une bipolarisation de la vie politique et au caractère secondaire des accords parlementaires.
Dans le domaine des relations sociales, même opposition idéologique frontale, loin des rapports de force atténués en Allemagne,par la co-gestion (Mitbestimmung) dans les entreprises.
Une période de fiançailles
L’essai d'une nouveau type de gouvernance, à la communauté urbaine de Strasbourg, sera donc regardé de près.
Il peut représenter un modèle d'apaisement de la vie public, dans un pays qui en a grand besoin.
Reste à savoir, si la marge majorité dégagée pour la mise en place, le 11 avril 2014, d'un exécutif partagé, permettra de dégager des majorités de projets sur les sujets potentiellement conflictuels.
Cette nouvelle gouvernance peut aussi apparaître comme un moyen de marginaliser le vote des écologistes sur les sujets polémiques, comme le Grand Contournement Ouest.
Mais cet essai, qui demande à être transformé, bénéficie d'une opportunité institutionnelle rare, puisque la mise en place, le 1er janvier 2015, de l'Eurométropole, conduira à une nouvelle désignation de l’exécutif.
La mariage, après les fiançailles ? Il reste huit mois pour le savoir.