Dans le combat pour la défense du siège du Parlement Européen à Strasbourg, la France et les Strasbourgeois refusent de jouer dans la cour des grands.
Certes, face aux attaques violentes, réitérées et puissantes, des libéraux de Single Seat, principalement les Britanniques Ashley Fox et Edward McMillan-Scott et l’Allemand Gerald Häfner, une task-force, présidée par Catherine Trautmann, a, enfin, été mise en place pour tenter de parer les coups, mais ce combat tardif est-il le bon ?
Le « Protocole sur la fixation des sièges des institutions et de certains organismes et services des Communautés européennes ainsi que d'Europol », repris dans le traité d’Amsterdam (novembre 1997) et qui confirme l'accord réalisé lors du Conseil européen d'Édimbourg (décembre 1992) prévoit que :
« Le Parlement européen a son siège à Strasbourg, où se tiennent les douze périodes de sessions plénières mensuelles, y compris la session budgétaire. Les périodes de sessions plénières additionnelles se tiennent à Bruxelles. Les commissions du Parlement européen siègent à Bruxelles. Le Secrétariat général du Parlement européen et ses services restent installés à Luxembourg. »
Donc, oui, le droit actuel conforte Strasbourg dans son rôle de siège unique, mais aussi de « ville de passage » pour le Parlement.
Dans ce contexte les Français et les pro-Strasbourg devraient-ils plus royalistes que le roi, en respectant un statu quo dont leurs adversaires ne veulent pas entendre parler ? La réponse est évidemment : non.
Il paraît que c'est un défaut français de penser petit et de se dire que « non, ce n'est pas possible ». Peut-être aussi que le sens atavique des Alsaciens pour l'ordre est-il en train de leur jouer des tours.
La Révolution Française aurait-elle eu lieu, si nos ancêtres avaient pensé de cette manière ?
La résignation est toujours une mauvaise solution. À cette tentation mortifère du « think little », nous devons répondre par un vrai « think big » !
Pour cela nous devons changer nos mentalités, retrousser nos manches et surtout structurer notre lobbying. Les 50.000 euros accordés à la task-force sont totalement dérisoires face aux moyens juridiques et de communication mis en place par les partisans Libéraux du siège unique à Bruxelles. Le gouvernement français doit le comprendre et mettre de véritables moyens matériels et humains à la disposition de la cause française et strasbourgeoise.
Mais surtout, nous devons intégrer l'idée que le statu quo n'est pas viable et que nous n'avons donc qu'un objectif : faire de Strasbourg le véritable siège permanent du Parlement Européen.
Aucun « lot de consolation » ne pourrait compenser le préjudice causé par la perte du Parlement. Or,la meilleure défense c'est l'attaque !
Et contrairement à ce que l'on entend trop souvent, le combat pour Strasbourg, ne se situe pas à Strasbourg, mais à Bruxelles, Paris, dans toutes les capitales, là où il faut convaincre.
Certes, il y a des causes locales au désamour pour Strasbourg : médiocrité des dessertes aériennes, problèmes d'accueil dans les hôtels et restaurants, manque de vie nocturne, mais les vrais enjeux ne sont pas là.
Ils sont dans le « vouloir ». Comme le dit le proverbe anglais : « When there is a will, there is a way ».
Pour faire de Strasbourg la véritable capitale parlementaire de l'Europe, il faut d'abord le vouloir.
Gérard Bouquet