Elle ne semblait pas débordée de chagrin. Pas certain qu’elle ait jamais croisé la victime de cette décapitation au sabre, aux confins de l’Atlas, quelques jours après le début de l’intervention française en Irak, ou connaisse vaguement un membre de sa famille. Elle était courroucée. La « barbarie » du geste criminel de cette horde de « sauvages » l’avait conduite à se joindre au défilé funèbre puis, choisie au hasard, à répondre, en toute simplicité, à un reporter complaisant.
L’opération « Bordure protectrice » d’Israël a tué cet été quelque 2 500 citoyens gazaouis et fait plus de 10 000 blessés, dont 3 312 enfants et 2 120 femmes, dans cette zone qui est une des plus peuplée au monde : une bande de plage de 41km de long sur 6 à 12 de large, qui compte 4.500 habitants au km2, c’est-à-dire sur chaque portion de terrain carré de 32 m sur 32. Des enfants déchiquetés, éparpillés, sous l’impact des bombes ou les gravas de leurs demeures : pour beaucoup, il s’agissait d’un massacre propre. Point de barbarie ni de hordes sauvages.
Les autorités ont demandé aux musulmans français de se désolidariser de l’assassinat d’Hervé Gourdel. Manière d’affirmer que les musulmans sont une exception dans le modèle républicain. Il est nécessaire de leur demander à toute heure, et pour l’éternité, en plus de montrer leurs papiers d’identité, de faire la preuve de leur normalité.
France 2014 après JC.
GR.