Gilbert RIGNAULT (avatar)

Gilbert RIGNAULT

Abonné·e de Mediapart

61 Billets

0 Édition

Billet de blog 23 mai 2016

Gilbert RIGNAULT (avatar)

Gilbert RIGNAULT

Abonné·e de Mediapart

Soyons réalistes !

Leur "réalisme": accepter la démolition de la République ! "En marche !": Accélérer le pas: pour en finir !

Gilbert RIGNAULT (avatar)

Gilbert RIGNAULT

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Soyons réalistes !

Nous voilà donc sommés par le FMI, l’OMC, l’UE, le Tribunal de Luxembourg, M. Jean Tirole, prix de la Banque de Suède en sciences économiques,  Mme El-Khomri… M. Valls et son 49-3, de retourner au Pléistocène de la règlementation du travail, à cet état de nature dans lequel, confrontés au  « marché », aux trafiquants de tout poil, et à Son Eminence le Medef, les citoyens devraient, comme les agriculteurs dirigés vers la grêle par la FNSEA : faire avec! Le réalisme, pour ceux qui utilisent le terme, ne consiste pas tant à constater l’état de faitmais, avant tout, à en admettre l’établissement définitif.

Obtempérons : soyons réalistes : Un principe fondamental, et essentiel, de l’Union européenne, est inscrit, de façon irréversible, dans l’article 73 B du Traité de Maastricht : « …toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les Etats membres et entre les Etats membres et les pays tiers sont interdites. »  Il faut –il fallait- mettre une sérieuse mauvaise volonté pour ne pas comprendre ce qui ne se cachait même pas : la levée de tout barrage à l’exploitation d’une main-d’œuvre, la moins chère possible, puisque seule source de dividendes, dans le monde entier, donc la raréfaction de l’offre de travail dans les pays riches, anciennement républicains, attachés à la défense de  l’intérêt général. Les entreprises industrielles et financières n’ont nullement besoin d’être encouragées au réalisme puisque l’Union européenne a été exclusivement élaborée pour libérer les marchés de toute contrainte sociale et limiter, avec leur assentiment actif -M. Valls en est l’exemple fieffé- la souveraineté des gouvernements.

Il s’agit là de faits, objectifs, comme les apprécient nos informateurs habituels, mais qu’ils jugent, subjectivement, sans intérêt !

Insistons dans le réalisme, soyons même regardants : Le Rapport Queyranne, remis en juin 2013 au ministre du Redressement productif, ne décrivait pas moins de 6 000 dispositifs d’aides aux entreprises (dont 22 de l’U.E. et 90% de l’Etat). Elles coûtaient alors 110 milliards par an (soit plus du double du budget de l'Éducation). Les frais de gestion qui s’y rapportaient (régions, départements et communes : 15.000 agents des collectivités locales travaillent à «aider» les entreprises !) s’élevaient à 700 millions par an. Le tapis rouge étant déroulé, le MEDEF revendique le transfert progressif, des entreprises vers la solidarité nationale, du financement de la branche famille de la Sécurité sociale : trente nouveaux milliards d'euros ponctionnés de la poche de la population pour en faire un cadeau supplémentaire aux patrons. Aujourd’hui, tous ces chiffres ont évolué vers le haut et l’on peut y ajouter les 41 milliards versés dans le cadre du pacte solidarité emploi. Quel contrôle l'État et les collectivités territoriales exercent-ils ? Aucun ! Ce n’est pas du tout par distraction : le Tribunal de l’Union européenne, réprouve ainsi sévèrement toute personne qui informerait le bon peuple de quelque malversation d’ampleur. Et le nombre de contrôleurs des impôts continue de diminuer… Soyons encore réalistes : le code général des impôts est infiniment plus complexe et volumineux que celui du travail. Mais puisqu’il s’agit bien, pour gonfler leurs profits, d’abolir toute obligation des employeurs vis-à-vis de leurs salariés, faisant fi de ce constat général de Lacordaire, au début su XIXème : La liberté opprime, la Loi libère, on s’ingénie à accuser les obligations légales des patrons de tous les maux de la Terre,  M. Valls, sous la menace des sanctions prévues par les traités,  s’agrippe donc frénétiquement à cet ordre pressant de l’UE, des marchés,  d’avoir à procéder d’urgence aux « nécessaires réformes structurelles », nom de code de la réduction du coût du travail et de la lutte contre les rigidités du marché du travail. 

La concurrence libre et non faussée se réalise, en réalité, au bénéfice des grandes entreprises industrielles et financières, au prix, délibérément prévu, de la démolition des services publics érigés, pour et par le peuple, et de toutes les conquêtes sociales républicaines. Cette Europe n’est pas une solution : elle est le problème. Le slogan : En marche ! est, lui, un encouragement clair, sans fioritures, à accélérer les destructions.

Pourquoi une telle réalité n’est-elle pas observée par les grands experts médiatisés habituels ? La question doit, de toute évidence, être posée avec plus de précision : pourquoi les médias de Bernard Arnault, de Bouygues, de Dassault, de Bolloré, de Drahi, de Lagardère et autres, n’informent-ils pas les citoyens de cette réalité-là ?

Du temps de l’Union soviétique,le quotidien La Pravda (La Vérité) était raillé en Occident… Aujourd’hui, les fausses vérités médiatiques ont des conséquences plus lourdes qu’il y a quelques millions d’années, l’ignorance de nos aïeux.

GR.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.