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Billet de blog 25 mai 2017

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MACRON ou MATHUSALEM ?

24 % des votants pour M. Macron (18% des inscrits) et on -M. Gattaz lui-même, représentant le grand patronat- en a fait un génie, un héros emportant tout sur son passage, dont la hideuse Mme Alliot que n’importe quel pingouin aurait battue ! Il va libérer le travail.! On dit même qu’il aurait inventé le fil à couper le beurre !

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Les médias nous en ont fait tout un plat : Sa jeunesse (un blanc bec ?), sa femme plus âgée (une anomalie puisque, habituellement, ce sont les darons qui, dans nos sociétés civilisées choisissent des jouvencelles), ses diplômes, son passage auprès du philosophe Paul Ricœur puis, à la banqueRothschild, ses dons pour le théâtre, continuent d’alimenter la chronique, c'est-à-dire le blabla superficiel habituel. On glose donc sur sa « large » victoire, au deuxième tour de l’élection présidentielle, alors que, d’évidence, n’importe quel pingouin aurait été élu pour faire barrage à son horrible concurrente et que seul son score au premier tour permet de constater que sa personne a été choisie par moins de 18% des Français, soit 24 pour cent des votants. Quant à sa géniale « invention » du «  et gauche, et droite ! » elle ne fait pas bouger un cil de nos politologues les plus distingués, économistes lacunaires, historiens distraits, séduits, au contraire, par une mélasse médiatique bien huilée. Et pourtant…

Oui : pourtant… Le nouveau "jeune" président défend une politique très très ancienne.La droite s’est, en effet, toujours  prévalue de ce darwinisme social qui conduisait les puissants et les riches de la fin du XIXème siècle à crier à la ruine de l’économie quand on prétendait limiter le travail des enfants ou augmenter des salaires de survie. A l’époque de l’usine naissante, deux économistes, Adam Smith (Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776.), le père du capitalisme  libéral, avait indiqué que  la recherche de l’intérêt personnel était le moteur de l’activité économique et la source des richesses, et quela misère était donc  justifiée par le peu d’empressement des miséreux à rechercher leur intérêt personnel ! Et Thomas Malthus  (Essai sur le principe de population, 1798)estimait quela population tendant à s’accroître plus rapidement que les subsistances, la lutte entre les êtres pour accéder à des ressources alimentaires était tout aussi inéluctable que la misère pour les « loosers ». C’est ainsi que le « jeune » M. Macron, en visite dans une usine, questionné par un employé, en blouse grise, sur le prix de son costume, ne répond pas mais rétorque : « j’ai travaillé pour pouvoir l’acheter », sous-entendant que son interlocuteur, lui, avait passé son temps à bailler aux corneilles… Oui, M. Macron est un vieillard : Mathusalem !

Un signe était donné, il y a quelques dizaines d’années, en ôtant le qualificatif de « politique » aux études d’économie. Sans discussion, cela allait sans doute de soi, on a jeté à la poubelle Keynes, Marx et consorts. Un seul et unique gourou pour ces temps « nouveaux » : Milton Friedman. C’est la victoire du fameux précepte de Margaret Thatcher : il n’y a qu’une seule politique économique possible ! L’ENA et Sciences-po se sont rapidement accommodées, et leurs élèves, le jeune M. Macron peut-être mieux que les autres, ont été formatés par la bible unique. Ainsi,à partir du tournant de la « rigueur » de M. Mitterrand, les velléités d’extension du service public se sont arrêtées net. Le service public est pourtant un marqueur essentiel de la gauche parce qu’il est la preuve matérielle de la volonté d’égalité des droits, de la fraternité par la redistribution de la richesse, et de la liberté qui en découle (l’accès à toute la population). Ce « service » a un grave défaut pour les adeptes de cette seule « liberté », celle de limiter l’accession des intérêts personnels mercantiles d’Adam Smith (1776) à ces gisements potentiels de profits. Or dès 1986, les premières privatisations sont lancées et elles s’accélèrent dès 1995. Le PS s’y convertit donc et, à partir de 1997, Lionel Jospin, premier ministre de cohabitation, devient le premier ministre ayant le plus privatisé, entrant dans l’Histoire, lors de la suppression de postes dans l’usine Michelin de Clermont-Ferrand, comme ces jours-ci, le jeune M. Macron face aux grévistes d’ici ou là, en déclarant : « l’Etat ne peut rien !» et surtout « restez sages sinon vous allez effrayer les repreneurs potentiels. » Nouveau, le « laisser faire, laisser passer » (1776) ?

Et le "jeune" M. Macron, le révolutionnaire en marche (arrière) proclame pompeusement sa volonté de libérer le travail ! Alors que le ministère du Travail a été créé pour que les salariés puissent se défendre, pas pour protéger les patrons ! Ce ne sont pas les salariés que le jeune M. Macron veut libérer, mais les entreprises : en instaurant un plafond aux indemnités de licenciements, en excluant les obligations faites aux employeurs par le code du travail, la Loi. Et il a déjà donné des gages de sincérité : les Lois Macron et El-Khomri. La caste des puissances d’argent, le MEDEF, exultent ! Il est aussi vivement encouragé par l’U.E, qu’il considère certainement « et de droite, et de gauche », puisqu'il compte bien réduire les dépenses publiques, donc sociales, en privatisant, marchandisant, tous les domaines de la vie sociale. Il entend mettre l’Ecole, comme déjà l’ENA, au service unique des entreprises. On pourrait intituler son futur quinquennat : « A la poursuite de la dame de fer » ! Un petit effort aux législatives, et on l’aura rattrapée dans 5 ans. M. Macron copie une vieille réac !

Quelles qu’aient été les promesses préélectorales, les politiques économiques et sociales conduites par le RPR, l’UMP, LR et le PS n’ont cessé, depuis 1983, de se rapprocher pour finir par se confondre. A croire que les uns et les autres sont mandatés par l’oligarchie, cette caste des plus riches,  dont l’intérêt est de donner un bon coup de balai à cette distinction gauche-droite qui freine leurs convoitises, irrépressibles, de toujours plus (d’argent)… Les différences entre PS et droite n’ont donc cessé de s’estomper, pour ne plus porter que sur des questions symboliques, quelques ultimes chiffons rouges : l’abolition de la peine de mort, le mariage pour tous… qui ne gênent en rien la poursuite paisible des « affaires ».

Nos informateurs, dont la prétention à l’objectivité les astreint -disent-ils- à ne regarder l’Histoire que par le mauvais bout de la lorgnette, à n’en distinguer que l’apparence lointaine, et, ainsi, à gommer les différences fondamentales entre la gauche et la droite,  renvoient dos à dos vérité et mensonge, faisant (sans le vouloir ?) la part belle au second.

GR.

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