JE SUIS VENU APPORTER L’ÉPÉE (Matthieu 10.34-36)
Des faibles d’esprit, des illettrés*, attisent délibérément les braises qui rougeoient encore à l’horizon de notre histoire. La France a pourtant, sur le sujet, une expérience historique dont la Saint-Barthélemy est un point d’orgue.
« Je ne vous peindrai point le tumulte et les cris ;
Le sang de tous côtés ruisselant dans Paris ;
Le fils assassiné sur le corps de son père ;
Le frère avec la sœur, la fille avec la mère ;
Les époux expirant sous leur toit embrasé ;
Les enfants des berceaux sous la pierre écrasés :
Des fureurs humaines c’est ce qu’on doit attendre
Mais ce que l’avenir aura peine à comprendre,
Ce que vous-mêmes encore, à peine vous croirez,
C’est que ces monstres-là de carnage altérés,
Excités par la voix de prêtres sanguinaires,
Evoquaient le Seigneur en égorgeant leurs frères
Et, le bras tout souillé du sang des innocents,
Osaient offrir à Dieu cet exécrable encens. »
Voltaire, La Henriade, 1728.
* « De cela, les commentateurs érudits tirent l’idée que le Nouveau Testament, pour faire bref, est rédigé par des illettrés, des gens simples, peu versés en hellénismes : au fond, des ignorants. Et ils ajoutent aussitôt que le témoignage desdits illettrés n’en est que d’autant meilleur — comme si, entre parenthèses, tout analphabétisme héroïquement surmonté faisait la valeur d’un témoignage… » — (Bernard Dubourg, L’invention de Jésus, tome I, « L’hébreu du Nouveau Testament », 1987)
G.R.