gilgamesh

Écrivain, conférencier et beaucoup d'autres choses encore !

Abonné·e de Mediapart

5 Billets

0 Édition

Billet de blog 26 juin 2025

gilgamesh

Écrivain, conférencier et beaucoup d'autres choses encore !

Abonné·e de Mediapart

Black Mirror la danse des images sur les ruines de la conscience

gilgamesh

Écrivain, conférencier et beaucoup d'autres choses encore !

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le monde de Black Mirror est déjà là et nous vivons en lui. À l'heure où la réalité est dictée par les écrans et où nos pensées sont des données, ce livre dérange, réveille et fascine. Jean-Louis Poitevin s'empare de la série la plus lucide de notre époque pour explorer la mutation invisible de notre psyché. Avec une rigueur philosophique et une intuition poétique, il montre comment la technique a colonisé nos vies, nos affects, notre langage.

Comment l'homme, privé de honte, devient un artefact.
Nous ne parvenons pas à y croire et pourtant quelque chose s’efface et disparaît avec notre complicité la plus inconsciente. Le monde décrit par Black Mirror n’est plus une fiction lointaine : il est déjà le nôtre. À travers une analyse fine des épisodes et de leurs motifs récurrents, l’auteur interroge la manière dont les écrans, les reflets et les dispositifs techniques redéfinissent notre rapport au réel, à la mémoire, à l’identité et à l’altérité.En recourant à quelques notions essentielles de l’analyse des images et des récits, ce livre montre qu’à l’heure où les images façonnent notre vécu, et les récits transforment le sensible, nous agissons toujours sans avoir interrogé ce qui nous asservit à leurs lois.
En faisant du jeu généralisé la notion centrale de son essai, Jean-Louis Poitevin parvient à montrer que la nouvelle réalité hyper technologique est l’accomplissement de la mutation de la société du spectacle en une société de destruction de notre psychisme, de nos croyances et de nos espérances. Ainsi voit-on se profiler la mise en place d’un monde sans éthique. C’est un tel monde que nous donne à voir Black Mirror.
Cet essai brûlant d'actualité, fait voler en éclats nos certitudes et nous contraint à regarder l'effondrement du monde d’avant, du monde la conscience, avec les yeux grands ouverts.

Il suffit ici de mentionner l’épisode Chute libre (S3E1) pour que l’on se fasse une idée précise des effets du jeu généralisé sur la psyché et la manière dont cette entité anonyme qu’est le jeu aspire, avale et broie tout ce qui, en l’être humain, est affectif. On remarquera aisément que cet épisode qui raconte la « déchéance » d’une jeune femme qui ne cesse de voir sa « note » se dégrader, entendons ses « like », à cause de ses comportements non conformes aux attentes de la société, se voit être comme désocialisée et « désontologisée » avec une rapidité échappant à tout contrôle. La régression à laquelle nous assistons à travers le personnage de Lacie Pound et la conclusion libératrice de l’épisode lorsqu’arrivée en prison elle se lance avec un autre détenu dans un « concours » d’insultes absolument « libérateur », nous permet de voir resurgir des « affects » non embrigadés dans le jeu social. L’image est juste qui met en scène une « libération » qui se produit dans le corps et l’esprit d’une personne se trouvant momentanément emprisonnée.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.