Les expériences précoces peuvent modifier la gravité de l'autisme
par Jessica Wright / 3 mai 2019 - Spectrum
L’environnement d’un enfant exerce une forte influence sur la gravité de son autisme, selon une étude de 79 paires de jumeaux identiques dont au moins un jumeau est autiste.
Les chercheurs ont présenté les résultats non publiés hier à la réunion annuelle de la Société internationale de recherche sur l'autisme (International Society for Autism Research) 2019 à Montréal.
Des études menées sur des jumeaux identiques ont montré que l'autisme reposait sur une base génétique solide: si un jumeau identique est atteint d'autisme, l'autre en est atteint 90% du temps.
Les nouveaux travaux corroborent ces estimations: dans 74 des 79 couples de jumeaux, les deux jumeaux ont un diagnostic d'autisme. Cependant, la gravité de l'autisme diffère souvent considérablement entre les paires de jumeaux. Dans une paire de jumeaux, par exemple, un garçon est essentiellement non verbal, tandis que l'autre a un excellent langage.
"Il est presque impossible de croire que des jumeaux identiques peuvent être si différents; c’est remarquable », a déclaré le chercheur principal John Constantino, professeur de psychiatrie et de pédiatrie à la Washington University de St. Louis, qui a présenté les résultats.
Les résultats suggèrent que la qualité de vie des enfants autistes n'est pas figée dans leurs gènes.
«La discussion montre que l'environnement compte beaucoup, ce qui est pour moi un espoir, car cela signifie que même si un enfant a un lourd fardeau génétique, il reste encore beaucoup à faire et des améliorations sont possibles», déclare Lucia Peixoto, professeure adjointe à sciences biomédicales de l’Université d’État de Washington à Spokane, qui n’a pas participé à l’étude.
Spectre de traits:
Constantino et ses collègues ont utilisé l'échelle de réactivité sociale (Social Responsiveness Scale - SRS), un questionnaire qui mesure la gravité des traits de l'autisme, pour analyser 347 paires de jumeaux identiques âgés de 3 à 19 ans.
Dans l’ensemble, il existe une répartition uniforme des traits de l’autisme entre les paires de jumeaux; les jumeaux atteints d'autisme sont à une extrémité de cette distribution. Ceci est cohérent avec la théorie selon laquelle les traits de l'autisme couvrent un large spectre à travers la population.
Les jumeaux de chacune des 268 paires jumelles de la population générale sont similaires à environ 80% selon leurs scores au SRS. En revanche, les paires dans lesquelles au moins un jumeau est atteint d'autisme ne présentent qu'une similitude de 20%. Pour les deux groupes, plus les traits de l'autisme sont graves dans une paire de jumeaux, plus les membres de cette paire sont susceptibles d'avoir différents niveaux de ces traits.
Les résultats suggèrent qu'avoir une maladie du cerveau rend les enfants plus susceptibles aux événements aléatoires qui se produisent tôt dans la vie, dit Constantino.
L'âge et le sexe des jumeaux n'influencent pas cette disparité, ce qui suggère que ces événements aléatoires se produisent avant l'âge de 3 ans. Ceci est surprenant, déclare Caitlin Hudac, chercheuse à l’Université de Washington à Seattle, qui n’a pas participé à l’étude.
«Les jumeaux n’ont pas nécessairement beaucoup de temps à part; il n’y a pas beaucoup de temps pour l’indépendance à ce stade », dit-elle. "Ce sera très intéressant de puiser dans ce développement précoce et de décrire ce qui pourrait être différent pour préparer le terrain."
Les chercheurs ont trouvé des résultats similaires à ceux du SRS même lorsqu'ils utilisaient un test de gravité différent, le calendrier d'observation du diagnostic d'autisme. Ils ont testé 80 paires de jumeaux identiques dans lesquelles un jumeau est atteint d'autisme.
Les raisons de cet écart de gravité ne sont pas claires mais doivent provenir de quelque chose qu'un seul des jumeaux a expérimenté, dit Constantino. Les différences pourraient également être enracinées dans des mutations somatiques, qui surviennent après la conception dans certaines cellules seulement du corps.
Là encore un puits de réflexions, puisqu'en même temps qu'elle affirme le caractère génétique de l'autisme, l'étude des jumeaux monozygotes montre également leur très grande disparité développementale, et introduit la question du pourquoi de ce dernier phénomène.
D'où provient la disparité développementale et la dissemblance chez des jumeaux homozygotes autistes. Nous voila dégrisés de l'ivresse génétique, ce capiteux breuvage qui explique, très simplement, tout et le reste dans l'autisme
Bien entendu je n'ai pas la réponse, mais elle souligne encore que le développement est un génie bien farceur, qui n'aime pas la linéarité ni les solutions simples. Le concevoir alors comme un processus long, complexe, étalé dans le temps, soumis à de multiples évènements et interactions est le moins qu'on puisse exiger.
En outre, chacun est invité à penser l'intervention en autisme comme pouvant cibler des facteur aggravants particuliers rencontrés par les jeunes enfants autistes.