Le manque de « Théorie de l'Esprit » dans l'autisme est une pierre angulaire conceptuelle de la Science de l'Autisme.(Baron-Cohen, Leslie, Frith 1985).. Le maintenant célèbre test « Sally-Ann » le démontre, auquel les autistes (enfin pas tous, en particulier pas les Asperger) échouent. Une équipe s'est employé à relativiser ces certitudes.
Voici m'a traduction d'un compte rendu de cette étude, dont vous trouverez cependant les coordonnées exactes. Un prix prohibitif m'a fait reculer devant l'achat de l'article original.
Une motivation correcte aide les enfants autistes à inférer les pensées des autres
Traci Pedersen
Une motivation correcte aide les enfants autistes à déduire les pensées des autres. Avec une incitation - comme de gagner un prix - les enfants atteints d'autisme se débrouillent plutôt bien à inférer les pensées et les croyances des autres, selon une étude publiée dans la revue Developmental Science.
Des études antérieures ont montré que les enfants atteints d'autisme peinent généralement à inférer les pensées des autres dans un test conçu pour mesurer cette capacité, appelée «théorie de l'esprit».
La nouvelle étude suggère qu'ils sont en mesure de saisir la théorie de l'esprit, mais n'ont pas une motivation assez forte pour donner la bonne réponse en prenant le test classique.
Les modalités du test varient, mais on raconte généralement aux enfants une histoire dans laquelle deux personnages (souvent appelée Sally et Ann) placent un objet dans un panier. Ensuite Sally quitte la pièce, Ann déplace l'élément dans une boîte.
L'enfant réussit le test si il ou elle sait que Sally va chercher le produit dans le panier et pas la boîte.
Les enfants qui se développent normalement peinent sur ce test à trois ans, puis la majorité le réussissent quand ils ont de cinq ans. Mais la majorité des enfants atteints d'autisme continue à échouer au test jusques dans leurs années d'adolescence.
Les adultes atteints d'autisme sont généralement en mesure de passer le test Sally-Ann, mais peinent avec des exemples plus subtils de la théorie de l'esprit.
Dans la nouvelle étude, le test Sally-Ann a été transformé en un jeu.
Pour des enfants au développement normal, la motivation à répondre correctement à une question peut être liée à une volonté d'interactions sociales. En revanche, les enfants autistes peuvent utiliser la théorie de l'esprit quand ils veulent quelque chose de concret, par exemple lorsqu'elles sont en concurrence pour des choses avec un frère, ont indiqué les chercheurs.
Dans le nouveau test, les enfants pensent qu'ils sont en concurrence avec deux personnes - nommé Dot et Midge - pour une voiture jouet ou une balle, et celui qui trouve le jouet le premier le garde.
De la même manière que dans le test Sally-Ann, les chercheurs ont mis le jouet dans un récipient puis l'ont déplacé après qu'un participant (Midge) ait quitté la pièce. Les enfants doivent attendre que l'un des deux, Dot ou Midge joue pour tenter de remporter le jouet avant qu'ils ne jouent eux même à leur tour. Mais ils doivent décider si c'est Dot ou Midge qui va jouer d'abord. S'ils comprennent que Midge ne sait pas vers où le jouet a été déplacé, ils seront plus susceptibles de la choisir elle.
Les chercheurs ont donné à la fois le test Dot-Midge et le test Sally-Ann (en utilisant des poupées pour représenter les deux personnages dans le test Sally-Ann) à 23 enfants autistes de haut fonctionnement de 7 à 13 ans d'âge et à 73 enfants au développement normal .
Tous les enfants ont ensuite été répartis en trois groupes avec une moyenne d'âge de 3 ans, 4 ans et 2 mois et 4 ans et 8 mois. Chaque participant a passé les tests deux fois.
Comme prévu, seulement 3 des 23 enfants atteints d'autisme ont répondu au test Sally-Ann correctement à chaque fois. Mais 17 d'entre eux ont obtenu un score parfait au test Dot-Midge, en répondant correctement à chaque fois.
De même, les typique de 4 ans n'ont pas tous répondu correctement au test Sally-Ann, mais 13 des 24 de moins de de 4 ans et 20 de 26 âgés de plus 4 ans ont réussi le test Dot-Midge. Les 3 ans typiques échouent sur les deux tests. Ceci suggère que le test Dot-Midge révèle la théorie de l'esprit à un âge plus jeune que ne le fait le test Sally-Ann, concluent les chercheurs.
Article original :
Children with autism can track others' beliefs in a competitive game - Candida C. Peterson1,*, Virginia Slaughter1, James Peterson1 andDavid Premack2 - Developmental Science Volume 16, Issue 3, pages 443–450, May 2013
J'ai voulu vous signaler ce travail pour vous faire toucher du doigt un obstacle épistémologique dans les recherches, en particulier les recherches sur des objets complexes que sont les réactions humaines..
La théorie de l'esprit, et son manque dans l'autisme est un concept fascinant. Tout d'abord parce qu'il parle de l’Esprit, ne serait-ce que sous la forme de ce que nous pensons que les autres pensent. Dame, c'est rassurant par les temps qui courent, de savoir que l'esprit existe, et que c'est utile de le savoir pour les autistes, parce que, parfois, on a des doutes. Bref, l'esprit existe, mais les autistes manquent de sa théorie, ils ne savent pas ce qui se passe dans ma tête. Ça alors, c'est frustrant, quand on sait que c'est super-intéressant ce qui s'y déroule.
Les expérimentateurs Dot-Midge ont eu la cruauté de se poser des questions, dont une qui fâche : et si le dispositif de Sally-Ann comportait une faille, de telle sorte que l'interprétation des réponses soit erronée.
Laissons parler le commentateur américain :
Pour des enfants au développement normal, la motivation à répondre correctement à une question peut être liée à une volonté d'interactions sociales. .
Dans l'autisme, la « volonté d'interaction sociales », le désir de s'adresser à un autre, qui implique que cet autre existe, séparé n'est, chacun en conviendra, pas très développé.
En revanche, les enfants autistes peuvent utiliser la théorie de l'esprit quand ils veulent quelque chose de concret, par exemple lorsqu'elles sont en concurrence pour des choses avec un frère, ont indiqué les chercheurs.
Je traduis dans mon langage maudit : si, en faisant miroiter un gain, une récompense, un bonbon, un jouet, ou bien même une compétition, on divertit la donnée initiale, « réponds moi, mon enfant, pour mes beaux yeux », alors basta la « volonté d'interactions sociales », vu qu'on a dit que ce n'était pas pour mes beaux yeux, mais pour un bonbon. Le bonbon, la voiture, la récompense, le jouet , la compétition devient l'enjeu de la réponse, et plus moi-et-mes-beaux-yeux.
Et justement Baron Cohen, Leslie et Frith ne se sont pas intéressé à ce petit élément subjectif, s'interroger ce que répondre à une question peut signifier pour un autiste. Répondre à une question est une interaction sociale majeure. C'est ainsi que Michelle Dawson remet en cause la mesure de l'intelligence chez les autistes par le fait que bien des épreuves destinées à mesurer cette intelligence sont saturées par le facteur "interaction sociale".
Dot-Midget a remplacé Sally-Ann, la récompense l'interaction sociale (la relation). Tout peut marcher. La cognition entravée se remet miraculeusement à fonctionner.
C'est exactement le progrès introduit initialement par ABA. Mais pas seulement puisque toutes les méthodes comportementales et développementales nées aux USA se basent sur l'acceptation, active ou passive, de la mise entre parenthèse initiale de l'interaction sociale (de la relation). Ce qui est une avancée clinique majeure.
C'est aussi exactement ce qu'on peut obtenir dans le jeu et par le jeu qui possède cette possibilité du « on dirait que », par exemple « on dirait que ce ne serait pas pour moi que tu ferais ça ».
Si bien que la pauvre "absence de théorie de l'esprit" dans l'autisme mérite d'être réévaluée. Les autistes savent très bien ce qui se passe dans mon esprit, vu que ce qu'y s'y passe est exactement ce qui se passe dans le leur, comme dab Et pourtant me le transmettre à moi est bien difficile, car il faudrait admettre que nos esprits, même s'il s'y passe la même chose, ne sont pas un, et surtout me le faire savoir. Ça, c'est certainement trop difficile sur le coup, un jour peut être..…
Mais moi, si je ne suis pas autisme, il n'y a aucune raison que je fasse comme si je croyais tous les présupposés autistes. Moi je sais que nos deux esprits existent, et qu'ils sont séparés. Pour moi, ce n'est pas sorcier de l'admettre et de le transmettre. Pourtant je sais que pour l'autiste en face de moi, c'est galère. Cliniquement il est donc utile de de remettre à plus tard la confrontation portant sur cette petite divergence. Un jour peut être....
Pour en revenir au titre, la théorie de l'esprit des autistes interroge notre théorie sur l'esprit des autistes : que croyons nous donc qu'il s'y passe dans leur esprit à eux, ce qui justifie tout à fait l'importance capitale d'au moins s'interroger sur ces sujets, qui est tout l'objet d'une clinique, psychiatrique par exemple.