Gilles Kujawski

Retraité, militant à mes heures, banlieusard

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Billet de blog 6 juin 2018

Gilles Kujawski

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Comment une ministre (de la culture) saborde son ministère

L'entretien au «Monde» de Françoise Nyssen mardi 5 juin signe la démission de son ministère et de l'Etat face à l'industrie du divertissement, tant en matière de culture que d'audiovisuel.

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Quid d’un ministère de la culture soutien d’une jeunesse créative, innovante, dérangeante, porteuse de renouvellements et de découvertes ? Contre cette idée-là, place à « l’offre à la demande » (entretien au « Monde » de Mme Françoise Nyssen, 5 juin 2018), soit un ministère tourné vers un individu atomisé auquel il veut fournir une culture sur mesure, pré-mâchée et à consommation rapide.

Ce n’est pas à la jeunesse, mais à cette image saumâtre, méprisante, du « jeune », amateur de « où je veux quand je veux » (ibid) et à son supposé besoin de tout, tout de suite, que le ministère est prêt à sacrifier France 4, comme jadis le sucre d’orge au garnement tapageur.
C’est à cette même représentation du jeune-consommateur dénué d’esprit critique que le ministère destine aussi le « pass’culture ».
Comme le dit très bien, mais si involontairement, Mme la Ministre, à vouloir trop coller à cette image fausse de la jeunesse, « Nous sommes en train de passer à côté des jeunes ».

Contre un ministère porteur de projets culturels pour les territoires (lieux culturels, conservatoires, bibliothèques...), restaurateurs de confiance dans la vie locale, place au regroupement de France Bleu et France 3, sans précision de l’usage attendu du nouveau « machin ». Place au vide, donc, à un « rien » de contenu et de budget (l’enveloppe d’économies à réaliser par France Télévision étant à sortir bientôt du chapeau), que viendront vite combler mille et un petits Jean-Pierre Pernaut locaux et leur passion de l’ordre établi.

En somme, plutôt qu’initiateur et découvreur, le présent ministère est démissionnaire et prosterné face aux canons du moment, dont, et avant tout, le marché.
En ce sens, il se fait ministère du divertissement. En bonne logique néo-libérale, il acte son propre sabordage.

La farce n’a duré qu’un an mais a déjà trop duré.

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