Gilles Kujawski

Retraité, militant à mes heures, banlieusard

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Billet de blog 11 avril 2025

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LA LECTURE EN DÉROUTE ? SI IL FALLAIT CROIRE TOUT CE QU’ON RACONTE…

Le déclin de la lecture n'est plus contesté. Un socle de civilisation est menacé, tandis que l'éducation nationale qui en a permis le développement est elle-même remise en cause. Les réveils promettent d'être brutaux.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Erosion et vieillissement des « grands lecteurs » et de pans entiers du lectorat populaire, baisse du panier moyen en littérature, baisse, voire effondrement des ventes en sciences humaines et poésie, et, parallèlement, et sans égalité d’importance, disparition programmée du « beau livre »… Les alertes se sont multipliées depuis des lustres sur le déclin de l’achat de livres neufs et les dangers pour la lecture.
Que furent les réactions et réponses ? Fermons nos yeux et écoutilles, la providence, l’économie divine (autrement appelée « le marché ») vont nous tirer de là, restons optimistes.


Car enfin, la relève est là, le numérique va ouvrir un nouveau marché prometteur, les jeunes vont pouvoir lire sur leur smartphone (authentique), l’explosion de la BD et du manga les font entrer dans les librairies, vous verrez, ils y achèteront bientôt de la collection Blanche de Gallimard, et puis on va tous/toutes devenir écrivains et gros vendeurs grâce à Amazon, sans passer par ces enquiquineurs intrusifs que sont les éditeurs, encore un corps intermédiaire qui va enfin sauter. Et Augustin Trapenard est là, qui nous dit chaque semaine « lisez bien! ». Comme l'écrivait Roger Stéphane, "tout est bien".
Cumul de fantasmes et de balivernes aveugles et obstinées, pour laisser opérer la magie du marché et, surtout, ne rien faire.

Qu'on ne vienne pas nous parler de politique, voire de service public de la lecture. Après tout, les caisses étant vides, les cerveaux peuvent bien l'être aussi. Par contre, continuons de dégraisser le mammouth, cette éducation nationale coûteuse et superflue. Ignorons l’éducation populaire, cette deuxième chance accessible à toute la société, à tous les âges. Supprimons des classes, des postes d’instituteurs/trices et de professeur(e)s, investissons massivement dans le divertissement au lieu de « se prendre la tête ». Car tout cela, éducation, élévation, autant que la culture, l’épanouissement par la lecture et l’esprit critique, ne sont, finalement, un réel besoin pour personne.

A l’occasion du salon/festival du livre, on constate donc, de nouveau, que la lecture, socle de civilisation, est en débâcle. Et on y porte la même attention qu’à la fonte des glaces, la disparition des espèces animales et les incendies de forêt. On se met une série, on attend que ça passe, on reste optimistes, et, le moment venu, on trouvera bien des coupables. Chaque chose en son temps.

En attendant, le livreur d’Amazon se fait attendre !

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