Le néolibéralisme a de tous temps voulu enfermer les opinions publiques. Dans ses crises et convulsion à répétition, dans la résignation, dans des non-choix ou impasses politiques, comme l'illustrait le légendaire "There is no alternative", de Margaret Thatcher.
Nous vivons sous ce régime-là depuis... Les versions sont nombreuses. Pour les un(e)s, 1973 (coup d'Etat au Chili piloté par les Chicago boys), pour d'autres 1979 (majorité torie en Angleterre et prise du pouvoir par M. Thatcher), pour d'autres encore, 1981 (élection de Ronald Reagan). La réalité toute crue, c'est que nous sommes sous domination néolibérale depuis plus de 40 ans. Et, en 40 ans, les idéologues néolibéraux, néocons américains, conservateurs anglais et droite et centre français, n'ont eu de cesse d'implanter dans les esprits l'idée, simple, lumineuse, que, de ce néolibéralisme-là, on ne sortirait plus. Que voulez-vous, "il n'y a pas d'alternative".
Oh, il y eut des parenthèses. 1981 et 1997, en France en particulier. Parenthèses. On voulait, plus ou moins, renverser la table, on préféra en modifier l'ordonnancement. Rien qui pût inquiéter une mondialisation néolibérale qui culmina avec l'entrée de la Chine dans l'OMC, en 2001.
Mais voilà que le capitalisme nous montre que, lui aussi, est travaillé par la contradiction. Comme Marx s'échinait jadis à le démontrer, le système peut creuser sa propre tombe, si ses adversaires savent faire. Ses adversaires historiques, ouvriers et paysans, poussés hors d'Europe et des Etats Unis vers les ateliers du monde, maghrébins ou asiatiques, les nouveaux ont poussé. Précaires de tous ordres, victimes toutes classes de la culture inégalitaire, des dumpings sociaux, des désastres écologiques... Avec pour toutes et tous l'aspiration vers le déclassement et la misère. Et la France, la belle, la rebelle, propose à l'Europe et au monde de prendre ou reprendre les fourches, les marteaux, les faucilles, les ordinateurs, les machines et les intelligences et de mettre un sérieux coup de pied au c... de ce système qui se rêve inamovible.
"Enfin, l'aventure", titrait "Libération" le 11 mai 1981. Contre Bergson, l'histoire est tentée de se répéter. On peut, demain. En se disant bien que c'est autant affaire de pouvoir que de vouloir.
Et que, si les emmerdements commencent lundi matin, ce sera bon signe : celui que le destin de la France aura changé de mains.