Gilles Kujawski

Retraité, militant à mes heures, banlieusard

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Billet de blog 18 août 2021

Gilles Kujawski

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AUX VACANCIERS DES GRANDES VILLES : NE RENTREZ PAS !

Réfléchissons avant de reprendre la route poyr rentrer chez nous !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Vous fermez le coffre, le moral en rase-campagne ? Au moment de démarrer, et avant d'atteindre le péage de Saint-Arnoult, après des haltes dans des stations-service bondées ; avant que votre SUV disparaisse dans la mare des bouchons, émettrice d'épais nuage de gaz d'échappement, et que l'exaspération vous fasse devenir méchant/e envers les enfants, aux prises avec leurs consoles de jeux sur les sièges arrières... Vous rêvez d'un appel du/de la chef/fe de service, ou carrément du patron. "T'inquiète, reste donc à Rigodon-les-chaumières, dans ta campagne, continue tes vacances, tranquille ! On reporte les plans d'action d'une semaine, j'ai l'accord du CODIR là-dessus, et tu as déjà préparé les nouveaux contrats avant de partir. On est dans le trend, non ? Allez, va replonger dans ta piscine !". Ni une, ni deux, nique-la-rentrée, et zou : maillot de bain, plouf, Ricard à la sortie, tour de France, séries sur TF1...

Franchement, qui refuserait un appel comme celui-là ?

Et ça tombe bien.

Depuis la mi- juillet, grosso-modo, la ville respire. Oui, depuis que vous avez fait route vers Rigodon-les-chaumières. La voiture y est minoritaire, rare même, par endroits. Les rues sont dégagées, certaines quasiment vides, on en traverse sans nécessairement regarder à droite et à gauche. Mains dans les poches, tête en l'air. On circule à pied ou en vélo, tranquillement, librement, dans un bruit contenu, on se regarde, on s'observe,  parfois, le temps d'une seconde ou deux. Les jardins et musées sont frais, silencieux. Le calme des cafés appelle la lecture du journal devant un expresso. La balade en ville, le calme et la lenteur sont rois, par chance la chaleur est modérée, il y a de l'air et il est respirable. La rêverie, l'insouciance, s'invitent, l'amitié s'y déniche. En ville, d'où elles ont tant disparu.

Et sous le prétexte trop léger de "la reprise", vous vous jetteriez sur des routes et autoroutes saturé/e/s, vous dépenseriez 15 à 20 euros pour des sandwiches industriels de stations-service insipides, la bouteille d'eau en plastique et les pommes vertes sorties des congélateurs - que, bien entendu, il faudrait accompagner de Yop aux fruits rouges et de petits gâteaux?

Et tout ça, pour quoi ? Pour retrouver la porte de Vanves, de Saint-Ouen, de Bagnolet, ou la rocade ouest ou est, disparaissant dans les nuages de pollution. A peine arrivés, l'ouverture du courrier contenant toutes les factures, le déballage des bagages, les lessives, l'achat de boîtes de conserve pour le dîner, la préparation psychologique du lendemain. Le réveil tôt, pour se brancher sur les "infos" et leurs effondrements en séries, l'entrée au forceps dans un wagon de métro, un bus, un RER... Et l'arrivée au bureau ! Pour affronter les récits des vacances ("On a mangé dehors deux fois, et c'est moi qui avais fait la mayo" "c'est mon beau-frère, le préposé au barbecue", "les gens ne nous laissaient pas doubler sur l'A6 !"...), l' "ordi" et ses 800 messages, la première réunion de service, le souhait du chef à "ses équipes" (car, désormais, un chef n'a plus "une" mais "des" équipes) que tout le monde ait passé de bonnes vacances et soit plein/e d'énergie pour la rentrée, et l'irruption du premier plan d'action. Autant dire des premiers gros emm... de la saison.

Quel intérêt ?

Restez donc où vous êtes. 

On vous tiendra au courant de la suite. 

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