Un film est sorti cette semaine, tourné à Alger, beau, lumineux, alerte, vif, plein d'énergie et d'intelligence.
Chronique d'une famille bourgeoise francophone, deux parents sexagénaires qui parlent en algérien et en français à la fois, leur histoire commune, leur héritage politique; la génération qui suit, le fils, ses copine et copains superbement interprété.e.s, toutes-tous aux prises avec un réel social et culturel lourd et un horizon bouché, mais en recherche inlassable de leur coin de bonheur.
Tout ce monde évoluant dans Alger et son soleil, agité par l'omniprésente et lancinante question : partir ? Rester ?
Sofia Djama, 35 ans, réalise ce premier long métrage courageux réaliste et profondément humain - et exposé, en France où elle a miraculeusement déniché un distributeur, à la concurrence, devinez de qui ?
Bon, allez, les ami.e.s, on est revenus de tout, tous combats perdus et illusions dévastées, le vieux monde a gagné, le nouveau sera pour le XXIIème siècle sous agrément astral, si un XXIIème siècle est encore envisageable. Soit.
Mais ça, loosers magnifiques que nous sommes, ça, on peut le faire, à l'abri des fantômes de Pol-Pot et de Milton Friedman, des tentatives sans lendemains d'évolution sociale.
Allons voir ce film, ressortons-en plus forts d'une seule certitude : on échouera sans doute à embellir le monde, le monde sait ne pas nous attendre pour créer du beau... Mais le beau nous appelle, et faute de réponse, la planète vivra au rythme d'Obi Wan Kenobi, et la semaine prochaine "Les Bienheureux" aura disparu de l'affiche.
On laisserait faire ça ?