Madame Anne-Sylvie Bameule, Présidente du Directoire d'Actes-Sud, appelle à "une régulation de l'Etat" face à la concentration de l'édition, et aux dangers et fléaux qu'elle porte.
On s'est frotté les yeux avant d'y croire, tant un tel discours était inattendu et contrevient au discours entrepreneurial courant - dans lequel le moins d'Etat possible est une constante, sauf, naturellement, demande d'éxonération de cotisations. Passons. Mais on applaudit sans réserve.
Non sans se demander, cependant, pourquoi une réaction aussi tardive (le mal est fait et remonte à loin), pourquoi la voix de Mme Bameule est, pour l'instant, si isolée dans le monde de l'édition-diffusion-distribution, pourquoi ce monde-là reste bouche-bée, tétanisé, face à des menaces qui concernent de plus en plus directement le commerce des livres lui-même mais aussi la création.
Et non sans déplorer que Mme Bameule n'ait pas joint sa signature aux 44 parlementaires nationaux et européens (tous/tous de la Nupes, il est vrai, cela suffit souvent pour détourner le regard) qui ont signé dans "Médiapart" une tribune il y a quelques semaines, allant très précisément dans le même sens.
Mais ne boudons pas notre plaisir.
Tout(e) professionnel(le) de l'édition-diffusion-distribution, tout(e) amateur/trice des livres, doit aujourd'hui ouvrir les yeux et réaliser que si il/elle ne prend pas son destin en mains, d'autres le feront à sa place. Le processus est tellement en cours que, n'ayons pas peur de le dire : il y a urgence.