On peut (et on doit) aborder les problèmes environnementaux en lien avec les pratiques montagnardes (alpinisme et randonnée essentiellement[1]) en distinguant bien deux niveaux très différents.
La faune et la flore
Ce niveau est celui qui a fait l’objet du colloque sur les relations entre sports de montagne et environnement organisé par le Club Alpin Français (CAF) en 1991. Y étaient évoquées les atteintes à la faune et à la flore causées par la sur-fréquentation, atteintes certes réelles, mais qui débouchent le plus souvent sur la demande d’interdiction d’accès aux sites jugés sur-fréquentés, une « solution » sans doute radicale, mais dont la conséquence logique si on la pousse au bout serait de faire de la nature un sanctuaire inaccessible à tous (on voit mal sur quels critères il serait réservé à quelques privilégiés), repoussant finalement la « sur-fréquentation » dans les cités urbaines. C’est d’ailleurs déjà le cas, comme nous l’apprend la Banque mondiale signalant qu’aujourd’hui plus de la moitié de la population mondiale vit dans des villes, couvrant moins de 1,5% de la planète, et qu’elle atteindra plus de 6 milliards, une multiplication par 1,5, d’ici 2045.
On pourrait appliquer la formule provocatrice d’un biologiste qui écrivait, : « si tu aimes la nature, fous-lui la paix », mais si la préservation de cette nature tant aimée, se fait en parquant les êtres humains dans les villes, les dommages qu’ils subiraient risquent fort d’être irréparables. Car tous les humains ont un besoin vital d’activité physique et pour l’instant ceux qui le satisfont dans la nature sont très marqués socialement en se situant dans les strates les plus aisées (c’est particulièrement évident en montagne où jouent non seulement le revenu mais aussi le bagage scolaire). Le « choix » de la montagne est trop marqué sociologiquement pour qu’il ne soit que la conséquence des personnalités concernées (même si celles-ci se l’imaginent souvent, mais comme le dit Spinoza, « les hommes se croient libres parce qu’ils sont conscients de leurs actions et de leurs désirs, et ignorants des causes qui les déterminent à vouloir »).
La question de la nécessité de l’activité physique pour tous et de l’accroissement de la population ne peut pas se régler en mettant la nature sous cloche mais par l’extension du nombre des activités en ne les réservant pas à une minorité privilégiée et la transformation des structures sociales dans lesquelles les personnalités se forment.
Cela n’implique pas qu’il ne faille pas se préoccuper des pratiques en montagne et ne pas chercher à les améliorer concernant leur impact sur le milieu naturel, mais il faut bien voir que cette amélioration ne peut se faire que sous des contraintes sociales qui dépassent les individus, ce qui limite fortement l’appel à la responsabilité individuelle qui ne peut pas exister indépendamment de l’organisation sociale où elle est censée s’exercer, comme si elle était une ressource externe où il suffirait de puiser quand cela devient nécessaire.
Parmi les contraintes sociales qui pèsent fortement sur nos pratiques, il y a d’abord les transports qui sont imposés par l’éloignement des lieux d’activité des centres d’habitation parce qu’ils sont la conséquence de décisions d’aménagement du territoire (les villes nouvelles) et de politiques publiques (fermetures de services publics) qui ont rendu nécessaire l’usage de la voiture, la rendant incontournable dans de nombreuses occasions, notamment dans les campagnes et les banlieues éloignées où la construction d’un réseau dense de transports en commun est difficile (et très coûteux). De même, la construction d’hypermarchés, toujours situés loin des centres villes rend la voiture indispensable.
D’autant que si la sur-fréquentation mise en avant au colloque du CAF est une réalité, il faut quand même la relativiser. Seule une petite minorité des humains en est la cause, la grande majorité n’ayant pas les moyens de voyager ou même de pratiquer une activité (près de 40% des Français ne partent pas en vacances et seulement 1 sur 30 dans le monde fait un voyage international), et, d’autre part, ceux qui voyagent sont soumis aux pressions publicitaires qui créent des passages obligés sur des sites soi-disant incontournables.
La sur-fréquentation n’est pas un problème de personnalités qui ne réfléchissent pas assez aux conséquences de leurs actes, mais une question structurelle liée à l’organisation de la société et au poids de l’économie. Ce que montre surtout la sur-fréquentation ce sont les grandes inégalités entre les humains et l’importance de l’industrie touristique pour ceux qui ont les moyens financiers de faire du tourisme.
Et si la montée de l’individualisme est aujourd’hui souvent dénoncée, on ne s’attarde pas assez sur les raisons qui l’expliquent. Elle a notamment été favorisée par la généralisation du smartphone qui transforme à une rapidité inquiétante les liens sociaux, isolant les utilisateurs les uns des autres en les rivant à leurs écrans (en France, les enfants de moins de deux ans y passent 56 minutes par jour, plus de trois heures pour ceux de dix ans et plus de quatre heures trente pour les adultes. Et c’est davantage au niveau mondial). S’y ajoute l’utilisation par les algorithmes des traces que nous laissons lors de nos navigations pour proposer des publicités ciblées visant l’individu et non une catégorie particulière.[2]
Et ce n’est pas un hasard, mais bien la transformation des personnalités induite par la société marchande où nous vivons et qui fait de la consommation un mode d’être de tous les instants, ou qui explique que dans les cabinets de psys, les narcissiques aient remplacés en masse les névroses anciennes et qu’on en trouve de plus en plus aux plus hautes fonctions politiques (Milei, Trump, Poutine, Macron).
Et le changement climatique ?
Mais il y a un autre niveau par lequel il est aujourd’hui essentiel d’envisager les rapports entre les pratiques en montagne et l’environnement. C’est celui du changement climatique global qui a des effets autrement plus redoutables[3] que la seule sur-fréquentation et qui n’avait pas en 1991 (soit un an avant la Conférence de Rio), l’évidence qu’il a maintenant.
Les glaciers disparus, les méga-feux et les canicules qui ont marqués les dernières années, ne sont pas les conséquences des pratiques alpines, mais bien celles d’un mode de production où les responsabilités sont fortement différenciées. Entre TotalEnergies et son oléoduc en Ouganda, les politiques qui parlent au lieu d’agir (les COP étant l’un des signes évidents de cette absence d’engagement : après 28 COP, les émissions globales continuent à croître) et le montagnard qui gravit un sommet, les niveaux d’impact sont incommensurables.
L’humanité est en train de vivre une crise profonde, dont elle ne peut espérer sortir par le haut que si elle en comprend la nature. Et ce n’est pas en en reportant la responsabilité sur elle-même, qu’elle a quelque chance d’y arriver.
C’est pourtant bien ce que font tant d’analyses qui fustigent « l’homme » de ses comportements prédateurs qui lui font détruire son biotope. Ou qui désignent d’un « nous » indifférencié le responsable de la crise actuelle. Comme si un chômeur en fin de droit ou un réfugié rohingya avaient la même responsabilité qu’un milliardaire ! L’émir de Dubaï qui fait un aller-retour Londres-Deauville en Boeing 737-800 privé pour acheter un pur-sang 1,25 millions d’euros (soit 2000 litres de kérosène, ce qui n’est d’ailleurs pas grand-chose pour un événement qui voit exploser l’activité de l’aéroport proche[4]), est sans conteste plus « responsable » que la plupart des « hommes ». Mais le remettre en cause individuellement c’est toujours se tromper de diagnostic sur les causes de la crise climatique[5] (comme il serait erroné de justifier sa propre inaction sous prétexte que l’émir de Dubaï existe).
Attribuer à l’homme en tant qu’espèce la responsabilité de ces changements c’est ne pas voir la cause de ce qui ne s’est vraiment accéléré qu’au début du 18ème siècle. Il suffit de regarder l’évolution de la population mondiale passant de quelques centaines de milliers à un milliard du Néolithique au début de 18ème siècle pour ensuite atteindre plus de 8 milliards en un peu plus de 200 ans (le 31 mai 2024 elle dépassait 8,11 milliards selon le site worldometers.info) pour se rendre compte que « l’homme » réduit à sa personne sans tenir compte de la société où il se développe n’est pas responsable de la dérive actuelle.
Et si c’est dans la « nature » de l’espèce humaine de se comporter comme elle est en train de le faire, on n’a pas assez souligné le paradoxe que constituait ce diagnostic.
Il devient en effet impossible de changer de comportement. Ni la morale, ni la raison, ni les incitations ne pourraient aboutir à nous transformer profondément.
Ainsi, en mettant en avant cette mauvaise abstraction qu’est « l’homme », qui serait responsable de ces désastres, on fait le jeu des êtres bien concrets, (grands financiers, patrons de multinationales, responsables (ici le mot est juste) politiques au pouvoir), qui décident de poursuivre vers l’abîme, privilégiant le court terme de leur passage terrestre et le maintien de leurs privilèges à tout autre considération. Bien loin d’une « nature » qui nous pousserait à aller dans le mur, ce sont dans des rapports de force et des luttes d’intérêts tout à fait concrets que l’on doit chercher l’explication des comportements des uns et des autres et l’inefficacité des politiques menées.
Encore moins qu’avec la sur-fréquentation, la solution serait à chercher dans une réduction drastique des pratiques alpines. Oui la montagne que j’ai connue dans ma jeunesse est en train de disparaître. Les générations actuelles ne pourront pas faire les courses que ma génération faisait, soit qu’elles n’existent plus soit qu’elles sont devenues trop dangereuses, mais ce sont les causes qu’il faut comprendre plutôt que de ne voir que leurs effets. La cause immédiate c’est le changement climatique et la cause première c’est l’organisation économique du monde par le capitalisme qui s’étend de plus en plus sous la nécessité que lui impose l’accumulation ininterrompue du capital, au prix de la destruction de la nature et des humains.
La finitude n’existe pas pour le capital et quand il la prend en compte c’est pour continuer son accumulation, comme le montre l’exemple de la mer de glace, dont le recul spectaculaire (qui ne peut que catastropher les montagnards de ma génération quand ils repensent à ce qu’elle était il y a moins de quarante ans), sert d’argument publicitaire pour inciter les touristes à venir la voir avant qu’elle ne disparaisse complètement.
Pour autant, si nos actions visant à contrer le réchauffement climatique et ses conséquences sont essentiellement de notre responsabilité en tant que citoyens, cela n’interdit pas de réfléchir à nos pratiques en tant que montagnards pour minimiser leur contribution aux effets destructeurs qu’elles impliquent. Et si nos impacts sont négligeables relativement aux causes profondes (le changement climatique continuerait serions-nous vertueux jusqu’au bout des ongles si rien d’autre ne change) ce n’est pas une raison pour ne pas changer nos pratiques.
Et sur ce plan, notre contribution au réchauffement climatique est principalement due à nos transports, qui est l’un des domaines où les émissions de carbone sont les plus importantes.[6]
Les autres postes à examiner sont le matériel, l’alimentation et la communication.
Le transport est le poste le plus important et de loin, parce que tous les autres postes existeraient aussi avec d’autres activités. Pour être moins émetteur global, c’est celui à réduire en priorité. Cela proscrit l’avion d’une manière générale et la voiture doit être beaucoup moins utilisée (et le plus souvent possible en co-voiturage). Le train n’est pas nécessairement moins polluant que la voiture selon le modèle, le taux de remplissage, la distance parcourue et surtout il ne permet pas l’accès direct aux sites, ce qui implique un autre moyen de transport pour faire la jonction. Dans l’ordre, la marche, le vélo (qu’il faut acheter et transporter en train[7], ce qui rend compliqué le déplacement d’un groupe nombreux, les trains n’étant pas prévus pour que chaque voyageur puisse avoir un vélo), une location de voiture. Dans tous les cas, il faudrait faire un calcul d’empreinte carbone pour chaque alternative pour décider de la meilleure.
L’alimentation n’a rien de spécifique, le point clé c’est la consommation de viande et de poisson qu’il faut réduire[8]au moins de moitié qu’on soit montagnard ou pas. Quant à la communication, il faut interroger les pratiques d’échanges sur internet. Prendre une photo ou pire un film et le poster sur un site est coûteux en électricité, donc en émissions compte-tenu de sa production à majorité à base de fossiles (pour 80% dans le monde). Enfin le matériel est l’objet d’une production industrielle devant respecter des normes qui échappent aux montagnards quant à leur éco-conception. Même s’ils peuvent plébisciter une marque ou une autre selon ce critère, ils n’auront qu’un impact marginal sur ce secteur.[9]
Mais au-delà des changements que nous pourrions faire concernant nos pratiques (nécessaires mais largement insuffisantes compte tenu de la nature du problème qui, il faut le répéter, est dû à un mode de production et de consommation dont la finalité n’est pas et ne peut pas être la protection de l’environnement, mais la rentabilité du capital), il y a un autre axe d’action possible qui pourrait (devrait) être envisagé par tous ceux qui fréquentent la montagne.
C’est un rôle que l’on pourrait qualifier de « lanceurs d’alerte », car nous sommes une communauté qui se trouve aux premières loges pour constater la rapidité et l’ampleur des transformations de la nature que le changement climatique est en train de causer.[10] La montagne est en effet le lieu où ces transformations sont parfaitement visibles sur une échelle de temps très courte. Il existe sans doute d’autres signes comme le « jour du dépassement » ou les vendanges qui ne cessent d’être avancées, les canicules de plus en plus fréquentes, des épidémies jusqu’alors inconnues dans certains pays (celle de la dengue est maintenant attendue prochainement en France et touche sévèrement les Antilles Françaises), des incendies d’une ampleur jusque-là inconnue… mais ils ne suffisent pas encore pour que l’opinion publique exerce une pression sur les gouvernements pour engager des politiques efficaces. Ce n’est pas parce qu’on parle sans cesse de transition énergétique qu’elle existe. En fait on continue non pas à substituer des énergies à d’autres mais à en utiliser de plus en plus de chaque type. On n’a jamais utilisé autant de bois ou de charbon qu’aujourd’hui. Et on ne sait pas fabriquer d’acier sans charbon.
Sans prise de conscience collective importante de la nécessité d’agir le plus vite possible (il faut rappeler que les émissions globales continuent d’augmenter) la situation ne peut qu’empirer et les montagnards ont la possibilité de servir de témoins de cette urgence d’agir nécessaire en communicant sur la dégradation des conditions en montagne qu’ils vivent en spectateurs inquiets. Ici, ce n’est pas en tant que pratiquants s’interrogeant sur leurs pratiques qu’ils peuvent agir (action qui reste nécessaire mais largement insuffisante), mais en tant que citoyens témoignant pour tous de l’ampleur et de la rapidité des transformations que notre mode de production fait subir à notre écosystème naturel.
J’aime bien la formule d’un ami qui suggérait de passer du statut de « conquérants de l’inutile » en défenseurs du nécessaire, mais à condition de préciser en quoi consiste ce nécessaire. Nous ne sommes évidemment qu’une partie de l’écosystème et il est en train d’être détruit, donc oui il faut arrêter cette destruction, mais non pas pour que les fleurs, les mousses et les insectes (entre autres) aient le droit d’exister, mais parce que sans eux nous n’existerions pas non plus. Il n’y a que les humains qui peuvent décider de l’avenir de tous[11].
[1] Le ski de piste pose d’autres problèmes compte tenu de sa nature commerciale et de toute façon il y a de grandes chances que le réchauffement climatique condamne cette industrie à la fermeture avant la fin du siècle. Le ski de randonnée, en revanche est une dimension de l’alpinisme.
[2] Qui n’a pas reçu, lors d’un achat sur internet des propositions de produits soit qu’il avait déjà, soit qu’il avait envisagé d’acquérir ?
[3] Bien sûr aussi sur la faune et la flore, et à une échelle bien plus importante que les sentiers tracés par les montagnards, mais aussi sur les humains.
[4] Pour le week-end du 16-18 juin concernant l’activité à l’aéroport de Deauville : total de 22 arrivées et 26 départs. Parmi les arrivées, 36 % proviennent de l’étranger. Pour le week-end du 14-16 juillet : total de 8 arrivées et 7 départs. Parmi les arrivées, 50 % proviennent de l’étranger. Pour le week-end du 18-20 août : total de 40 arrivées et 41 départs. Parmi les arrivées, 82,5 % proviennent de l’étranger.
[5] En tant qu’émir, il ne peut pas agir autrement qu’il le fait. Il illustre parfaitement ce qu’écrit Marx dans la Préface à la première édition du Capital : « Je ne peins pas en rose, loin s’en faut, le personnage du capitaliste et du propriétaire foncier. Mais ces personnages n’interviennent ici que comme personnification de catégories économiques, comme porteurs de rapports de classes et d'intérêts déterminés. Moins que tout autre encore, ma perspective qui consiste à appréhender le développement de la formation économico-sociale comme un processus historique naturel, ne saurait rendre un individu singulier responsable de rapports et de conditions, dont il demeure socialement le produit, quand bien même il parviendrait à s’élever, subjectivement, au-dessus de ceux-ci.»
[6] Le secteur des transports est responsable de 24% des émissions globales dans le monde. Seule la production d’électricité émet davantage avec 41%, mais une part de cette électricité sert aux transports.
[7] Et il ne faut pas oublier que la SNCF est le premier consommateur industriel d’électricité (10% du total) et qu’il est aussi un énorme consommateur de béton et d’acier (donc indirectement de charbon) et le premier utilisateur de glyphosate. Il ne faut pas rêver à un monde où les rails se substitueraient aux routes.
[8] En France la consommation de viande représente 61% de l’empreinte carbone de notre alimentation.
[9] Dans Libération du 30 mai 2024, l’économiste Cédric Durand, auteur avec Razmig Keucheyan de Comment bifurquer, un livre qui s’interroge sur les moyens d’une transformation écologique de la société, suggère d’organiser des modes de consommation collectifs. Prenant l’exemple de l’escalade et de la nécessité pour les pratiquants d’avoir des baudriers de qualité, il évoque la création en ligne d’une communauté spécialisée sur le modèle des Amap, pouvant « faire irruption dans la production et imposer des règles de qualité, d’éthique, de durabilité… ».
[10] Peu de temps après avoir écrit ce texte, le village de La Bérarde a été entièrement détruit par l’eau et les rochers venant du torrent des Étançons. Une catastrophe que personne n’avait imaginé possible mais qui est pourtant une des conséquences du réchauffement climatique. Le GIEC alerte depuis longtemps sur l’augmentation de la fréquence et des dommages qui vont être causés par ce réchauffement et qui ont déjà eu lieu dans le monde entier : sécheresse exceptionnelle (pour l’instant) en Australie, incendies géants au Canada, températures « anormales » un peu partout (Espagne, Inde, Afrique, …) et aujourd’hui La Bérarde en France. La montagne elle-même nous avertit mais ce n’est clairement pas suffisant pour susciter une réaction collective à la hauteur. Les alpinistes, peuvent servir d’accélérateur de cette prise de conscience nécessaire en témoignant de ce qu’ils vivent dans leur pratique depuis déjà des années à bas bruit. Il serait temps que ce bruit s’amplifie.
[11] Comme le montrent les propositions du type Latour d’un Parlement des choses où les fleuves, les forêts, les animaux pourraient plaider leur cause. Car qui d’autres que les humains pourraient parler à leur place et comment pourraient-ils être sûrs que leurs plaidoiries seraient celles qui auraient été faites par ceux qu’ils sont censés représenter ? Le livre de Patrick Dupouey, philosophe et alpiniste, Pour ne pas en finir avec la nature (éditions Agone 2024) offre sur cette question des éclairages bienvenus dans un questionnement exigeant des thèses de Philippe Descola (voir en particulier le premier chapitre).