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Billet de blog 6 avril 2013

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BLOG À PART – 12 –

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Marc, très légèrement vêtu, profitait, en attendant Charlotte, d’un soleil de printemps pour peaufiner son jardin hors-sol et ses topinambours chéris. La sonnette tinta, il descendit précipitamment, enfila un djean abandonné à l’accoudoir d’un fauteuil et attrapa son gros pull de laine vierge. Défait par la surprise de ne pas se trouver face à Charlotte, il ne put empêcher l’homme de mettre son pied et bloquer la porte. Accompagné d’une femme sans âge au regard étrangement ailleurs, l’homme gris sale avait un costume recyclé troisième main, cravaté boudin pas frais. La femme d’un sac sans forme sortait un exemplaire de la « Tour de Garde ». Marc, furieux à l’idée que Charlotte puisse croiser ces piètres prosélytes des Témoins de Jéhovah n’eut qu’une réplique fatale, vous avez vu ma fiole, je m’appelle Duchrétien, dehors !

Marc n’eut que quelques minutes pour calmer sa colère et recevoir des mains de Charlotte le disque qu’elle avait choisi pour lui, Tribal Voice de John Trudell. L’émotion fut à son comble quand ils grimpèrent à l’étage et qu’elle lova son doux visage au creux de ce pull qu’il aimait tant.

Ils avaient résolu de ne pas aborder de la soirée les révélations d’une semaine médiapartienne particulièrement affligeantes. Marc ne lui dit rien non plus de ce que serait le douzième épisode du Dos des Pseux, la réalité révélée de la Place Paul Décibel n’ayant que très peu à voir avec la poésie sioux.

« LE DOS DES PSEUX » épisode n°12

Fabrice Dugenou au bar du Splendid se lamentait des changements de son quartier, qu’un marchand de poissons rouges soit devenu le Lagon Bleu aux massages péripathétiques et qu’à deux pas les trois salles de cinéma de la rue Gudin aient été remplacées par un temple des Témoins de Jéhovah qui n’hésitaient pas à fourguer leur torchon aux passants mal avertis que la « Tour de Garde » n’était qu’un outil de prosélytisme sectaire. Des malfaisants et des mâles défaits, l’air était vicié par ici. Le spectacle qu’il découvrait en face à la terrasse des « Sept Stades du Plaisir » n’était pas remède à son spleen.

Le gérant zegsotique avait ceint la terrasse d’une muraille de bacs plantés de haies débraillées et très laides pour abriter la clientèle parvenue à se faufiler entre les zotomobiles de grand luxe qu’un voiturier uniformisé noir et gapette rangeait culs sur le trottoir, protégées d’une haie, cette fois plastique, de bitoniaux rouges volés sur un chantier voisin. Seule terrasse baignée de soleil, les innocentes venaient y  faire bronzer leurs atours et feindre la surprise quand les mâles descendus de leurs limousines leur proposaient leur plus si affinités. Celui qu’un refus dépitait avait la ressource de l’étage montant des serveuses rendues dociles par le miroir aux alouettes que le gérant zegsotique leur avait mis sous le nez avec la précaution utile de leur avoir confisqué passeport et vêtements chauds.

Fabrice osa faire remarquer aux trois flics habitués du Splendid que le gérant zegsotique s’était permis, ce qu’aucun aveyronnais ne se serait autorisé (…), bitumer les trous des platanes afin de ne laisser qu’un minimum de passage aux piétons assez culottés pour passer par la sans consommer. Bien que Pepino ait profité du voiturier d’en face pour garer  son quatre quatre enfumé des vitres, il sortit son décamètre et annonça qu’il allait prendre des mesures énergiques. Indifférents aux restes des trottoirs, Kader et David ne se privèrent pas de la tournée que Justin et Gersainte offraient rapport à la concurrence qu’il faut contrer. Fabrice avait la désagréable impression que la santé des platanes mise en péril par le bitume asphyxiant laissait la clientèle du Splendid minéralement (sic)  indifférente.

Les deux voisins de comptoir de Fabrice devisaient sur l’exil fiscal. Ils étaient si imbibés que Fabrice ne crut pas opportun d’apporter la suggestion que cet exil ressemblait à une désertion quand un des deux pompistes (*) lâcha qu’il ignorait que Sophie Calle ait eu un fils. (*) Le plein demanda l’autre à Justin…

Marc Duchrétien ne pouvait poursuivre son épisode plus avant rapport aux stades alentours et les subsides quataris sans que son enquête ait progressé. Il avait veillé à ne pas alerter Charlotte de sa mésaventure avec les deux zombies sectaires et voilà t’y pas qu’elle lui racontait sa rencontre juste devant l’église de la place avec un couple étrange l’accostant avec les menaces d’armagueddon, réveillez-vous Madame. La dame lui tendait un opuscule titré « Réveillez-vous », laissant Charlotte du même marbre que le porche de cette église qu’elle ne visiterait jamais.

Marc prit la main de Charlotte, ils montèrent l’escalier et parvenus sur la terrasse ils basculèrent sur le petit carré de gazon hors-sol que quelques Jonquilles avaient réussi à conquérir. Marc se félicitait de terminer son douzième épisode par deux narcisses...

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