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Billet de blog 6 août 2014

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Lanterne magique

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Une noria de limousines noires aux vitres fumées suivie d’un scooter et de ses deux passagers de noir harnachés, c’est ainsi que le petit homme de taille moyenne se vit entrer à la Lanterne sur l’écran plat de grande dimension apporté par les services de la Présidence pour donner du relief aux informations pendant ses vacances de proximité.

Le petit homme de taille moyenne assis aux côtés de sa Julie sur le canapé rutilant venu remplacer le salon doré à l’or fin détruit par les assauts canins des trois quadripèdes du précédent occupant, le Mobilier National veillant à son confort douillet, le petit homme de taille décidément moyenne regardait la suite du journal de France 2. Une jeune femme élégante était présentée comme une jeune et talentueuse chef d’entreprise au Togo. Sa société en pleine expansion bénéficiait d’aides internationales. Après avoir fait collecter les nombreuses poches plastiques utilisées par les habitants pour se désaltérer d’une eau réputée pure mais jetées au sol après usage, elle en fabriquait des accessoires de mode, sacs de toilettes ou sacs à mains très convoitées par les citadines togolaises.

Julie, très au fait des programmes télévisuels suggéra de basculer sur Arte. Ainsi sur le canapé rutilant Julie et le petit homme de taille moyenne purent regarder le reportage complet d’un journaliste suisse traquant dans le monde entier le marché de l’eau en bouteille développé par la société Nestlé, présentée comme la plus grosse société multinationale agro-alimentaire.

Les vacances étant ce qu’elles sont censées être, le petit homme de taille moyenne et sa Julie constatèrent  que sous des marques alléchantes la Pure Water vendue à prix d’or aux zautochtones de tous les pays provenait de leur sous-sol habilement pompé par Nestlé. Le grand pédégé n’avait pas daigné rencontrer le journaliste et l’émission devait se contenter de le voir sur des écrans maison traiter  les ONG, indignées du vol des ressources naturelles, de dangereux terroristes insensibles à l’œuvre humanitaire de sa société toujours prête à financer la restauration d’une école ou d’un terrain de foot pour les enfants de ces pays si pauvres.

Une association de femmes indignées de deux villes du Maine, aux zétazunis d’Amérique, avait engagé le combat contre la multinationale, contre les norias de camions citerne autorisées à sillonner les routes du Maine des lieux de pompage vers les usines d’embouteillage. Un combat dérisoire qui ose s’attaquer au pire du capitalisme sans oser l’exprimer ainsi.

Le petit homme de taille moyenne et sa Julie devant l’écran plat de grande dimension contemplaient enfin les restes raplaplas de Gaza et d’un sursaut de conscience rappelèrent de ses congés le petit homme nommé premier ministre pour lui intimer d’appeler immédiatement Nestlé afin d’approvisionner au plus vite les gazaouis survivants de Pure Water en bouteilles plastiques !

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