A peine arrivé place Beauvau, Bruno Le Roux, nous dit-on, s'est précipité le soir même à la gendarmerie de Beaumont dans l'Oise pour dorloter les quelques gendarmes ayant la mort d'Adoma Traoré à leur actif. Il lui faut, c'est bien normal en si peu de temps qu'il sera ministre de l'Intérieur, se dépêcher de faire mieux que le grand Cazeneuve, merci Bernard !
Ce soir du 6 décembre, comme à chaque séance de foot au Parc des Princes des hordes de CRS et de Gendarmes aussi mobiles que leur permet leurs nombreux véhicules ont pris la peine de faire disparaître toutes les automobiles du paysage. Quelques gendarmes montés sur des chevaux de la garde républicaine font leur ronde tout autour du quartier pour faire respecter un strict état d'urgence, protéger les intérêts quataris fragilisés par des résidents peu convertis au foot.
Vous m'accorderez qu'il est saugrenu d'habiter à 100 mètres du Parc des Princes et encore plus saugrenu de croiser les hordes de supporters déçus du match nul que le PSG leur a infligé, sans doute bouleversés par les révélations de Mediapart sur les stars défiscaliseuses...
Or donc me voici affrontant la marée humaine se ruant vers la bouche de métro dont je m'extirpais en moulinant des coudes. Remontant le flot des supporters, arrivé à quelques mètres du portail domiciliaire, je suis interpellé par un coléoptère géant déguisé en CRS qui, d'un ton comminatoire me dit : « Monsieur, savez vous qu'il est interdit de marcher à contre-sens ? » . Un peu désarçonné d'apprendre avec quelle célérité Bruno Le Roux a pu faire voter cette interdiction, je bredouille, non !, ça vous dérange ?
Ce soir, j'ai décidé de toujours marcher à contre-sens !