Sans doute faudra-t’il attendre le 26 octobre pour trouver en librairie le dernier livre de Frank Horvat, La maison aux quinze clefs. Écrire sur l’œuvre d’un ami est ardu tant la tentation peut être grande de compliments biaisés par les sentiments. Frank le voulait ce livre, vite. Crainte plus ou moins avouée que ce soit effectivement le dernier.
Né en 1928, Frank Horvat est un vrai européen. Il parle aussi bien le français que l‘allemand, l’italien ou l’anglais. Il écrit sans doute encore mieux qu’il ne parle et nos conversations me donnent l’illusion de devenir plus intelligent à son écoute.
Si j’ai eu la chance de rencontrer l’amitié de nombre de photographes célèbres, notoriété acquise après les années 70 quand on a commencé à considérer un peu mieux cet art moyen, je crois pouvoir dire qu’il y en eut peu dont je sois certain qu’ils aient compris ce qu’est la Photographie. Frank Horvat en est de ceux là, que je connais mieux sur le tard après que celui qui incarne pour moi au mieux la peau de photographe, André Kertész m’ait accordé son amitié. Citer quelques noms n’est pas prétendre mais rendre hommage aux auteurs et à leur œuvre, Gilles Ehrmann, Édouard Boubat, Marc Riboud, et tant d’autres….
S’il est connu pour ses photographies de mode, celles qui lui ont sans doute permis de vivre mieux de son métier, Frank a le mérite de s’affirmer généraliste, autant ému par la beauté d’un sac poubelle que de celle d’un mannequin qu’il fait poser en situation dans la vie quotidienne.
La maison aux quinze clefs est la réunion de quinze « mots clefs » illustrés de vingt photographies. Pour chaque thème les photographies se suivent en chronologie. Manière de nous montrer qu’il n’y a pas de différence entre une image du passé et celle prise en couleur avec un minuscule appareil numérique d’un objet fréquenté par le hasard du quotidien.
Ce livre est pour Frank Horvat une manière de pédagogie pour permettre au lecteur de mieux comprendre la Photographie, l’ambiguïté permanente entre la représentation subjective du réel et un sujet qui le plus souvent s’efface avec le temps, ne reste que la lumière qui l’a fixé.
La maison aux quinze clefs EDITIONS TERRE BLEUE – 55 €
préface de Jean-Noël Janneney et postface d'Alex Susanna