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Billet de blog 16 octobre 2012

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MANUEL ALVAREZ BRAVO au Jeu de Paume.

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Si en 1976 la Photogalerie qui, rue Christine, hébergeait galerie, librairie et restaurant avait exposé quelques photographies de Manuel Alvarez Bravo, c’est en 1980 qu’Agathe Gaillard organisait à Paris sa première exposition personnelle. Agathe et son compagnon, Jean-Philippe Charbonnier s’étaient démenés en 1975 pour ouvrir la première galerie consacrée exclusivement à la photographie.

Pendant l’exposition qu’Agathe avait offerte à Manuel Alvarez Bravo, après qu’il eut exposé en Arles en 1979, elle s’était absentée pour rejoindre à New York son ami André Kertész. De ce séjour elle devait nous ramener le livre qu’elle consacra à André publié chez Belfond. Je lui avais proposé de « garder » la galerie pendant son voyage.

A son retour, Agathe, pour me remercier de ce petit service qui m’avait permis de mieux comprendre le travail d’une galerie, m’offrit un tirage de la très belle photographie de Manuel Alvarez Bravo, « le songe », la photographie d’une jeune fille accoudée à un balcon de fer à Mexico en 1933. C’est à dessein que j’écris cette date qui figure au dos du tirage que je contemple quotidiennement sur le mur de mon bureau. En effet dans l’exposition du Jeu de Paume qui a commencé aujourd’hui la date affichée est celle de 1931.

Au vernissage, hier lundi, Colette Urbajtel, la dernière épouse de Manuel, ses filles Aurélia et Geneviève étaient trop émues de l’événement célébrant celui qui avait traversé un siècle dont quatre vingt années consacrées à la création pour que je leur demande la date exacte de cette photographie.

Né le 4 février 1902 d’une famille très modeste de cinq enfants, Manuel dut travailler comme fonctionnaire au Ministère des Finances mexicain dès l’âge de quatorze ans. Son oncle et son père s’intéressaient déjà à la photographie. Manuel suit des cours du soir et s’intéresse de plus en plus à la Photographie. Il lit des magazines étrangers. En 1923 Edward Weston et sa compagne Tina Modotti  se rendent au Mexique. Manuel admire Tina et ses photographies. C’est en 1924 qu’il achète son premier appareil et se laisse influencer par le « style » pictorialiste. Sa cuisine devient son laboratoire. En 1928 il réalise ses premiers tirages au platine en suivant la méthode de Tina Modotti.

Tina lui présente Diego Rivera et Manuel rencontrera ainsi nombre des grands artistes mexicains dont les muralistes nous sont bien connus. En 1931 il quitte le fonctionnariat pour devenir photographe professionnel.

En 1933 Manuel Alvarez Bravo fait la connaissance de Paul Strand venu sur un tournage à Veracruz. Les photographies de Paul Stand sur le Mexique ont une résonance harmonieuse avec celles de Manuel.

En 1938 chez Diego Rivera il rencontre André Breton qui deviendra son ami. C’est aussi là qu’il rencontrera Trotski avant qu’il ne s’éloigne de Diego Rivera.

Déjà en 1935 Manuel Alavarez Bravo avait rencontré Henri Cartier Bresson et tous deux avaient exposé au Musée des Beaux Arts de Mexico. Le galeriste new yorkais Julien Levy organise une exposition conjointe de Manuel Alvarez Bravo, Henri Cartier Bresson et Walker Evans, exposition récemment rééditée par la Fondation HCB à Paris.

En 1939 Breton expose des œuvres de Manuel pour l’exposition surréaliste Mexique. Des photographies de Manuel sont aussi publiées par le Minotaure.

Il m’apparaissait utile de faire ces rappels historiques pour donner l’envie d’aller voir cette superbe exposition que le Jeu de Paume consacre à Manuel Alvarez Bravo.

Quatre vingt années de création qu’un accrochage thématique brouille la chronologie pour mieux nous faire ressentir l’émotion d’une œuvre aussi construite que ses photographies sont rigoureusement composées.

Manuel Alvarez Bravo est décédé le 19 octobre 2002, chez lui à Mexico dans sa cent unième année.

Gilles Walusinski, photographe

vice-président du Jeu de Paume

Exposition au Jeu de Paume du 16 octobre 2012 au 20 janvier 2013

1 place de la Concorde – 75001 Paris -

Quelques repères bibliographiques :

Catalogue de l’exposition du Jeu de Paume

Manuel Alvarez Bravo – The Museum of Modern Art New York – 1997

Manuel Alavarez Bravo – photopoésie – Actes Sud – 2008

Manuel Alvarez Bravo : L'impalpable et l'imaginaire – La Martinière 2012

Manuel Alvarez Bravo –Henri Cartier Bresson – Walker Evans

(Documentary and anti-graphic photographs) Fondation HCB – Steidl 2004

Manuel Alvarez Bravo par Brigitte Ollier chez Hazan en 1999

Henri Cartier Bresson et Paul Strand – Mexique – Fondation HCB  2012

 Note pour mémoire : lire le très beau livre de Léonardo Padura chez Métaillé - L'homme qui aimait les chiens

Ce livre retrace l'histoire de l'exil de Trotski, la vie de Ramon Mercader et celle d'un écrivain raté de Cuba

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