Le débat sur l'usage des stupéfiants refleurit en France à l'approche de l'échéance présidentielle. Faut-il continuer à sanctionner et infliger des peines de prison pour la moindre détention de quelques grammes de cannabis? incarcérer les consommateurs de drogues pour «qu'ils se soignent ou au moins qu'ils fassent une cure forcée»?
Cette politique mise en place depuis plus d'une décennie n'a pas permis de réduire le nombre des consommateurs, ni même les trafics...
Un maire de gauche nous explique d'ailleurs doctement qu'il faudrait faire intervenir l'armée dans les cités pour démanteler (?), éliminer (?) les caïds de la drogue..
Il n'est pas une semaine où l'on nous relate des règlements de comptes mortels entre barons de la drogue et la vox média nous dit que les cités sont devenus des zones de non droit....
Cette situation, devrait en toute logique aboutir au constat d'échec de la politique actuelle mise en oeuvre...Et bien non pas du tout !!!
La République disparaît donc et l'on envisage de continuer !!!!
Un politique de lutte contre les stupéfiants en ruine
C'est d'ailleurs ce que nous dit la MILDT ( Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie) sur son site : "Au final, il faut retenir que les conséquences d'un abandon de la prohibition des drogues sont extrêmement incertaines et potentiellement très néfastes. C'est également les conclusions auxquelles est arrivée la RAND Corporation, qui dans le cadre d'une étude récemment consacrée au projet de légalisation de la marijuana en Californie a estimé qu'une telle évolution aboutirait probablement à une hausse de la consommation, associée à une baisse des prix de cette drogue et à des rentrées fiscales inférieures aux attentes"...
Son diagnostic pour peu que l'on le lise précisément mélange diverses addictions : alcool, tabac, cocaîne, etc ..et se veut ouvertement conforme aux objectifs geo stratégiques nord américains représentés par la Rand Corporation !!!!
Mais le plus intéressant est que cet organisme se veut scientifique et assène des vérités quasi religieuses sur des bases logiques douteuses; Prenons deux exemples:
- La MILDT ( Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et les Toxicomanies) nous explique" Il n'existe aucun lien automatique entre la fin de la prohibition et la fin de trafics" et prend pour exemple le trafic de cigarettes par la Camora, produit licite et pourtant faisant l'objet de trafic.... Licite certes mais en augmentation tarifaire et fiscale constante....
- Il nous est encore expliqué doctement : "Toute tentative de dépénalisation ou de légalisation est susceptible de se heurter à des stratégies d'adaptation des organisations criminellesqui, loin de renoncer, s'efforceront de conserver un avantage comparatif par rapport aux produits vendus dans le cadre de filières régulées par la puissance publique : baisse agressive des prix, augmentation de la concentration du principe actif, diversification vers les nouvelles drogues..."
Affirmations aucunement fondées sur une étude, ni d'ailleurs sur des expériences...
Mais peu importe, il n'est pas fait état des multiples gradations que peut comporter une politique plus pertinente en matière de prévention de stupéfiants : de la contraventionalisation de l'usage à sa dépénalisation , politiques associées à une politique plus structurée de soins ou la légalisation contrôlée qui nécessite la création d'une régie des tabacs et des drogues dont on pourrait aussi discuter.. qui pourrait être d'ailleurs orienté vers les soins.. etc...
Il y a donc des variantes importantes entre ces diverses politiques basées sur un simple constat: pour un consommateur, la sanction n'a jamais servi a rien, au pire elle l'enfonce un peu plus, au mieux c'est un passage obligé et peu arrivent à se servir d'une condamnation pénale comme déclencheur d'une démarche véritable de soins. L'obligation de soins n'est souvent qu'un paravent..
Narco trafic et crise financière
Mais il faut aller plus loin, car le narco trafic produit des sommes faramineuses estimées à 300 milliards de dollars annuels et selon Antonio Maria Costa, le Directeur exécutif de l'Office des Nations Unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime, ce sont les milliards de dollars des revenus de la drogue qui ont permis au système financier mondial de ne pas couler, au plus fort de la crise financière internationale. Il a exposé ce constat maintes fois et notamment sur France Culture : " selon nos recherches, la majorité de cet argent a été absorbé dans le système économique légal et a servi de pilier fondamental contre la crise ". Et plus loin : « les prêts interbancaires ont été financés par les revenus de la vente de la drogue et autres activités illégales. Il y a clairement des signes qui montrent que certaines banques ont été sauvées par cet argent »"
Le même DA COSTA met d'ailleurs sérieusement en doute la volonté des gouvernements de contrer cette corruption du système financier...Véritable zone de non droit.
Bref, cette affirmation méritait une illustration, et la lecture de Courrier International, ( qui n'est pas une revue extrême gauchiste) le numéro 1071 allait en donner une cinglante preuve sous le titre " La banque qui aimait (trop) l'argent sale ".
Il s'agit tout simplement de l'histoire d'une banque US qui a réglé par une transaction et évité une poursuite qui était dirigée contre elle pour hébergement de transactions liées au trafic de stupéfiants et absence de contrôle d'une somme de 50 millions de dollars utilisé à financer 22 tonnes de cocaïne...et absence totale de mise en oeuvre de mesures anti-blanchiment
Ces faits relatés issue d'un article publié en 2009 par l'Observer sont édifiants et le papier se conclut par une affirmation utile : " Les plus grands paradis fiscaux du monde ne sont pas les îles Caîman, ni l'île de de Man, ni Jersey. Le blanchiment à grande échelle s'effectue à le City de Londres et à Wall Street"...
Voilà qui change d'échelle et expliquerait tant de temps perdu par tous les services de justice, de police, du fisc a essayer de démanteler des trafics toujours plus complexes, sans résultats efficaces...Non seulement la drogue est souvent la principale production de beaucoup de pays ( Afghanistan=Opium, le Maroc fournirait 80 % du Cannabis) mais en plus les cartels fournissent des liquidités au secteur bancaire.....( voir bilan et résumé : http://points.telequebec.tv/print/themes.aspx?EmissionID=100).
La guerre à la drogue voulue par l'Empire US est un véritable échec , le trafic de la drogue constitue le troisième commerce le plus important en argent après le pétrole et la vente d'armes.
Il est peut être urgent de se réveiller et d'arrêter de suivre cette politique destructrice et enfin investir dans une politique de prévention digne de ce nom, d'une part, et d'autre part organiser une véritable régulation du système financier et poursuites pénales internationales pour blanchiment .....
voir la video d'Antonio Maria COSTA : http://video.voila.fr/video/iLyROoaf8rOL.html