Des écueils minent la gauche: l’émiettement, la verticalité, l’abstention.
Bien sûr, certains diront qu’ils sont « la vrai gauche» vis à vis de la gauche gouvernementale, les uns et les autres se renvoyant l’authenticité et la pertinence de l’engagement, des méthodes et des politiques.
Le citoyen n’est que moyennement touché par ces débats tant il est assez difficile de croire les acteurs politiques sur parole leurs raisonnements de boutiquiers étant présents de toutes parts. Les urnes ont parlées, les gauches qu’elles soient roses pales ou rouges lie de vin en passant par le pourpre sont assimilées dans le même sac par le" vote abstentionniste". Les conséquence ne sont pas uniquement les calculs politiques ni les calculs d’appareils qui s’entrecroisent dans un gouffre électoral, c’est que ces errements à force de s’imposer hante nos imaginaires comme si se jouait là, des habitus qui se reproduisent de générations en générations de militants: trotskistes, communistes réformateurs ou conservateurs, libertaires et anarcho-syndicalistes, socio-démocrates l’on a l’impression de revivre l’univers de Hommage à la Catalogne de Georges ORWELL, tant les rivalités s'exacerbent.
C’est d’ailleurs une véritable dé-construction du schème des attitudes individuelles et des postures politiques qu’il faudrait entreprendre pour aboutir à un rapport raisonné avec la politique…En avons nous encore le temps?
L’émiettement:
L’émiettement a explosé l’alternative politique: au vide des propositions gouvernementales répond un Front de Gauche qui n’était avant tout qu’un cartel électoral crée dans l’urgence et une marque déposée à l’INPI. En terme de rapprochement programmatique, il était possible de rêver mieux.
Sommes nous obligé de revivre la guerre des gauches ? Cette situation a fait le lit du fascisme dans beaucoup de cas.
Devant de tels choix, et la montée de la précarité et d’une histoire depuis 40 ans parsemées de crises, les électeurs se sont majoritairement abstenus, tellement les solutions proposées par cette « gauche » gouvernementale sont incompréhensibles pour eux, gauche qui ce dit maintenant sociale-libérale…dans l’utilisation d’un mot valise sans grand sens, mais le moins que l’on puisse dire est que la gauche critique ou anti-capitaliste n’a pas séduit.
La pensée magique du leader
Certains se sont réfugiés dans la pensée magique: on voté « pour un leader qui va nous sortir de là. » Brouillant admirablement bien les cartes, récupérant une posture gaulliste et républicaine et même parfois anticapitaliste alors que son histoire est plutôt proche de l’OAS, Marine Le Pen a su engranger les déceptions.
Mais il faut dire que la posture verticale du Front de Gauche a servi cette démarche. Il s’était organisé autour lui aussi d’un leader et selon une structuration centralisée dans la tradition de la Véme république ( le PG revendiquant même un modèle organisationnel nommé centralisme démocratique.).
Si la position Front contre Front a été la plus détestable et la moins pertinente, c’est aussi le modèle d’organisation verticale qui est en cause.
Face à une société de plus en plus horizontale et où l’information irrigue les groupes et les réseaux sociaux cette verticalité du commandement politique était à coup sûr une impasse…….on le voit aujourd’hui dans les urnes, mais aussi dans la déliquescence partidaire: Mettre en place un parti en prévoyant l’existence de certains membres fondateurs inamovibles c’est évidemment rapidement tourner en rond… C’est tout sauf ce que l’on veut voir appliqué dans une VI éme République…
Et un rapport résigné à la fin du monde
Au vu de dernières élections européennes, le drame est que la gauche non gouvernementale est majoritaire en France mais finalement elle n’existe pas, très peu sur un plan législatif, très peu au niveau local.
La gauche critique ( terme générique ) ne tient pas les manettes redoutables du pouvoir de la V eme république mais offre une vision kaléidoscopique du monde éloignée de messages structurants de l’information et de la conscience collective. Selon que vous votez Nouvelle Donne ou FDG, ou EELV vous répondrez diversement aux mêmes enjeux qui se repérés par tous: capitalisme financier de prédation, périls écologiques, montée du nationalisme xénophobe. Ne parlons pas d’une partie non négligeable de militants qui ont prôné l’abstention lors des européennes.
A l’émiettement partidaire et militant correspond cette vision mélo dramatique du monde; chacun cultivant sa fractale de solutions, situation qui fleurit sur le terreau d’un message scientifique commun et incontournable versé depuis au moins dix ans : la crise écologique et le réchauffement climatique versus la fin du monde.
La droite et les milieux conservateurs les plus puissants ont fait du climato scepticisme un fond de commerce qui arrange bien leurs affaires, et tranquillise le citoyen (d’ailleurs si l’on ne sait pas ce que pense le FN de ce sujet fondamental, il suffit de faire une petite recherche à ce sujet. 1.)
Compte tenu de cette offensive réactionnaire et de l’inaction des gouvernements au pouvoir, le message du réchauffement climatique est déversé à longueur d’ondes, sont rebattus les conclusions du GIEC alimentant dans la conscience collective un rapport eschatologique au monde car dénué de solutions concrètes. A la précarité, au déclassement social s’ajoute un discours de fin du monde qui est distillé à longueur d’ondes sans qu’aucun programme politique proposé puisse être mis en place dans une alternative globale et émancipatrice face à cette atmosphère crépusculaire…Les réactions de individuelles et hédonistes triomphent et engloutissent une bonne partie des réponses politiques et les militants eux-mêmes plient sous des conduites de « consom-actions » éclairées….
Mais si les acteurs politiques gouvernementaux sont déconsidérés par leur aveuglement de leur modèle TINA, aucune alternative commune à gauche n’est proposée: les uns continuent a encenser l’alternative nucléaire, les autres sont plutôt contre, les uns voient l’issue dans un politique de grands travaux et Keynes, les autres dans un attitude décroissante..
Tout le monde a bien conscience que le cadre national n’est pas le champ des possibles pour répondre à de tels enjeux , la région Europe était déjà un début de réponse, l’ONU encore plus, bref tout sauf un recroquevillement national…à l’inverse du message sorti des urnes lors de ces dernières élections européennes.
Dans cette histoire collective qui se construit, le sens commun est l’ennemi de la raison, et jeter l’Europe avec son mode d’organisation aboutira invariablement aux nationalismes affamés, solution contre-productive compte tenu de la globalisation des enjeux. Il est vrai que l'on bloque déjà les frontières d'un pays en proie à une épidémie...
Si la République veut dire encore quelque chose, c’est la notion de bien commun qui doit reconstruire l'action citoyenne et militante. Un bien commun qui n’est pas incompatible avec l’idée de nation et d’internationalisme.
Il n’y a pas de solutions toutes prêtes, mais sans nul doute c’est un nouveau récit collectif a construire en fuyant les solutions simples de l’électoralisme et en sortant de la résignation de la fin du monde. Il est urgent de s’y atteler sans faux discours, postures et structures empruntés à un passé révolu.
- pour un début de réponse : http://www.streetpress.com/sujet/230-fn-le-rechauffement-climatique-un-detail-pour-l-humanite ou http://www.fnra.fr/2013/03/joel-cheval-denonce-les-mensonges-sur-le-rechauffement-climatique/
- http://blogs.lexpress.fr/nouvelles-du-front/2012/02/09/front-contre-front/