Relire Robert O Paxton
On connaît Paxton pour ses travaux historiques sur Vichy, toutefois un autre livre me paraît d’une lecture urgente en ces temps sombres:
Le fascisme en action.
Édition du seuil avril 2004
12,20 euros
Robert Paxton à travers de multiples exemples mais surtout de l’Allemagne hitlérienne et de l’Italie mussolinienne décortique avec grand intérêt l’arrivée au pouvoir des fascistes ( conquête et exercice eu pouvoir.)
Le titre original est The Anatomy of Fascism qui correspond plus à la vocation du livre qui fourmille de détails et dispose d’une bibliographie abondante.
Les victoires électorales de Hitler mais aussi de Mussolini ont pu servir a conquérir le pouvoir mais avec une complicité de la droite conservatrice en Allemagne et du patronat agricole en Italie et un savant dosage de violence politique..( meurtre de Matteotti en juin 1924)
Il faut dire aussi la sénilité d’un Hindenburg et l'apathie du roi Victor Emmanuel…et des assassinats politiques commandités par Mussolini (10 000 morts et 100 000 blessés au début des années 20).
Mais plus en encore, en dehors d’une idéologie national-socialiste, l’étroitesse du programme de ces partis fascistes se résume en un mot le racisme, l’antisémitisme, la recherche d’un bouc émissaire pour la prise du pouvoir.
L’on retiendra une comparaison en page 250 : « les régimes fascistes fonctionnent, en somme, comme ces colles faites de deux produits, d’une part une résine et d’autre part un durcisseur, qu’il faut mélanger : le dynamisme fasciste et l’ordre conservateur, soudés par un détestation commune pour le libéralisme ( au sens politique) et la gauche, et animés d’une volonté d’employer tous les moyens, sans exclusive, pour détruire leurs ennemis communs ».
ou encore :
« les fascismes que nos avons connus sont arrivés au pouvoir avec l’aide d’ex libéraux effrayés, de technocrates opportunistes et d’ex conservateurs et ont gouverné avec eux. » page 45.
Et pour terminer une phrase en date de 1936 de Walter Benjamin citée dans le livre : « le remplacement délibéré, par le fascisme, du débat raisonné par une expérience sensuelle immédiate a transformé la politique en esthétique. Et l’expérience ultime du fascisme, ce sera la guerre »
Il est aussi étudié les origines du Front National mais aussi du MSI italien…
Après la lecture de cette démonstration, la comparaison avec notre période politique devient encore
plus pertinente.
GS