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Billet de blog 25 juin 2025

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Sortir de l’anti-écologisme punitif

L'écologie serait donc punitive. Une certaine presse se fait la porte-parole d’automobilistes et d’agriculteurs persécutés par les normes environnementales. Ne s’agit-il pas plutôt de défendre les lobbies de l'agro-business et du pétrole ? C'est de ne pas changer de système qui punit l'humanité, surtout les plus pauvres, victimes des effets délétères du dérèglement climatique et de la pollution.

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La dénonciation d’une écologie soi-disant punitive est à la mode. Haro sur les éoliennes, les panneaux solaires, les ZFE (Zone à Faible Emission), l’interdiction des pesticides et des méga-bassines ! A bas les normes environnementales et l’agriculture-bashing ! L’écologie serait liberticide. Elle nous empêcherait de vivre. Ce serait une lubie de bobos parisiens et d’ONG loin de la réalité du terrain et de la vie quotidienne des classes populaires. Vive « l’écologie de bon sens » et « nationale » chère au Rassemblement National pour qui le problème viendrait des traités de libre-échange qui augmenterait les émissions de CO2, via la hausse des transports, et dégraderait la qualité de notre alimentation à la différence d’une « souveraineté » alimentaire et industrielle drapée soudain de toutes les qualités environnementales.

Il est certes devenu difficile de nier ouvertement la réalité du dérèglement climatique, même s’il reste encore de nombreux climatosceptiques à l’instar de Donald Trump pour qui le réchauffement climatique serait « l’une des plus grandes escroqueries de tous les temps ». Les catastrophes climatiques se succèdent et s’intensifient : canicules, inondations, tempêtes, fonte des glaciers… Il s’agit donc de s’en prendre aux écologistes et aux mesures environnementales pourtant timides du gouvernement Macron ou de l’Union Européenne. Leur action serait néfaste. Alors que le climat se dérègle de plus en plus, avec ses conséquences désastreuses aux quatre coins de la planète, nous assistons à contre sens à la montée d’un anti-écologisme décomplexé de plus en plus virulent.

« L'anti-écologisme (ou anti-environnementalisme) est une tendance libérale qui, sans avoir une volonté de nuire à l'environnement, s'oppose aux politiques prônant une réglementation environnementale stricte », selon Wikipédia. « Elle repose notamment sur une volonté de convaincre le public que ces politiques ont un impact négatif sur la société ou du moins de diminuer leur préoccupation sur les questions environnementales, et de persuader les politiciens de ne pas augmenter les réglementations environnementales. La préoccupation essentielle des tenants de cette mouvance est la crainte de la décroissance ». Dans l’anti-écologisme du XXIe siècle « quatre grandes familles de discours ayant pour effet de retarder les actions en matière de lutte contre le changement climatique sont à l’œuvre. Suivant le cas, le discours revient à dire, de façon schématique, que « c'est déjà trop tard », c'est la « faute des autres » ou que les mesures de luttes contre le changement climatique seraient plus dommageables pour la société que ne l'est le changement climatique lui-même. Une dernière famille, baptisée « optimiste technologique », met en avant les techniques sans évoquer les changements de mode de vie. Il s'agirait, en quelque sorte, de « ne pas changer le système, quitte à changer le climat ». » Et surtout de préserver la domination des grandes groupes nationaux ou multinationaux qui façonnent le monde selon leurs propres intérêts et la courbe de leurs bénéfices.

C’est au contraire la pollution et les émission de gaz à effet de serre qui sont punitives. Ce sont les énergies fossiles, les engrais azotés ou les pesticides qui nous punissent avec leurs lots de maladies, de morts et de déplacements contraints de population. Mais c’est aussi la ruée minière, corolaire de la soi-disant transition énergétique vers l’électrique qui ne fait que s’ajouter à l’énergie fossile.

Les détracteurs de l’écologie s’engouffrent dans les failles de l’écologie actuelle qui bien souvent prête le flan. Les mesures environnementales prises par les gouvernements ou les grandes entreprises sont loin du compte. Ce sont souvent du greenwashing, des effets d’annonce, des nouveaux créneaux commerciaux ou des contraintes que seuls les populations les plus riches peuvent supporter.

Les politiques environnementales actuelles ne s’en prennent pas à la source du problème, à savoir cette fuite en avant vers une croissance illimitée de la production et de la consommation sur lesquelles repose le système capitaliste. Le « capitalisme vert » est un oxymore. Pour sauver la planète, pour qu’elle reste habitable pour la totalité de l’humanité, et pas seulement pour une minorité de riches, il faut changer le système. Ce n’est pas l’écologie qui est punitive, mais le système capitaliste.

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