Andry Rajoelina ou l’anatomie d’une chute
Acte 1 : la naissance d’un dictateur au petit pied
Le collectif a dressé, au cours des dernières années, la chronique de la dictature que TGV a instituée depuis 2009. Elle peut finalement se résumer en quelques lignes, ce qui est bien triste :
- Prise de pouvoir par des moyens extra-constitutionnels en 2009, avec la complicité de l’armée. La République, naissante et fragile, ne se relèvera pas de ce double outrage… Nous y reviendrons bien sûr compte tenu de l’actualité.
On se souviendra de la dent dure de Louis Michel, commissaire européen pour le développement au moment des faits, contre « le putschiste » comme il l’a appelé durant des années, humiliant TGV à l’occasion, l’obligeant même à quitter les réunions officilles auxquelles le président de la transition pensait participer tranquille.
Ce qu’on oublie est que ce n’est pas TGV qui est humilié mais Madagascar du fait de l’image que cet écervelé donne du pays.
- TGV a une blessure intime qu’il veut soigner coûte que coûte. Il veut réparer son image d’arriviste inculte et opportuniste qui vont de pair avec les conditions rocambolesques de son arrivée au pouvoir.
- Son exil confortable en France, à partir de 2013, lui donne le temps de travailler son image, de policer son discours, de s’acheter des costumes de belle coupe, de faire croire qu’il a appris la théorie du métier politique sur les bancs de Sciences Po (non mais quelle blague, sérieux…). Personne, surtout aujourd'hui, oubliera qu'il aura opportunément demandé la nationalité française "pour le bien de ses enfants". On n'a honte de rien chez les Rajoelina.
Acte 2 : la mise en coupe réglée du pays
Le nom de Andry Rajoelina ainsi que de ses proches de l'époque est intimement lié au trafic de bois de rose. Le putsch de 2009 débouche sur une série de sanctions internatioanles à l’encontre de Madagascar dont le budget ne tient que par la faveur des bailleurs internationaux. Il faut faire de l’argent, pour acheter la loyauté de l’armée (une loyauté qui se monnaie n’est pas une loyauté cher TGV !), arroser les proches que l’on a placés dans divers étages de la machine étatique, et très accessoirement faire survivre les services de l’État...
A côté du bois de rose, qui assurera d’immenses fortunes pour les hommes du présidents et leurs enfants, d’autres trafics vont enrichir la clique, or, pierres en tous genres, licences d'exploration en tous genres, licences d'exploitation en tous genres, licences de pêches, etc. etc.
TGV s'entourera naturellement des plus avides, des moins instruits et des plus serviles. Une bonne formule pour préparer sa chute.
Acte 3 : Andry Rajoelina le destructeur
Dans l’histoire des Chefs d’État plus ou moins mégalo, on a la catégorie de ceux qui veulent laisser leur marque à travers de grands travaux. Mitterrand nous vient naturellement à l'esprit : le Grand Louvre, la Grande Bibliothèque, la Grande Arche, etc.
Mais n’est pas Mitterrand qui veut. Certainement pas TGV qui, lui, au lieu de construire, aura détruit tout ce qu'il touche. Madagascar, le cinquièrem pays le plus pauvre au monde, avec un PIB par tête qui n'a eu cesse de baisser sous sa présidence. Quelle performance.
Il a détruit le Palais de la Reine en chiant son étron de béton compact pompeusement appelé le Coliseum – c’est là qu’on voit quand même que TGV est dérangé…
Il a détruit le Rova de Manjakamiadana, avec une restauration bâclée à coup de béton et de carreaux pour flatter son égo de néo-monarque et faire croire au monde qu’il a reconstruit le Palais de la Reine. On ne parle pas des collections, sauvées de l'incendie, qui ont disparu au passage...
Evidemment au-delà il a réussi à :
- détruire le système éducatif. N’a-t-il pas déclaré qu’il allait réduire le budget de l’éducation pour augmenter celui de la JIRAMA – non pas pour investir ou améliorer le service aux populations, mais pour engraisser ses amis fournisseurs de diesel et loueurs de groupes électrogènes ;
- détruire le système de santé. Le collectif a appris avec consternation l’obligation faite aux fonctionnaires de cotiser et de se faire soigner à la Polyclinique d'Ilafy, appartenant à Mamy Ravatomanga. Si cela n’est pas un détournement de fonds caractérisé, au détriment des plus faibles, des plus pauvres…
- détruire les routes du pays. 10 heures pour faire Tana – Tamatave, 16 heures pour un Tana-Majunga. Même aux pires heures de la présidence Zafy Albert on n’avait jamais vu ça. TGV et ses sbires on siphonné le fonds d’entretien routier. Il pensait vraiment qu’il suffisait de lancer un chantier hasardeux, pompeusement appelé autoroute, pour faire croire au peuple qu’il se saisissait sérieusement de la question…
La liste de ses destructions est sans fin : Air Madagascar, la filière vanille, la filière litchi, la forêt primaire, etc. etc.
Acte 4 : Vie et mort de la démocratie
La démocratie a suivi une trajectoire cahoteuse à Madagascar. Le souffle de 1991 et l’anarchie qui a caractérisé les années Zafy sont loin derrière nous. Ravalomanana avait instauré un climat plus "dirigiste" inspiré par l'ambition de trasformer le pays économiquement et socialement.
Toujours est-il que les années TGV ont tué l’idée démocratique.
La mise en coupe réglée du pays, c’est à dire le gouvernement partagé entre TGV, ses proches, et les quelques oligarques qui le portent à bout de bras, laisse peu de place au partage de la décision. Ni avec les représentants du peuple, ni avec personne. Même les attentes les plus basiques comme manger, boire, se loger, s’habiller, se soigner, s’éclairer (tiens donc...) sont tenues pour des nuisances par ceux qui se paient sur la bête et refusent de faire ruisseler les milliards qui s’affichent sur le classement Forbes.
Toute critique d'un système qui saigne à blanc trente millions de Malgaches, est une pierre jetée dans le jardin soigneusement taillé de TGV, de ses lunettes d’aviateurs, de ses tenues invraisemblables mais surtout de son train de vie, de celui de ses enfants qui se pavanent en jet privé, celui de sa belle famille, les Razakandisa qui, certes n’ont pas démarré pauvres, mais qui ont bien profité des largesses du système.
C’est ainsi que toute voie dissidente à été tue. Par l’intimidation. Par la force. Par les emprisonnements arbitraires. Aucune place à la contestation car lorsque la façade se craquelle, c’est tout l’édifice qui s’effondre.
Acte 5 : la fuite (non pas à Varennes mais presque…)
En réclamant de l’eau et de l’électricité en 2025, la fameuse Gen Z ne faisait rien d’autre que de réclamer de la farine et du pain à la Reine de France un certain 13 juillet 1789. On connaît la suite dans l’un et l’autre cas.
Ne boudons pas notre plaisir. On a vu assez rapidement que la riposte gouvernementale, peu habituée à la contestation, commençait à patiner. A patiner sévère même.
"Sur quelle tête frapper ? On l’ignore, Sire. Ils sont légion, ils se font appeler la Gen Z. Qui acheter, donc ? On l’ignore, Sire. Pour les mêmes raisons. Que faire ? On a bien une idée mais on préfère ne pas vous le dire, Sire, de peur que nous-mêmes perdions nos avantages… Que dire, alors ? On ne sait pas bien, mais vous pourriez envoyez cet imbécile de Patrick Rajoelina sur les plateaux télés, il sera tellement content de vous complaire. Et puis les Français, il connaît. Après les avoir servis avec zèle au bureau des étrangers du Ministère de l’Intérieur, il en est venu à les haïr, on pense qu’il considère n’avoir pas fait la carrière qu’il méritait, lui le fonctionnaire de catégorie B. Ah oui, bonne idée. Je l’avais complètement oublié celui-là. Il est toujours mon conseiller spécial ? Oui, Sire. Très bien. Faites donc ça."
Aux abois, TGV commet deux fautes dont il ne se relèvera pas :
- il nomme un militaire comme Premier ministre, ainsi que pas mal de personnes en uniforme pour rétablir l’ordre. Les gens ont faim, la réponse ne réside ni dans les gaz lacrymogènes ni dans les tirs à balles réelles.
- il sort un gadget de sa poche, en s’attachant les services de Lova Rinel
Activiste de seconde zone, joggeuse de premier ordre (j’avoue, je suis jalouse, j’arrive pas à faire son temps aux 10km…), Lova Rinel est d’abord et avant tout une groupie et une créature de la macronie. Elle leur fait assez facilement croire qu’elle est spécialiste de Madagascar, de l’Afrique et… du nucléaire même lorsqu'elle aligne bêtise sur bêtise, poncif sur poncif, à la télé et à la radio.
On serait presque triste pour celle qui quitte son confrt parisien pour embrasser la cause la plus pourrie de la terre: voler au secours du gars qui a pillé le pays quinze ans durant, qui a réprimé toute dissidence, qui a abîmé le pays, et attenté à la dignité de tout un peuple. Elle arrive au moment où le gars vacille. Vraiment, quelle erreur de falir et de timing chère Madame. Incapable de comprendre ce qui se fasse sous ses yeux, elle commet l'impardonnable, elle défend publiquement le régime, vaille que vaille, condamne la Gen Z, le soi-disant coup d’État qui n’en est pas un. Totalement à côté de la plaque, la pauvre fille, elle ne comprend pas – comme les macronistes en général – que le peuple en a marre, n'en peut plus. Les consultations nationales, copiées sur la méthode Macron (encore et toujours), n’ont servi à rien. Son atterrissage à Mada est un flop. Qu’elle s’en aille gentiment et ne se mette pas en tête de participer à la transition qui s’annonce.
Prochain post : et maintenant ?
A suivre...