Il est peu de dire que le dernier remaniement, celui qui doit mener notre Petit Timonier national vers une marche triomphale - mais sans gloire, son principal mérite consistant à aligner les dollars mal acquis - vers les portes d'un second et dernier mandat, était mal parti.
L'encre du décret de nomination des membres du gouvernement n'était pas sèche qu'il fallut remplacer le Ministre chargé des Mines et des Ressources stratégiques, Brice Randrianasolo en raison d'une situation judiciaire pour le moins « délicate ». Scandale suivi du gag plutôt divertissant de la Ministre gogo-danseuse, suivi de l'épisode autrement plus grave des frasques de la Ministre de la communication. Plus exactement de son mari, décidé à trouer la peau de l'indélicat qui l'a remplacé sous les draps de la chouchoute du Président. Le même qui fait le malin, menace les uns et les autres - y compris les généraux, de les faire virer s'ils ne se plient pas à ses caprices. Belle démonstration de sa conception de l'Etat de droit, du respect de l'autorité, de l'intégrité des hauts cadres de l'Etat,… Etc., etc., etc.
On n'imagine pas comment le gouvernement d'un Etat qui se prétend sur la voie de l'émergence puisse être aussi mal composé. Soit. Et encore, c'est compter sans le cas Rajoelina (Patrick). Un individu assez intéressant : ses dénégations lors d'une interview complaisante sur les titres dont il se prévaut (Sciences Po et ENA) sont presque touchantes. « J'ai été formé, pas diplômé, formé je dis bien » : le lascar nous aurait presque engueulé d'avoir osé dénoncer ses mensonges ! Quoi qu'il en soit il aura réussi à berner tout son monde, y compris le Président, dont les proches (plus on est proche plus on est aveugle, non ?) disent qu'il est « ultra prudent », qu'il « ne nomme ni ne reçoit à la légère », un homme « dont il faut gagner la confiance, il est comme ça, c'est vraiment quelqu'un de bien, il faut prouver sa valeur pour gagner ses faveurs »… Bref, on se demande comment Rajoelina a fait pour se laisser berner par Rajoelina, quand on se penche deux minutes (son cas n’en mérite pas plus) sur le parcours de l'intéressé.
Une absence totale de loyauté
Rajoelina P. se distingue tout d'abord par son opportunisme. Chez certains, disposer d'un esprit affûté, rester alerte, tirer profit d'une situation fortuite sont en général des qualités à saluer. Chez lui, on parle d'une obsession maladive à vouloir plaire, se pousser du col, se faire remarquer et quitte à se faire passer pour ce qu'il n'est pas, affabuler sur ses titres et qualités, et surtout, user de tous les moyens possibles pour se frayer avec ce que cette Terre compte de vaniteux, prétentieux, nouveaux riches et fausses valeurs.
S'imposer dans tel ou tel dîner pour serrer la louche d'Untel et Untel, se faire prendre en photo avec tel ou tel dirigeant d'entreprise, tel ministre, tel président, tel académicien, se faire passer pour un proche du Père Pedro,… Il aura tout mis en œuvre pour être dans les petits papiers de Rajaonarimampianina : conseiller occulte, poisson pilote auprès des milieux d'affaires, pseudo sherpa auprès de Paris, il aura tout fait. Les pompes ont bien été cirées, il aura certainement nettoyé les chiottes sans oublier d'éteindre la lumière en sortant. Proche de l'ancien Président, coopté par le nouveau - que l'on dit allergique, de façon quasi maladive, aux anciens compagnons de route de « Rajao » – Rajoelina P. aura été prompt à trahir son ancien mentor. Combien de temps lui faudra-t-il pour trahir Rajoelina A. ? Tic-tac, tic-tac,...
L'opportunisme et les problèmes de loyauté de Rajoelina P. sont anciens. En fait, ce sont ses principales caractéristiques, des « qualités » innées. Une obsession. Utiliser toute situation, toute encontre, pour en tirer un profit personnel. Fonctionnaire français de rang subalterne au ministère de l'Intérieur, Rajoelina P. adhère au Parti Socialiste pour se frayer, là aussi avec de futurs dirigeants, se faire remarquer et intégrer un cabinet, de rang tout aussi subalterne, avant de se faire vider comme un malpropre après cinq mois de son poste de chef-adjoint de cabinet (pas directeur de cabinet, mais « chef-adjoint de cabinet », c'est-à-dire la personne qui répond aux courriers non-sensibles, non-politiques de la Ministre. « Cher Monsieur, votre lettre en date du… est bien parvenue à la Ministre qui me demande de vous faire part des éléments de réponse qui suivent... ».
Trahi par son pedigree
Il poursuivra dans sa carrière terne et rejoindra le bureau des étrangers où il cultive déjà (bien que socialiste) le goût des idées réactionnaires, encouragées par la reconduite à la frontière des étrangers en situation irrégulière. Quel beau métier ! Papa et Maman doivent être fiers du fiston. Engagé tôt dans l'armée, « les Para » se vante-t-il, pour faire le dur et bomber un torse étroit, fiché sur une bedaine grandissante. Les « Para », déjà ce penchant pour la droite extrême.
Puis le passage à droite via la Diagonale, ce club d'idées prétendant rassembler les éléments de Gauche et de Droite compatibles. Encore une belle pirouette d'opportunisme, un énième retournement de veste qui le mène à servir de manière vile et veule Brice Hortefeux et son ministère de l'Identité nationale. Rajoelina P. s'en donne à cœur joie à terroriser les immigrés, comme lui, ceux qui ne sont ni aussi opportunistes ni aussi veules…
Aujourd'hui il développe une phraséologie et une attitude anti-françaises tout à fait suspectes : toujours et encore ce manque de loyauté, cette fois envers cette France qui l'a nourri et employé pour accomplir ses basses œuvres 67 ans durant... Cette hargne contre Paris dénote par ailleurs d'un certain manque de stabilité émotionnelle – il a peut-être des comptes personnels à régler ? Mais un individu, prêt à servir de manière aussi vile la politique anti-migratoire de Brice Hortefeux, qui se dit tout autant prêt à défendre les intérêts du pays, devrait susciter la prudence, voire la défiance.
Outrances verbales
Depuis son retour au pays, Rajoelina P. est arrivé.
Il aura passé du temps au purgatoire. Il accepte de s'abaisser à travailler pour des Karana, qu'il tient en faible estime, pour se payer une retraite pépère au pays tout en frayant avec le gratin. Il doit beaucoup à la Fondation Viseo. « Enfin ! » poste-t-il sur Facebook, le jour où il est nommé conseiller du Président pour la diplomatie économique.
Si voulez voir ce qu'est un arriviste, cherchez la photo de l'intéressé sur le net. Il est tellement arrivé, notamment à discréditer le titulaire du ministère des Affaires étrangères - un bon petit prof qui n'aura jamais fait d'étincelles – qu'il ne se sent plus.
Il fait le malin à Paris, manque de saboter la Rencontre des Entrepreneurs Francophones (REF21) en tenant des propos menaçants à l'endroit du MEDEF et du Quai d'Orsay (« si vous ne rendez pas les Eparses, IL ne viendra pas »), puis, porté par la dopamine liée à l'Assemblée générale des Nations unies – c'est la première fois qu'il voit autant de dirigeants – il se laisse à insulter les préposés aux bagages d'Air France, les traitant de « bougnoules ». Tiens, comme chez les Para, comme au bureau des étrangers, comme chez Brice Hortefeux... Et toujours ce souhait de voir l'extrême-droite - à l'époque c'était Le Pen, maintenant c'est Zemmour - prendre le pouvoir pour nettoyer les bougnoules au karcher.
En fait il ne varie pas. Voilà sa vraie nature, son vrai visage. Un manipulateur. Un opportuniste. Un raciste. Un blanc suprémaciste qui prétend diriger un pays peuplé de jeunes noir.e.s.
Bref, le hold-up.
Alors, combien de temps avant que tout cela n'explose à la figure de Rajoelina A. ?
Tic-tac, tic-tac, tic-…