Europe
Au demeurant un espace étalonné de rives
Cheminant sur une terre de basalte, de grès
D'alluvions, de varech de sels et d'eau,
Les idées de penseurs, des hommes de lois
Cheminant eux aussi sur un court chemin de pierre.
Plus loin les temps que de mémoires d'homme
Personne, ni même les instruits n'auraient pu comprendre.
Des paroles contredites, des textes jetés à la figure de nos peuples
Rien ne presse, la démocratie est une oeuvre ancienne qui demandera du temps.
En un lieu une paix, des états nations populaires
Partagent des savoirs
Partagent des pouvoirs et de l'argenterie
Des lustres qui ne valent que par leur rareté, des doublons d'or
Des réacteurs de fission, des oiseaux, des gestions annuelles, de puissants qui se savent.
Sur une fontaine une fine pluie
Le bruit des gouttes chante une marche
Une voie lente de cohésion d'accords
D'homogénéité, avec des tresses au milieu de fruits
Arbouse, platane, rose et lys qui alternent les idées.
Au centre les hommes ou les femmes, je ne sais plus
Les rives de sable blanc jalonnent leurs contours
Mon pied laisse une trace
Sur le souffle de l'eau, elle disparaît.
Une étincelle un pas,
Plus notre mémoire grandit, plus le parfum du lendemain fait sens.
Les arums jouent avec les sons,
Dans le prénom d'un crépuscule
Se découvre une chimère, dont le corps inavoué, prend l'allure d'un continent.
J'ai pensé des humains, des mutants
Qui dans leurs mains avaient de l'eau en mémoire, Une trace un soupçon de fumerie
De tabac indien ou de fleur d'oranger qui exhalait un parfum d'enfance.
Ces hommes et ces femmes s'étaient relevés
Sous l'esprit de leurs ancêtres, des essences de bois brûlés, sans allégories baroques,
Un arbre m'a dit dans le coin de l'oreille
Que demain de nouveaux hommes, femmes auraient mutés,
Je n'en sais ni la teneur ni la profondeur,
Seul un rêve a frappé à ma porte proche d'une nouvelle.
Objectifs neufs par des temps sombres, le souvenir garde ces luttes en mémoire
Les termes fait de faisceaux multicolores, de briques jaunies par le feu de guerres folles
Nous pensions qu'il n'y aurait plus d'histoire, alors que des blocs font surface, de nouveau des odeurs brunes nous isolent.
Quelqu'un m'a dit,
D'établir un monde avec des violettes, des barriques de chêne pour la vigne où les échanges demandent du temps.
Esprit des masses prend ton envol rejoint tes libertés.
Europe, ma chère
Accomplit en nous ta phase
Nous t'habitons dans le plis simple de tes cheveux
Nous, peuples des hautes terres, des lacs, des villes, des centres et épicentres,
Des cultes celtes ou bibliques, des forêts, des falaises, des montagnes, des cités romaines, des ponts, des canaux,
Peuple de culture, de mémoires brisées, peuple des âmes,
Aussi diverses que vos rivières, que les fleurs d'un botaniste, que la collection d'un philatéliste
Vous peuple, tenez entre vos doigts le pouvoir du nouveau monde,
Europe.