Nous sommes très nombreux au sein de l’éducation nationale, à être effarés (euphémisme) des non-décisions prises.
Rien ne sera prouvable scientifiquement mais on peut supposer que la vague du variant Delta qui a déferlé pendant les vacances scolaires était en large partie due à la diffusion de l’épidémie dans les établissements scolaires (au regard de ce que nous avons tous constatés mes collègues et moi).
Il suffit de se pencher attentivement sur la culture de prévention du Ministère depuis le début de l’épidémie et de connaître ce qui se passe réellement dans les classes, dans l’établissement et du mode de diffusion du virus… pour savoir les lourdes responsabilités que porte le Ministre dans cette épidémie.
Au début de la pandémie, et pendant très très longtemps, M. BLANQUER et la direction du Ministère contre toute réalité scientifique, ont affirmé que la diffusion du virus au sein des classes était mineure et que les enfants se contaminaient en famille (par génération spontanée peut-être ?).
Ce genre de propos était encore tenu par certains chefs d’établissement à la veille des vacances de Noël 2021 !
D’autre part, les protocoles sanitaires ont été très accès sur le gel hydroalcoolique et non sur la préservation de la qualité de l’air. Pourtant depuis depuis le début de l’épidémie la diffusion par contact n’est toujours pas pleinement prouvée alors que la diffusion par aérosol est maintenant très renseignée scientifiquement.
Or pour qui circule comme moi de classe en classe, d’établissement en établissement, je n’ai jamais rencontré une seule heure de cours avec 100% du port correct de masque … mais peut-être n’ai-je pas de chance…
Ne jetons pas la pierre sur les élèves (cette contrainte est très difficile pour des enfants ou des adolescents) ni sur les enseignants : ils sont fatigués de cette contrainte et il est difficile de contrôler minute par minute…
D’autre part, je n’ai vraiment pas de chance (et mes collègues non plus !) mais dans mon académie très peu (euphémisme) de salles de classe du second degré sont équipées en détecteur de CO2 et encore moins de purificateur d’air dans les cantines scolaires (je n’en ai vu qu’un dans le privé)… Bref au bout d’une heure de cours, la probabilité de contamination de plusieurs élèves est scientifiquement hélas établie… Alors au bout d’une journée avec un passage à la demi-pension… et avec "Omicron"...
Mais notre cher Ministre rejette sans aucune vergogne la faute de ce non-équipement sur les collectivités locales… Mais on ne peut pas avoir affirmé sans aucune honte que le virus ne se transmettait pas dans les classes et exiger l’équipement en détecteur et purificateur… sans d’ailleurs d’impulsion ministérielle voir de cadre réglementaire…
D’autant que tout a été fait pour « ne pas fermer les classes », quelles que soient les conditions.
Jusqu’à aujourd’hui, dans beaucoup d’établissements n’étaient considérés comme cas contacts que les voisins ou en face à face de cantines (en diagonale ou voisin de classe… pas cas contact).
Et notre système est ainsi fait qu’un chef d’établissement (CE) se doit d’être bien noté pour avoir une progression (mutation) favorable… Et incidemment, fermer un minimum de classes est une façon de montrer que le CE « sait gérer » auprès de son supérieur (Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale).
La consigne nationale est ne pas fermer les écoles ! Inconsciemment ou volontairement tout est fait pour nier la propagation du virus.
Le dernier protocole qui est paru en premier par voie de presse (ce n’est pas nouveau mais cela devient insupportable) quelques heures avant la rentrée, est encore pire… La fermeture de classe est laissée à l’appréciation du terrain… Ce qui est contraire à toute démarche sanitaire !!!
Qui a la compétence médicale dans les écoles et les établissements pour juger quand il faut stopper tout ?
Heureusement nous n’avons plus droit à nos vidéos hebdomadaires de notre Ministre adoré…
J’entends déjà certains me rétorquer que notre ministre a une priorité : les élèves !
Baliverne !
La succession des réformes dans une philosophie très capitaliste (marre du mot « libéral » qui cache la réalité) mise en œuvre n’est certainement pas dans l’intérêt de tous les élèves mais bien in fine un démantèlement du service public républicain.
Je serais trop long si je devais tout démonter ici mais prenons juste pour exemple la façon d’envisager le remplacement des enseignants qui risquent d’être malades ce mois de janvier (on ne se soucie pas de leur santé et ni de celles de leurs proches : quid des détecteurs, des masques FFP2 ??).
Il nous est demandé de baisser drastiquement nos exigences pour le recrutement de vacataires : bac +2 voire en dessous… Bref on ne cherche pas à assurer un enseignement mais bien de la garderie pour que l’économie continue de tourner… Des enfants à l’école ce sont des parents au boulot ! Quel mépris !
Le plus triste c’est que jamais ces décideurs ne seront inquiétés pour leur choix délétères et insanitaires….