"Terrorisme: ensemble des actes de violence qu'une organisation politique exécute dans le but de désorganiser la société existante et de créer un climat d'insécurité tel que la prise du pouvoir soit possible".
Telle est la définition de ce mot que l'on peut trouver dans le "Trésor de la Langue Française".
A ma connaissance, en ce samedi 16 juillet 2016, un peu avant 8 heures du matin, l'attentat de Nice n'a été revendiqué par personne.
En revanche, la presse commence à fournir quelques renseignements utiles sur le conducteur du camion qui a fait tant de morts et de blessés à Nice, le 14 juillet au soir. Et ces informations, pour le moment, esquissent plus le portrait d'un déséquilibré solitaire, sans attaches connues avec quelque groupe politique que ce soit, que celui d'un djihadiste convaincu qui se serait donné pour mission de renforcer le pouvoir de nuisance d'un quelconque groupement terroriste.
Certes le mode opératoire de cet attentat rappelle les consignes données par certaines vidéos émanant du groupe Etat Islamique.
Evidemment, le nombre de victimes et la sauvagerie de l'acte vont nous ramener au 13 novembre 2015 à Paris.
Et bien sûr, le patronyme tellement maghrébin du conducteur va immanquablement convoquer le fantasme d'islamisme radicalisé.
Mais que sait-on réellement ? Quels sont les éléments tangibles de l'affaire ?
Rien ou si peu.
La presse commence à parler d'un homme qui a fait une dépression nerveuse il y a plus de dix ans, un homme "colérique", un homme "toujours seul, déprimé, qui ne voulait parler à personne".
Avant les déclarations de son père, on avait rapidement découvert, dans le camion, des armes certes, mais la plupart factices, ce qui ne correspond pas vraiment à l'image d'un acte préparé à plusieurs comme dans le cas de la tuerie du Bataclan à Paris.
Dans de telles conditions, il me semble difficile de parler de terrorisme.
Si je peux comprendre que le citoyen "lambda", l'homme ou la femme "de la rue", que les média s'empressent complaisamment à titiller, se laisse aller, sous le choc de l'émotion, à parler de terrorisme, de "plus jamais çà", de "on doit continuer à vivre avec cette menace", etc., en revanche, j'ai beaucoup plus de mal à accepter que des personnes prétenduement responsables, qu'il s'agisse du monde politique ou de celui des media, se laissent aller aux mêmes approximations, alors que l'enquête n'en est qu'à ses débuts.
Je trouve particulièrement choquant, abusif et inacceptable que l'on dirige l'attention de toute la population vers le seul terrorisme alors que l'on en sait si peu.
Le rôle de nos institutions n'est pas d'entretenir la psychose, mais de tout faire pour nous rappeler et nous ramener à la raison.
Le rôle de la presse est de fournir des informations, pas des interprétations hasardeuses, ni des liens sans fondement, propres certes à allécher le chaland, mais si peu compatibles avec une vérité toujours délicate à faire émerger et avec l'éthique de la profession.
J'ai été révolté par l'attitude de notre Premier Sinistre, sur France 2 au 20h du vendredi 15 au soir, tellement assuré de son terrorisme et tellement satisfait de pouvoir demander aux Français de s'unir autour de son gouvernement. Je suis effondré par l'attitude de notre Président de la République, sautant à pieds joints dans la reconduction de l'état d'urgence, motivée par un attentat sur lequel on sait si peu.
Pour l'un comme pour l'autre, l'affaire est bienvenue, qui permet de détourner l'attention du "bon peuple" de ses nombreux mécontentements à leur égard.
Je suis outré par l'unanimité de la presse à s'engouffrer dans la voie de l'interprétation terroriste.
Tout cela est d'une indicible indécence et tous auront l'air bien malin si l'enquête démontre que cet attentant n'avait rien à voir avec quoi que ce soit de terroriste, Etat Islamique ou autre.
En attendant, chacun aura vendu sa salade: les politiques, avec leurs petites dissenssions pré-électorales ou leurs petites (in)actions impropres à faire avancer le schmilblic de quelque façon que ce soit, la presse en ayant fait progresser ses ventes qui de papier, qui de pub, qui des deux.
Et les vrais groupes terroristes peuvent tout vous remercier, bande d'irresponsables, d'avoir encore fait progresser leur notoriété.
Quand tous ceux qui sont censés nous aider à comprendre le réel, à agir pour le rendre meilleur, auront fini de se faire dessus, on pourra peut-être commencer à réfléchir aux vrais problèmes et à agir dessus.
En attendant, on patauge toujours dans le dégueulis de l'immaturité "élevée" au rang d'institution.
Vive l'avenir !
PS : au fil de mes pérégrinations sur la toile, j'ai trouvé ce communiqué de l'UPR qui me semble très intéressasnt. Je précise que je ne suis pas adhérent de cette organisation que je ne connaissais pas avant d'avoir lu le communiqué.