"Vous avez franchi le fil."
Vous souvenez-vous de ce film ? Mes parents avait enregistré une dizaine de cassettes VHS que je regardais sur un magnétoscope, plusieurs fois. A cette époque, j'avais quitté mon goulag scolaire de prolo (école Henri Wallon, député Communiste) pour aller dans une école maîtrisienne, un goulag high end, Bourgo-religieux. Terrifiant. Le lundi on ne discutait pas du match de l'équipe de foot locale, on lisait "cheval magazine" et le dimanche on chantait la messe. Comme de bien entendu, des copains que la direction avait convoqués dans un coin sombre revenaient des fois en pleurant.
Je m'en suis évadé à 12 ans, en somatisant (verrues sur tout le corps, kistes, etc), par l'imagination et le cinéma.
Steve Mcqueen. Il était là quand sergeant Garcia, mon prof d'histoire de seconde, voulait me faire tomber le sourire. 96 heures de frigo, juste pour exprimer par un sourire mon bonheur d'être en classe avec des copains sympas.
Il était là, dans le joint que je roulais pour m'évader des exploitations agricoles où je tuais des animaux scientifiquement, conventionné par l'État. Il était dans l'alcool que je consommait pour oublier les produits sanitaires dangereux que l'on me demandait de jeter dans l'eau.
Il était dans l'accident de voiture que j'ai eu lors de mon service militaire où l'on me força à pointer mon arme sur des populations fragiles qui cherchaient refuge, à brûler des tonnes de poudre après un exercice gigantesque, à atteindre le quota d'essence.
Et puis, il disparu au cour de mess études Universitaires.
Il n'était plus là non plus quand j'ai été engagé comme gardien de goulag.
Gardien de goulag myself
J'ai été un gardien de goulag, modeste le goulag, et je le connaissais puisque j'y étais passé 10 ans avant. Depuis mon passage, le niveau de docilité attendu par la direction avait augmenté. Quand j'y étais interne, dans un dortoir de 90, 5 douches fonctionnelles, je ne fumais pas mais les copains étaient assez libre de fumer où il voulaient. Dans les années 2000, la direction avait tracé des lignes jaunes au sol qu'il fallait désormais respecter et faire respecter pour fumer.
Une connerie !
Une fois, un jeune qui n'avait pas le droit de franchir la-dite ligne jaune sans la présence d'un pion avait ses deux pieds du côté autorisé de la ligne, et sa cigarette de l'autre. 1 heure de colle. Non, je plaisante.
Goulag européen
En 2005, je pris conscience de l'existence de barbelés trés élevés. Le Pouvoir Politique me demandait mon opinion sur un traité constitutionnel européen. Grâce au blog d'Étienne Chouard, je compris que j'avais intérêt à rejeter ce texte.
Mon principal problème était que l'Égalité devant la loi (article premier de ma constitution) était remplacé par un concept fumeux. Évidemment, dans une Europe où l'on a un Grand duc du Luxembourg, une reine d'Angleterre, d'autres personnes avec des privilèges particuliers qu'ils n'entendaient pas céder, l'Égalité devait être supprimée.
Je votais contre. Et pour la première fois de ma vie, je votais "gagnant" à une élection.
Le Parlement de Paris n'accepta pas mon vote et passa outre. La politique.
C'est à moi que tu parles ?
C'est là que j'ai mordu à l'hameçon politique. Nicolas Sarkozy, ses abus de langages à mon endroit, à mes frères, la signature du traité de Lisbonne, Ziebb et Bouna, m'a rabbatu, comme un chien de bergé, vers une ligne avec un ver moisi. Qu'y avait-il de mieux pour me défendre. Je me suis trompé.
J'ai compris l'erreur quand, en 2013, alors que j'étais en grève contre la loi travail "El Khomri", on me demanda de coller des affiches pour les régionales avec la tête de Casataner dessus.
"t'es sérieux?"Je demandais au chef de section (comme à l'armée)
"le mec est député socialiste, rapporteur de la loi travail devant le Parlement, et tu veux que moi, 5 jours de grève au compteur, j'aille coller sa tête sur les murs?"
Je déchirais ma carte. Et je voyais pour la première fois des barbelés que je n'avais pas vus jusque là.
Le goulag Parlementaire
Le Parlement, où l'on parle et où l'on ment, est le lieux de culte d'une classe sociale qui ne se mentionne jamais, mais qui prend, comme les capitalistes, une part sur le travail de tous.
Marx a établi que l'humanité se divisait en deux camps : Travailleurs et Capitalistes. Il n'avait pas parlé de la classe politique.
Aujourd'hui, je vois la classe politique comme une classe sociale à part, elle ne vit pas de son Travail, ni de Retour Sur Investissement.
Certains partis font mine de représenter les travailleurs, d'autres les capitalistes, mais lorsqu'il sont réunis, ils ne défendent qu'un intérêt : le leur. C'est normal.
Cette classe sociale vit du prélèvement obligatoire. De l'impôt, des taxes, des péages, des Ausweis délivrés. Elle est prête à tout pour accroître son pouvoir, déguiser les prélèvements et garder le pouvoir entre ses mains : le Pouvoir Politique.
La classe politique est au Pouvoir en France, depuis qu'elle a rangé au musée des horreurs humaines le Pouvoir Aristocratique. Elle utilise la Science Politique pour manœuvrer les troupeaux que nous constituons. Son pouvoir se transmet par l'élection.
De même qu'elle s'est substituée au Pouvoir Aristocratique, un nouveau pouvoir est sur le point de la renverser, le Pouvoir Démocratique.
La constellation d’intérêts (Appareil d'État) que la Classe Politique a su nouer pour rester au pouvoir tient encore un peu, mais l'Économie Politique, la Finance, comme on l’appelle aujourd'hui, est en train de taper dedans à grand coup de sabre.
Cette fille bâtarde de la Science Politique, de la Science Économique tue son père : le Parlement.
Vivre libre de parlements et d'isoloirs
Quelle nouvelle intéressante afficherait Mediapart si la classe politique n'existait plus ?
Comment nous organiserions nous sans eux ?
Est-ce que l'Homme politique n'est pas le moine copiste des temps moderne ?
Est-ce qu'on garderait les frontières ?
Sans classe politique, sans prélèvement obligatoire, est-ce qu'on ne pourrait pas partager les droits que les français ont promis à l'Humanité?
Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Les partis politiques interdisent de penser le monde au-delà d'eux.
Je vous invite à imaginer le monde sans eux.
Le Roi Politique est mort, Vive la Reine démocratie.