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Billet de blog 9 juin 2020

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Déconfinons notre génération

"Nous pouvons former le cœur du camp des partageux, de celles et ceux qui préfèrent l’entraide à la prédation, les liens aux biens, la vie plutôt qu’au profit." - Billet d'humeur de Grégoire Verrière, Coordinateur national des Jeunes Génération.s, au sujet d'une jeune génération qui en prend plein la tronche mais qui compte bien changer la donne.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Drôle de vie pour ces générations qu'ils ont nommé Y ou Z, à qui ils ont promis le progrès, l'abondance et la réussite et qui voit au contraire ses conditions d'existence se dégrader ainsi que les idéologies les plus obscures refaire surface.

Ils, ce sont les pouvoir politiques néo-libéraux et les forces de l’économie du tout marché, de la croissance et du profit capitalistique.  Ensemble ils font bloc et ne rognent sur aucun de leurs privilèges, quant à l’inverse ils demandent aux français et aux françaises, au nom de l’unité nationale, de « fournir des efforts supplémentaires ».

Ce monde dans lequel ils déroulent leur idéologie est rétrograde. Nous vivons dans un système qui semble toujours vouloir revenir à son état initial. Pour preuve, les luttes d’aujourd’hui pour l’égalité, la justice sociale, le bien-vivre ressemblent à celles d’hier. L’inertie de ce système nous fait ressembler à Sisyphe, personnage de la mythologie grecque qui roule un énorme rocher en haut d’une montagne, qui retombe à chaque fois de l’autre côté et que Sisyphe doit ramener de nouveau au sommet.

Si l’histoire peut se ressembler, elle n’est évidemment jamais la même. Mais quel est donc cette composante du capitalisme néo-libéral qui traverse les âges et nous éloigne du progrès social, écologique et démocratique ? C’est la violence. Et cette violence, au fur et à mesure qu’il devient évident que notre modèle de développement nous projette droit dans un mur, se fait de plus en plus intense. Avec elle, ils tentent d’enfermer notre génération dans l’immobilisme, la résignation et le silence car ils le savent, nous faisons partie de celles et ceux qui devons changer l’ordre des choses.

Ils sont une minorité d'individus, qui depuis le Conseil d'administration de leur tour argentée, peuvent décider de ruiner en quelques mots, en quelques décisions guidées par la quête du profit, des vies humaines et des pans entiers d'écosystèmes. La course aux dividendes et à la production infinie n'épargne que les ultras riches, qui auront durant encore de nombreuses années, les moyens de faire sécessions et de se protéger des catastrophes sanitaires, climatiques, sociales qu'ils engendrent eux-mêmes.

Plus sournois encore, ils parviennent à diviser celles et ceux qu’ils oppressent, qu’ils dominent, qu’ils exploitent.

Par la mise en concurrence et la déconstruction méthodique des mécanismes de solidarités et de l’imaginaire de l’entraide, nous pensons vivre dans un monde régi par les lois de la jungle.  Le plus fort gagne. Et en héritage des passés coloniaux, esclavagistes et patriarcaux  de nos sociétés occidentales, l’archétype du plus fort est blanc, de sexe masculin, hétéro et pose de « grosses couilles sur la table ».

Par quoi cet imaginaire de l’argent et du mâle blanc se traduit-il aujourd’hui dans la vie des millions de femmes et d’hommes ? Par des rapports de domination et des violences exercées de manière systémique.

Chasse aux sans-emploi, diabolisation des personnes exilées, violences policières, érosion des libertés individuelles, dévaluation sociale des métiers du lien, harcèlement au travail, discriminations raciales : les premières victimes de cette longue liste non exhaustive sont souvent les personnes les plus fragiles et les plus isolés n’évitant pas un jour qu’elles finissent par nous toucher toutes et tous.

La « génération Y Z» dont je fais partie, n’est certainement pas uniforme, elle est diverse, d’horizons bien différents, mais je me refuse de croire qu’elle soit définitivement résignée et prête à dire « Yes » à toutes les violences auxquelles on nous expose.

Au contraire, je crois que nous pouvons former le cœur du camp des partageux, de celles et ceux qui préfèrent l’entraide à la prédation, les liens aux biens, la vie plutôt qu’au profit.

Reprenons le contrôle de notre destin commun. Déconfinons les mobilisations, les luttes et les utopies. Participons autant que nous le pouvons aux combats pour l’égalité, la justice, que ce soit pour les droits des travailleurs et travailleuses, la dignité humaine, la fin des violences policières, ou la réorientation de notre économie.

Nous n’avons pas choisi d’hériter de ce moment de merde, dans lequel les outranciers, les médiocres et les graines de fascistes peuvent agir sans gêne, voire portés aux nues. Nous n’avons pas voulu le réchauffement climatique, les privations de libertés et les coups de la police portés au visage. Par contre, nous pouvons choisir d’y mettre un terme.

Avec notre farouche envie de vivre dans un mode respirable et apaisé, dans la rue, dans les urnes, par nos engagements et notre créativité, nous pouvons gagner.

Grégoire Verrière, jeune homme indigné, parfois fatigué, mais qui continuera, ne serait-ce que pour la dignité du présent

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