courte lettre ouverte à Mona Chollet
chère madame,
j'ai sauté sur votre livre à cause de son titre que j'ai interprété selon mon miroir intérieur
j'ai connu un amour inouï de 46 ans avec l'épousée, passée il y a onze ans déjà
impossible de reconnaître ce vécu, deux vécus avec hauts et bas, mais d'amour vif, vivifiant, vivifié, partagé, discuté, fortifié, dans votre livre
si l'épousée, alors jeune fille, avait lu votre livre, c'est bardée de méfiance qu'elle m'aurait approché
(oh que voilà un mâle dominant qui va me croquer, m'exploiter
elle aurait lancé le mouvement #balance ton génie !,
à proposer à l'épouse de Dostoiëvski, à celle de Tolstoï)
et l'aveu n'aurait pu jaillir : je pense à vous autrement qu'à un professeur,
aujourd'hui les délateurs diraient un pédophile, hier, ils disaient un détournement de mineure
(Gabrielle en est morte par suicide, j'ai été accueilli par la famille;
j'ai beaucoup accompagné l'histoire de Gabrielle et de Christian, voir sur mon blog les 6 pages qui y sont consacrées)
déclaration d'amour inconditionnel auquel elle s'est tenu
aveu auquel je n'ai pas répondu : et moi, je ne pense à vous que comme élève
d'avoir été incapable de répondre, ouvrait la voie à une rencontre, à un amour partagé, inégalitaire certes, en construction permanente parce que nous avons fait choix de l'installer dans le temps
(s'aimer au dernier jour comme au premier jour, un effet lune de miel, lire ou écouter Bruce Lipton, engendrant un effet de vie comme ça arrive parfois avec une oeuvre d'art, pour la vie; voir la théorie étayée sur l'effet de vie de Münch Marc-Mathieu), reposant sur confiance et fidélité, une dimension sacrée confirmée à l'église alors que nous nous déclarions athées
en tendant votre miroir intérieur vers le chaos, vous avez trouvé le chaos d'où la tâche infinie de déconstruction quasi-guerrière du mâle dominant, du patriarcat, émasculation qui ne favorisera à mon humble avis d'incompétent, d'aucune façon, l'émergence de nouveaux hommes développant leur féminin sacré (késako ?) ni l'émergence de nouvelles femmes, insoumises aux diktats politiques et culturels d'une société capitaliste de l'hubris machiste, du narcissisme de chacun et chacune, développant leur masculin sacré (késako ?),
nouvelles femmes initiatrices, nouveaux hommes à l'écoute
pouvant réellement réinventer l'amour qui ne peut-être qu'une reprise, à mon humble avis d'incompétent, du projet d'amour courtois
(lire ou écouter Catherine Millot, la logique et l'amour), jouant sur l'échelle des 10 degrès de l'amour, de porneia à agapé
si vous aviez tendu votre miroir intérier vers la lumière et la beauté, vous seriez peut-être tombée sur des lettres écrites en 1903 par Rainer Maria Rilke, autrement plus inspirantes pour moi dans ma vie de tous les jours que toutes ces enquêtes, romans, BD, témoignages de la woke et de la cancel culture venues du pays le plus prédateur et le plus guerrier au monde
ou déclarations des people de France et d'ailleurs (Bertrand Cantat, Vincent Cassel...)
vous auriez aussi découvert de magnifiques portraits de femmes et d'hommes
tourmentés chez Dostoïevski
et bons ou les deux chez Tolstoï
pour moi, vous vous êtes trompée d'aire géographique et culturelle
(j'ai évité de réagir épidermiquement, plutôt vous accueillir comme témoin de ce qui agite sexes, coeurs et têtes-arrière-têtes de la plupart des gens)
merci de m'avoir permis de faire un peu le point sur ma sexualité vieillissante sans viagra et ma pratique du désir et de l'amour
inconditionnel, l'amour-agapé me semble être un sentiment mais aussi une force créatrice, à l'oeuvre dans l'univers, créant sans jugement, détruisant sans jugement; ce que décrit fort bien la prière du coeur dite de la philocalie, dans les Récits d'un pèlerin russe (késako ?)
à la dualité qui voit la paille dans l'autre œil pour ne pas voir la poutre dans le sien, je choisis l'unité des contraires ou plus justement la complémentarité des contraires travaillant à s'ajuster
dans la mesure où vous vous mettez aussi en jeu en parlant de vos amours, de vos fantasmes, je vous invite à changer votre regard, de passer d'Histoire d'O à Emmanuelle,
(j'ai eu une magnifique correspondance avec celle qui a chanté l'amour hybride, rose, heureux, risqué, sans péché originel ni jugement dernier; lire Bonheur 2)
oui, vous avez raison, nous devenons ce que nous lisons et disons, sans même nous en rendre compte souvent, nous devenons ce que nous dénonçons en toute méconnaissance de causes et d'effets, persuadés de détenir la vérité
aux mâles, je dirai regardez moins dans votre sleep, centrés sur votre nombril en quête d'avoirs sonnants et trébuchants (aux sens propre et figuré)
aux femmes, je dirai regardez moins dans votre miroir, cherchez à être plus qu'à paraître
(selon le principe de la complémentarité des contraires, je serai plus paraître, masquillée à 18 ans et plus soi s'aime/sème à 60 ans)
à 81 ans passés, veuf depuis 11 ans, parange d'un fils depuis 20 ans, je me suis risqué à une nouvelle histoire d'amour que je reçois comme l'occasion d'aller avec l'autre à une forme élevée dans l'échelle de l'amour, d'eros à charis
gratitude pour cette chance, merci à la d'âme
dernière remarque : j'ai apprécié votre évocation de Serge et Lula Rezvani qu'avec l'épousée, nous avons rencontré à La Béate dans les Maures, le 2 août 2001, 45 jours avant la perte du fils (le récit en est fait dans Et ton livre d'éternité ?, à paraître le 14 février 2022