La présentation par Ségolène Royal du projet de loi sur la transition énergétique le 18 juin 2014 en a surpris plus d'un. En dépit d'une mobilisation sans précédent depuis la campagne présidentielle de 2012 des associations écologistes pour une mutation profonde du modèle énergétique français, la présidence Hollande est restée sourde aux arguments en faveur du changement[1]... pourtant promis.
Bien des signes laissaient craindre que les engagements de campagne du candidat du Parti socialiste ne seraient pas tenus. L'activisme des ministres pronucléaires des gouvernements Ayrault puis Valls n'a eu d'égal que la modestie des prises de position au plus haut sommet de l'Etat. Le débat sur la transition énergétique annoncé s'est ainsi déroulé dans la plus grande confidentialité mené par une ministre de l'écologie isolée[2].
Il a fallu attendre de longs mois et deux remaniements ministériels pour que la loi promise pour le début du septennat devienne une réalité. Les désillusions se sont accumulées. Quand la Direction général de l'énergie et du climat (DGEC) publie en décembre 2013 une première ébauche de la loi[3], associations et élues écologistes se mobilisent pour revendiquer une « un vrai projet de loi[4].» Un long bras de fer commence alors entre les partisans de la transition et le gouvernement.
Les tensions sont telles que, début juin, qu'une rumeur laisse entendre que l'examen du projet de loi n'aura lieu qu'à l'automne et le vote au printemps 2015[5]. L'annonce de Matignon suscite tout au long du week-end qui suit l'indignation des écologistes. « Cela fait mille jours qu’on l’attend, si elle est reportée à l’année prochaine, ce n’est pas acceptable », a déclare Nicolas Hulot dans le Journal du Dimanche[6]. Ségolène Royal dément le report mais la présentation de loi est néanmoins reporté la semaine suivante laissant craindre de nouveaux arbitrages peu favorables à la transition.
Même le très modéré Arnaud Gossement parle d'un « verre à moitié vide » pour qualifier le projet en cours de finalisation[7]. Avec une député socialiste, il appelle à « laisser une chance à la loi[8] » mais ne convainc personne. Vous connaissez tous la suite. Le projet de loi est présentée à grand renfort de communication le 18 juin. Les réactions ne se font pas attendre. L'indignation est au rendez-vous. Même si les députés écologistes ont réussi in extremis à faire retirer les fameux articles sur Cigéo[9], le compte n'y est pas. Les transports sont le grand oublié de la loi[10]. Mais surtout demeure un colossal point noir. Le projet de Loi en dépit de quelques artifices de pure forme laisse ouverte l'option nucléaire. Pour la première fois une loi définit la capacité de production nucléaire et cela à un niveau que ne peuvent justifier aucun besoin énergétique...
Cela en dit long sur la résolution de François Hollande. Regardons ce problème de plus près
et exigeons une authentique stratégie de sortie du nucléaire
Un rapport parlementaire riche d'enseignements
Contre toute attente, le groupe parlementaire écologiste à l'Assemblée nationale a obtenu la création d'une commission d'enquête parlementaire sur le cout du nucléaire en décembre 2013[11]. Le travail accompli au cours du premier semestre 2014 par cette commission a été considérable. Même si, du stricte point de vue antinucléaire, le rapport final n'est pas pleinement satisfaisant, il n'en reste pas moins que le bilan de l'enquête a attiré l'attention des médias[12] et initié un vrai débat sur le nucléaire.
Le rapport Brottes-Baupin[13] est un document très riche qui mérite une lecture attentive. En effet « la filière nucléaire française fait face à des difficultés spécifiques. » C'est même un euphémisme. La situation du parc nucléaire, c'est-à-dire les difficultés « intrinsèques » mises en évidence par le rapport, devient très préoccupante au bout d'une décennie de sous-investissement chronique et d'une perte de savoir faire. Même l'Autorité de sûreté nucléaire semble préoccupée par les risque d'un défaut d'approvisionnement en électricité. En tout cas c'est ce que l'on peut lire explicitement dans les Rapports sur la sûreté de 2012 et 2013.
« Le rapport que la Cour des comptes a remis à la commission met en évidence une situation préoccupante : un accroissement de 21 % en 3 ans du coût courant économique, une tendance à la hausse qui va se poursuivre, et cela sans même prendre en compte le coût de l’EPR de Flamanville – le résultat du calcul est cependant très sensible au taux d’indisponibilité des réacteurs pour maintenance. Même si cette évolution s’explique par le contexte général rappelé plus haut, et notamment par l’âge des réacteurs, elle risque d’avoir des conséquences importantes sur le pouvoir d’achat des ménages et le prix de l’électricité pour les entreprises du pays, dans un contexte économique déjà difficile. La rapidité de ces évolutions, elle même, fait problème (le dernier rapport de la Cour des comptes, ou le rapport Énergies 2050, déjà dépassés, ne datent que de 2012) : dans un domaine d’activité où l’échelle de temps est le temps long, voire très long, où les investissements engagent pour des décennies (voire bien plus longtemps encore), la prospective n’en est rendue que plus difficile[14].»
Pourtant le rapport de la commission d'enquête parlementaire sur le coût du nucléaire ne va pas au bout du raisonnement. Si la commission, à la suite de la Cour des Comptes, relève que la poursuite du programme nucléaire est entachée par de fortes incertitudes, elle n'explique pas clairement dans quelle mesure ces incertitudes menacent la pérennité du système énergétique français. EDF pourra t elle relever le défis du "mur d'investissement[15]" qui se présente devant elle ?
« L’horizon de 2033 étant en fait plus pertinent que celui de 2025, la Cour des comptes a évalué à 90 milliards d’euros 2010 et 110 milliards d’euros courants le montant total des investissements à consentir sur la période 2011-2033 en vue de réaliser les programmes de travaux prévus pour les quatrièmes visites décennales des paliers 900 MW et 1 300 MW. La « bosse d’investissements » à nombre de réacteurs constant souvent évoquée par EDF apparaît désormais bien plus large que ce qui était annoncé au début de la commission d’enquête[16].»
Bien des éléments poussent à croire que le pays ne pourra faire face à la masse des investissements nécessaires pour perpétuer l'option nucléaire. Il s'agit en premier lieu de la dette de l'énergéticien qui semble inexorablement croitre malgré le nombre et la diversité des jeux comptables auxquels se livre l'entreprise[17].
« Enfin, la commission s’est interrogée sur la faisabilité du Grand carénage, tant en termes industriels que financiers. Sur le second point, l’attention de votre rapporteur a été attirée par le fait que EDF a procédé en janvier 2013, à des émissions d’obligations dites « hybrides » à hauteur de 6 milliards d’euros, qui, au regard des normes comptables internationales, sont considérées comme des fonds propres et non comme des dettes . Cela a permis à EDF d’afficher une réduction de son endettement et d’améliorer le ratio entre son EBITDA (1) et son endettement, ratio particulièrement suivi par les agences de notation et les marchés financiers. Si aucun des interlocuteurs de votre rapporteur n’a exprimé d’inquiétude sur le niveau d’endettement d’EDF, il n’empêche que le montant des investissements qu’EDF envisage de consacrer au Grand carénage représente, par son ampleur, un « mur » dont le franchissement présente quelques difficultés[18].»
L'exploitant nucléaire manque de liquidités aujourd'hui[19] au point que d'aucuns craignent "un report du risque sur la puissance publique". En tout cas, c'est ce que l'on observe aujourd'hui au vu des problèmes que rencontre le CEA pour démanteler ses installations les plus anciennes :
« En raison des difficultés de trésorerie rencontrées par le CEA pour faire face aux dépenses de démantèlement, le conseil de politique nucléaire du 12 février 2010 décide que le financement des dépenses de long terme du CEA sera assuré par le budget de l’État. Le même conseil de politique nucléaire autorise par ailleurs l’accroissement de la part des titres AREVA dans le portefeuille des actifs dédiés du CEA de 15 à 30 %. Ce mécanisme oblige ainsi l’État à réévaluer le montant de sa créance en fonction de l’évolution de la valeur des titres AREVA. « Sur les 10 milliards d’actifs dédiés du CEA, 7 ou 8 sont garantis par l’État, les 2 milliards restant représentant la valeur de la participation d’AREVA. C’est dont bien le budget de l’État qui, in fine, est le garant du financement de démantèlement ultime des installations du CEA » (Jean-Luc Lépine, président de la CNEF) [20].
Or ces difficultés financières ne peuvent être surmontées du fait de l'organisation du marché de l'électricité. Comme le souligne clairement Raymond Leban, directeur « Économie, tarifs, achats » d’EDF, la sous-estimation des coûts met en péril le financement des investissements nécessaires dans le parc nucléaire historique.
« Monsieur le rapporteur, le prix de marché est aujourd’hui à un niveau déraisonnable, au point qu’aucune technologie de production d’électricité, quelle qu’elle soit, ne peut trouver de rentabilité […] Même pour les installations existantes, on n’arrive plus à couvrir les coûts variables ! La situation est devenue tellement critique que certaines centrales à cycle combiné gaz qui viennent d’être construites ont été mises sous cocon, parce qu’on ne pouvait pas faire face aux charges d’exploitation ! […] La situation actuelle est totalement atypique : les prix de marché étaient à 50-55 euros il n’y a pas si longtemps. Il faut revenir à la raison et que le marché émette à nouveau des signaux cohérents et favorables aux investissements[21] » (Raymon Leban).
Toujours est il que le nucléaire fragilise le système énergétique et plus globalement le marché de l'énergie . Non seulement, le financement du nucléaire entraine la captation, dans des proportions toujours plus grandes, des ressources qui seraient plus efficientes si elle servaient à financer la transition énergétique mais ce financement bloque toute évolution du marché et plus largement du mixe énergétique. Ce ne sont pas les antinucléaires qui le disent mais la très libérale association ANODE[22] :
« Malgré le processus de libéralisation, nous faisons le triste constat que la spécificité nucléaire française a été la cause d’une fermeture du marché aval de la fourniture, et donc d’un faible développement des nouveaux services en matière de MDE – maîtrise de la demande en énergie – et d’efficacité énergétique » (Fabien Choné, président de l’ANODE)[23].
On est en droit dès lors de se demander si avec le poursuite du nucléaire une catastrophe économique ne surviendra pas avant la catastrophe industrielle. ? La France sera-t-elle la première économie épuisée par l'industrie nucléaire avant même qu'un accident ait lieu ?
Bien des indices le laissent penser. La fameuse croissance à laquelle tient tant François Hollande a déjà été fauchée par la déplétion des matières premières. Le rapport Meadows nous avez prévenu[24]. Aujourd'hui ce fait est avéré[25]. Le lien entre la crise structurelle que nos sociétés traversent et l'épuisement des ressources[26] ne peut plus être nié. La persévérance dans l'impasse nucléaire peut transformer cette crise qui ruine autant les Humains que la Nature en effondrement global. Une économie fragilisée par l'addiction au pétrole sera immanquablement cassée par la hausse inéluctable du prix de l'électricité due au nucléaire[27]. Et si une catastrophe survient en cette période de recession ce n'est pas seulement l'économie qui risque de s'effondrer..
Un projet de loi saccagé et en deçà des enjeux
La seule issue est donc de renoncer au nucléaire afin de libérer des marges de manœuvre financière pour faire face à la déplétion des matières premières et au réchauffement climatique. C'est ce que l'on attendait tout du moins de du projet de loi sur la transition énergétique promis depuis deux ans par François Hollande.
Le Projet de loi de transition énergétique (PLTE) présenté par Ségolène Royal le 18 juin 2014 n'a répondu à bien peu des attentes des partisans de la transition en particulier sur le volet nucléaire. Les réactions des principales organisations écologistes n'ont pas tardé :
Pour Anne Bringault, qui coordonne les ONG sur la transition énergétique, « le projet de loi ne répond pas à la commande initiale qui était d’identifier une trajectoire claire et des mesures concrètes pour orienter massivement la France vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. La question de la place du nucléaire a encore sclérosé le Gouvernement qui, faute de trancher, renvoie les décisions qui s’imposent aujourd’hui à plus tard et empêche les alternatives de se développer[28] ».
« Si le projet de loi reste tel qu’annoncé, soit sans limite d’âge pour les réacteurs nucléaires ni mécanisme de fermeture, la transition énergétique promise n’aura pas lieu, analyse Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. En se fixant uniquement des objectifs sans mettre en place les outils pour les atteindre, le gouvernement laisse clairement la main à EDF sur les décisions énergétiques. Cela donne le ton et l’ambition pour la COP 2015 de Paris.[29] »
Au lieu de définir les capacités nucléaires à retirer, le gouvernement ne décide pas et se contente de proposer un plafonnement de la production nucléaire actuelle. Pas de programmation des réacteurs à fermer, pas de trajectoire précise et d’objectifs clairs de réduction des consommations d’électricité, rien ne permet de déduire comment se concrétisera cette réduction. Il faudra juste s’en tenir à la "programmation pluriannuelle de l’énergie". Ce flou offre une voie "royale" au scénario plébiscité par EDF : une réduction purement mécanique de la part du nucléaire du fait de la montée en puissance des autres énergies, qui autorise la prolongation des réacteurs existants et même de nouvelles constructions[30] ! »
« Je n'ai pas un seul grand sujet de satisfaction, déclare Benoît Hartmann au JDD. Même la vision de la production d'énergies renouvelables s'inscrit en plus d'une énergie nucléaire et sur un modèle qui est celui de l'appel d'offres où ce sont toujours les plus gros qui remportent les marchés et on se retrouve avec une énergie loin de ceux qui la consomment. Ce n'est pas le modèle du 21e siècle. C'est une drôle de transition énergétique! C'est une loi qui vient entériner un état de fait[31]. »
Réaction de Michèle RIVASI, eurodéputée EELV du Sud-Est de la France: « Ce projet de loi doit lancer la France sur la voie d’une transition énergétique indispensable à la stabilisation des prix de l’énergie et à la sécurité d’approvisionnement. Pour les écologistes, une véritable transition énergétique ne peut passer que par une sortie programmée du nucléaire, et malgré l’eau bouillante des réacteurs français la douche risque d’être bien froide[32]. »
Le jugement des partisans de la transition énergétique est sans appel. Le gouvernement Valls n'a retenu qu'une bien faible proportion des préconisations écologistes du Débat national sur la transition énergétique dont le site n'est même plus en ligne...
Pire encore, comme l'ont mis en évidence les Amis de la Terre, le projet a été modifié discrètement en dépit des prises de position de la ministre de l'écologie :
« La version « finale » du projet de Loi qui circulait dans la journée ne parlait ni de déchets, ni d’enfouissement.
Premiers rebondissements à 17h35.
Un mail transmis aux membres de la section de l’environnement du CESE comprenait une nouvelle version de l’exposé des motifs de ce projet de Loi. Une lecture attentive permettait de voir apparaître un nouvel article 34. Cet article indique que « le Gouvernement est autorisé à prendre par ordonnance des dispositions législatives nécessaires pour transposer la directive n° 2011/70/Euratom du Conseil du 19 juillet 2011 ». Voilà donc le gouvernement autorisé par simple ordonnance à autoriser l’enfouissement des déchets radioactifs européens en France.
21h50, on enfonce le clou et on autorise tout !
C’est dans un mail transmis bien tardivement aux membres de la commission spécialisée du CNTE en charge de ce projet de Loi et qui se réunissent le lendemain que le pot-aux-roses est révélé. Le projet de Loi est communiqué dans une nouvelle version « finale » ainsi qu’une version encore modifiée de l’exposé des motifs. Un article 35 apparaît alors, et là c’est la débandade.
On écrase la procédure prévue et son débat parlementaire, le Gouvernement prendra ses décisions par décrets. Comme depuis toujours à Bure, on est dans le déni total de la démocratie, tous ces articles faisant partie du titre 6 de ce projet de Loi intitulé « Renforcer la sûreté nucléaire et l’information des citoyens ».
Les membres du CESE qui tenaient une réunion exceptionnelle ce matin à 10h30 et auditionnaient Ségolène Royal à 11h30 ne sont même pas au courant que cet article existe. Que dire des journalistes et autres personnes qui ont suivi la conférence de presse d’hier ? Comment est-il possible de cacher de telles mesures engageant la France pour des millions d’années en les noyant dans un projet de loi généraliste et sans ambition où la société civile va diviser ses forces pour essayer d’obtenir quelques maigres avancées[33] ? »
Il s'est produit globalement la même chose au sujet du financement de la rénovation thermique du bâtiment. « Contrairement à ce qu’a annoncé Ségolène Royal, son avant-projet de loi ne garantit donc pas la pérennité des SEM de tiers financement. Au contraire, elle les assujettit aux banques : il faut soit qu’elles deviennent des sociétés de crédit, soit qu’elles passent des conventions avec des banques seules responsables d’établir l’offre de prêt. Soit la ministre s’est fait flouer par ses services, soit elle a enjolivé son texte pour s’assurer du soutien des associations écologistes[34]. » Le projet de loi est saccagé par tous les bouts et situe au final très loin de tout ce que les associations et les experts indépendants revendiquent depuis plus de trente ans.
Point de changement majeur en matière énergétique... Au mieux la poursuite d'orientations anciennes fixées à l'issue du débat organisé en 2003[35]. On peut même dire que les propositions actuelles sont en deçà de celles formulées par la Loi POPE[36] sur bien des sujets. Si le PLTE se contente d'indiquer que la politique énergétique « préserve la santé humaine et l’environnement, en particulier en luttant contre l’aggravation de l’effet de serre, » en 2005 le législateur écrivait :
« La lutte contre le changement climatique est une priorité de la politique énergétique qui vise à diminuer de 3 % par an en moyenne les émissions de gaz à effet de serre de la France. En conséquence, l'Etat élabore un "plan climat", actualisé tous les deux ans, présentant l'ensemble des actions nationales mises en œuvre pour lutter contre le changement climatique.
En outre, cette lutte devant être conduite par l'ensemble des Etats, la France soutient la définition d'un objectif de division par deux des émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici à 2050, ce qui nécessite, compte tenu des différences de consommation entre pays, une division par quatre ou cinq de ces émissions pour les pays développés[37]. »
Les textes de 2005 et de 2014 en revanche se rejoignent sur un point précis : le nucléaire. L'un comme l'autre succombe au mythe de la rente nucléaire[38]. Aujourd'hui comme hier, les mêmes croyances dominent :
« afin d'assurer un prix compétitif de l'énergie, la politique énergétique s'attache à conforter l'avantage que constitue pour la France le fait de bénéficier, grâce à ses choix technologiques, notamment en faveur de l'électricité nucléaire, d'une des électricités les moins chères d'Europe. Cette politique veille à préserver la compétitivité de l'industrie et, en particulier, des entreprises dont la rentabilité dépend fortement du coût de l'électricité[39]. »
L'article 1 du PLTE ne dit pas autre chose en proposant de « diversifier les sources d'approvisionnement énergétique, réduire le recours aux énergies fossiles, diversifier de manière équilibrée les sources de production d’électricité et augmenter la part des énergies renouvelables dans la consommation d'énergie finale. » Il s'agit tout plus de faire évoluer le mixe énergétique en accordant une plus large part aux énergies renouvelables. On est là très loin des revendications des écologistes[40]. C'est bel et bien l'Union française de l'électricité[41] qui en dernier recours a su convaincre un président dont chacun connaît le peu d'intérêt pour les questions écologiques et environnementales...
En revanche François Hollande n'a jamais caché sa passion pour le nucléaire ni sa volonté de soutenir les « champions industriels » de l'atome[42]. Plus encore que ses prédécesseurs, il est animé par le souci de garantir la pérennité de l'option nucléaire. On l'a vu précédemment au sujet de Bure. Ce n'est malheureusement pas le seul exemple du positionnement clairement pronucléaire du pouvoir en place. Plus encore que Nicolas Sarkozy[43], François Hollande est soucieux du financement de l'industrie nucléaire. Conscient de l'effondrement de la rente nucléaire offerte par Giscard et Mitterrand à EDF, l'Etat cherche par tous les moyens à abonder le puits sans fond du financement d'une industrie dangereuse et vieillissante.
A l'issue de la deuxième Conférence environnementale, le 21 septembre 2013, Jean-Marc Ayrault a ainsi annoncé que la transition pourrait être financé par le nucléaire[44]. « Les énergies fossiles et nucléaires seront donc mobilisées pour atteindre nos objectifs de transition énergétique. Tous ces financements seront soumis à une gouvernance organisée par l'Etat. C'est là le rôle de l'Etat stratège[45]. » Les plus optimistes ont pu croire alors qu'une taxe spécifique était envisagée[46]. Il ne s'agissait en fait que d'un effet d'annonce[47] rappelant à chacun la priorité pour l'Etat de garantir à EDF les moyens nécessaires au grand carénage[48]...
Le gouvernement Valls n'a pas renoncé à cette stratégie. Le débat fait rage aujourd'hui sur le prix de l'électricité. Même si Ségolène Royal a opportunément reporté la hausse des tarifs prévue cet été[49], le gouvernement n'a pas renoncé à revoir le prix auquel EDF doit revendre à ses concurrents une partie de son électricité d'origine nucléaire (Arenh)[50]. D'aucuns peuvent imaginer aujourd'hui que le gouvernement accorde à l'exploitant nucléaire, en dépit des avertissements de la commission d'enquête sur les coûts du nucléaire[51], une manne financière non négligeable qui sera en dernier recours à la charge des usagers[52].
Hollande met tout en œuvre pour assurer le financement durable de l'industrie nucléaire. La loi de finance rectificative 2013 avait déjà offert à l'ANDRA une soulte non négligeable[53]. Il semblerait que cette démarche soit généralisée. Nous sommes donc en face d'un dispositif complexe et diversifié de refinancement de l'industrie nucléaire qui n'a rien à voir avec les maigres volumes financiers que le gouvernement veut consacrer à la transition énergétique. L'Etat persévère dans un soutien inconditionnel aux champions de l'atome et laisse au secteur privé[54] et aux collectivités locales[55] la charge de financer la transition revendiquée en dépit de multiples propositions des écologistes[56]...
On retrouve là une posture classique d'un Etat soumis aux grands intérêts industriels. S'il faut financer la transition énergétique c'est forcément au moindre coût[57]. L'argent public est réservé aux choses sérieuses... c'est à dire au nucléaire ! Une seule exception bien évidement, la charge de l'accident. Comme le souligne clairement la commission d'enquête parlementaire sur les coûts du nucléaire aucun mécanisme assurantiel de grande ampleur n'existe[58]. On peut craindre que comme à Fukushima, le coût de l'accident soit finalement à la charge des victimes[59]...
La continuité l'emporte sur le changement
Le plus surprenant dans tout cela est la continuité du soutien au nucléaire au plus haut niveau de l'Etat. Le livre passionnant de Gabrielle Hecht qui vient d'être réédité par les éditions Amsterdam[60] nous rappelle que le choix nucléaire est inscrit au coeur de l'Etat depuis la Libération. En étudiant les régimes technopolitiques qui ont permis la constitution d'une industrie l'atome, l'auteure explique comment le nucléaire a été promu en France au mépris de la plus élémentaire rationalité économique.
A la quête du Plutonium qui prévaut dans les années 1950 pour doter le pays de l'arme nucléaire est venue s'ajouter l'espérance d'une production abondante d'électricité. Les réacteurs de Marcoule ont ainsi initié la grande gabegie nucléaire qui ruine aujourd'hui le modèle énergétique hexagonal. L'important alors était de développer une technologie qui permette de produire en masse quel que soit le coût des investissements et la rentabilité effective de l'outil de production. Il faut attendre le début des années 1960 avec la construction des réacteurs UNGG d'EDF à Chinon pour que les aspects économiques commencent à être pris en compte. Mais ce qui importait n'était pas tant le coût de l'installation mais la possibilité de disposer d'un outil de production qui réponde aux besoins du pays... bien évidemment évalués par la seule entreprise public. Le nucléaire était présenté comme la solution pour répondre à une demande d'électricité qui connaîtrait une croissance non pas linéaire mais exponentielle selon Pierre Ailleret. Ainsi fut gagné la construction d'EDF-2 qui pour un investissement deux fois supérieur à celui engagé pour la construction d'EDF-1 produirait trois plus d'électricité.
Tout l'enjeu était de concevoir des réacteurs qui permettent d'atteindre le « stade industriel ». Avec le soutien du Commissariat au Plan, EDF et le CEA convainquirent le pouvoir politique qu'il n'y avait pas d'alternative. Si la France voulait disposer de l'énergie nécessaire au développement de son économie, il fallait investir dans le nucléaire. La thèse avait le mérite d'être claire. La nucléocratie naissante, s'appuyant sur les données du Service des études économiques générales dirigé par Marcel Boiteux, faisait la promotion de réacteurs toujours plus puissants qui garantiraient un prix global du kWh modeste.
Comme l'a démontré Bruno Latour, cela n'était qu'une posture destinée à convaincre les politiques de débloquer les financements nécessaires. « Les déclarations sur les mérites économiques relatifs des différents projets étaient dans le meilleur des cas des spéculations savantes[61]. » Le problème est que les gouvernements faute de moyens d'expertise indépendants tombèrent dans le panneau. Ils laissèrent ainsi EDF et le CEA développer à leur guise une filière drapée de toutes les vertus... sans jamais pouvoir évaluer la réalité des arguments qui leur étaient assénés.
Au prétexte que le kWh nucléaire était tendanciellement moins cher que celui fourni par les autres modes de production, le cout du kW[62] passait au second plan. Peu importe la quantité d'investissement nécessaires, il fallait au final que la rentabilité soit au rendez-vous. Les nucléocrates inventèrent le kWh nucléaire compétitif. Il n'y eut guère que Nicolas Vichney du magazine Sciences & Vie pour dénoncer ce tour de passe-passe mettant en cause « une électricité caviar au tarif exorbitant[63]. » Mais aucun argument ne pouvait ébranler la résolution de l'Etat. Le nucléaire relevait du domaine réservé du président et l'Etat soutenait sans défaillir le développement de ce secteur considéré comme stratégique...
Secteur si stratégique que de nouveaux objectifs lui furent attribués par le pouvoir gaulliste. Il ne s'agissait plus seulement de disposer de Plutonium ou de développer une technologie novatrice mais de soutenir les fameux « champions industriels » de la France. La nucléarisation de la France devait donc permettre un renforcement de l'appareil productif en offrant des débouchés à des entreprises qui pourraient ensuite étendre à l'étranger leur expérience acquise en France. C'est dans ce contexte nouveau que les ingénieurs perdirent le pouvoir qu'il exerçait jusque là sur le développement de la filière nucléaire[64]. La suite est bien connue. Le marketing des entreprises américaines fit croire au pouvoir politique que la technologie graphite-gaz ne permettait pas un développement de l'industrie nucléaire à la mesure des attentes[65]. Le CEA perdit la guerre des filières qui l'opposait à EDF et au commisariat au Plan. Jules Horowitz ne réussit à convaincre de poursuivre la filière « française ». Le pays entra ainsi dans un nouveau régime techno-politique.
« EDF, écrivait Cabanius, jouait le double rôle de client et de fournisseur de l'industrie française. En tant que fournisseur, elle se devait de proposer aux entreprises de l'électricité bon marché afin de les aider à être compétitives vis à vis de leurs concurrences étrangères. En tant que client, elle se devait d'aider les entreprises à se réorganiser en larges consortiums capables de prendre en charge les investissements massifs nécessaires à la fabrication d'un réacteur[66]. »
Dès 1967 le paradigme qui prévaut encore aujourd'hui à l'Elysée était donc défini. Le nucléaire est conçu comme un des principaux outils pour garantir la compétitivité de l'économie française. Le problème est que ce postulat ne résiste pas à l'épreuve des faits.
Les critiques formulées par Jules Horowitz se sont révélées justes. Les coûts de fonctionnement et d'exploitation du parc nucléaire à eau légère n'ont rien à voir avec ceux annoncés par Westinghouse et General Electric[67]. En 1978, Philippe Simmonot[68] confirmait cette analyse. Les réacteurs ont couté au bas mot deux fois plus cher à construire que prévu. Non seulement l'industrie nucléaire n'a pas pu maitriser les couts prévisionnels mais la construction s'est révélée de plus en plus cher au fil des années. Le fameux article publié en 2010 d'Arnulf Grubler[69] explique clairement que l’hypothèse d’un apprentissage industriel significatif supposé conduire à une réduction des coûts dans le temps dans ce domaine nucléaire aux unités très importantes et aux technologies complexes s'est révélée fausse. En 2012, la Cour des Comptes n'a pu faire autrement que confirmer ces critiques anciennes[70].
Comment parler de compétitivité quand on observe que les coûts de construction depuis le début du programme des PWR avec une pente importante puisque les coûts d’investissement sont multipliés par 2,6 entre 1977 et 1998 en francs constants ? Cette compétitivité est un mythe comptable qui occulte la masse des crédits engagés par les pouvoirs publics pour produire un kWh dont le prix est artificiel. Le nucléaire a tout au plus servi les intérêts de quelques « champions industriels » qui ont toujours pu bénéficier d'un soutien sans faille des pouvoirs publics. Le plus surprenant est que l'Etat persévère aujourd'hui dans une stratégie industrielle qui a contribué de manière non négligeable à vider ses caisses !
Tout comme le général de Gaulle ou François Mitterrand, François Hollande ne se préoccupe guère du bien être et de la sécurité du plus nombre. L'important est la promotion des « champions ». Le plus surprenant est que l'on retrouve cette posture dans le rapport de la commission d'enquête parlementaire sur le cout du nucléaire. Si le discours intégre des critiques écologistes de l'industrie nucléaire, il reste globalement prisonnier d'une stratégie qui n'a guère évolué en cinquante années.
« Le travail de la commission a mis en évidence un certain nombre de conditions à la réussite d’une telle transition : que l’État se dote d’outils et d’instances d’expertise globale en continu tant sur la politique énergétique que sur les priorités d’investissement (et donc l’évaluation de leurs coûts) notamment sur le parc nucléaire ; que des business models robustes et durables soient mis en place pour la production énergétique, l’efficacité énergétique, le transport et la distribution de l’énergie ; que la France valorise pour cela ses champions industriels (dont nombre ont d’ores et déjà entamé une diversification et une évolution vers la transition énergétique qui ne demande qu’à être consolidée), particulièrement ceux dont l’État est actionnaire principal, en sortant d’une forme de schizophrénie tout particulièrement dans le cas d’EDF ; que les politiques nationales et européennes permettent la protection des entreprises électro-intensives en accompagnant leurs efforts d’efficacité énergétique ; et que les signaux prix donnés par un marché de l’électricité réformé découlent des orientations du paquet climat-énergie au lieu de les handicaper[71]. »
Les mêmes croyances dominent. Quelques soient les arguments développées et les expériences mises en œuvre, il semblerait qu'une majorité d'élus restent persuadé que la croissance est possible, que l'abondance d'électricité en est le fondement et que les choix technologiques doivent être dictées en dernier recours par le prix du kWh. Le drame est qu'une telle posture détermine une série d'effets en cascade qui nient le droit de chacun à vivre dans un environnement sain.
Puisque la pensée commune considère que le nucléaire est la seule solution pour satisfaire la quête de compétitivité tout ce qui peut remettre en cause l'image de cette industrie est édulcorée voire niée. On comprend mieux ainsi l'acharnement des pouvoirs publics à contester la nocivité des faibles doses, à imposer une stratégie périlleuse de stockage des matières radioactives, à prétendre qu'un plan existe pour gérer l'accident nucléaire et, au final, à entraver toute réelle transition énergétique. Tout au plus les pouvoirs publics exigent que l'industrie nucléaire soit vertueuse. Mais combien même les prérogatives de l'ASN seraient étendues, que peuvent quelques centaines d'inspecteurs contre une entreprise qui bénéficient de soutiens politiques indéfectibles ?
Il est urgent d'agir
Force est de reconnaître que Ségolène Royal en présentant le 18 juin 2014 une loi de transition aussi indigente donne à voir une claire soumission du gouvernement aux intérêts des « champions industriels » gavés à l'atome depuis un demi siècle. Elle n'apporte que de bien modestes réponses aux grands problèmes énergétiques et écologiques de notre temps. Non seulement rien n'est proposé de concret pour protéger la multitude des conséquences fatales d'un accident mais le principe même d'une transition est méprisé[72]. On voit clairement que l'Etat n'entend pas changer de base et poursuivre le projet fou, initié après la Seconde Guerre mondiale, de nucléarisé complètement le pays. L'EPR est la première déclinaison de ce projet complètement fou, Bure en est la seconde. Tels sont les deux glaives que l'Etat tient au dessus de nos têtes pour garantir la pérennité des 63.2 GW de nucléaire qui seraient gravés dans le marbre si la loi de transition énergétique venait à être votée telle qu'elle se présente aujourd'hui[73].
Nous sommes face à la plus importante offensive de la nucléocratie depuis le lancement du Plan Mesmer en 1973[74]. Pour autant tout n'est pas perdu. Quelques indices invitent à être optimiste. Le nucléaire ne bénéficie plus d'un soutien de l'opinion publique aussi large qu'à la fin de Trente Glorieuses. De plus en plus d'intérêts économiques commencent à douter de l'efficience du nucléaire. Et surtout beaucoup ont pris conscience que cette industrie n'est pas capable de garantir une authentique sureté. Le parc nucléaire vieillit et cela en inquiète très largement.
La loi présentée le 18 juin n'est qu'un projet. Elle peut encore être modifié si tant est que les parlementaires s'emparent de ce problème à la mesure des urgences climatiques, écologiques mais aussi sociales. Le nucléaire n'est ni sûr, ni bon marché[75]. C'est bien pour cela qu'il faut tourner la page de cette écueil technologique. Il convient donc d'agir en exprimant haut et fort la nécessité d'un arrêt définitif du nucléaire pour libérer les énergies en France et ailleurs.
participez à la campagne du Réseau Sortir du nucléaire et interpellez les parlementaires de votre région !
Alors qu’EDF cherche à obtenir la prolongation du fonctionnement des réacteurs nucléaires jusqu’à 50 voire 60 ans, nous devons agir pour contrecarrer ce projet lourd de risques. Les réacteurs ont été conçus pour fonctionner approximativement 30 ans, et déjà 27 d’entre eux ont dépassé cette durée...
Nous devons absolument interpeller nos député-e-s sur le danger majeur et sur les coûts astronomiques que le rafistolage et la prolongation des réacteurs impliqueraient. En effet, à l’automne prochain, les parlementaires débattront de la loi sur la transition énergétique.
Tou-te-s les parlementaires ne sont pas des relais zélés de la propagande du lobby nucléaire ; mais la plupart d’entre eux/elles connaissent mal les enjeux énergétiques et nucléaires. En agissant avec nous, vous pouvez influer sur la position qu’adopteront vos députés.
Interpelez les députés de votre région, envoyez-leur dès maintenant votre lettre ouverte "Nucléaire 30 ans d’âge : stop au rafistolage !"
http://www.sortirdunucleaire.org/stop-rafistolage
[1] POURQUOI UNE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE ?
http://transitionenergetique.org/propositions/pourquoi-une-transition-energetique/
[2] Delphine Batho dit sa vérité sur l’Elysée, Fessenheim et Notre Dame des Landes
http://www.reporterre.net/spip.php?article4658
[3] Plan commenté du projet de loi de programmation sur la transition énergétique
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/2013-12-10_-_Plan_commente_PJL_Programmation_TE.pdf
Loi sur la transition énergétique: l’état des lieux
[4] TRANSITION ÉNERGÉTIQUE : LE VRAI PROJET DE LOI
http://www.rac-f.org/Transition-energetique-Le-VRAI?var_mode=calcul
[5] La transition énergétique, encore et toujours repoussée
[6] Transition énergétique : Hulot craint "le renoncement de trop"
http://www.lejdd.fr/Politique/Transition-energetique-Hulot-craint-le-renoncement-de-trop-670586
[7] Transition énergétique : le contenu du projet de loi se précise
[8] transition énergétique : laissons une chance à la loi
http://www.terraeco.net/Transition-energetique-laissons,55388.html
[9] Cigéo retiré de la loi énergie : les écologistes ont obtenu gain de cause
http://denisbaupin.fr/cigeo-retire-de-la-loi-energie-les-ecologistes-ont-obtenu-gain-de-cause/
[10] Transition énergétique : oubli du secteur des transports
[11] Demande d’une commission d’enquête parlementaire sur les coûts du nucléaire
[12] La commission d’enquête sur le nucléaire craint une explosion des coûts
Energie : des députés sonnent l'alarme sur le vrai coût du nucléaire
Nucléaire: les parlementaires s'inquiètent des coûts de la filière
[13] RAPPORT FAIT AU NOM DE LA COMMISSION D’ENQUÊTE relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d’exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l’électricité nucléaire, dans le périmètredu mix électrique français et européen, ainsi qu’aux conséquences de la fermeture et du démantèlement de réacteurs nucléaires, notamment de la centrale de Fessenheim
http://www.assemblee-nationale.fr/14/rap-enq/r2007-tI.asp#P246_22838
[14] Ibidem, p 19.
[15] " Les charges brutes futures de la filière nucléaire, évaluées par la Cour des comptes à 87,2 milliards d’euros en 2013, ne sont pas inscrites telles quelles dans les comptes d’EDF, d’AREVA et du CEA, mais sous la forme de provisions, pour un montant de 43,7 milliards d’euros. La différence entre les deux montants s’explique par l’application d’un taux d’actualisation. Cette opération comptable est tout à fait classique : elle vise à traduire les effets financiers liés à l’échelonnement des dépenses futures dans le temps. Par exemple, le rapport entre les provisions et les charges brutes est plus élevé dans le cas du CEA, car les dépenses futures de l’établissement public seront réalisées plus tôt que celles d’EDF et d’AREVA." Ibidem, p 125.
[16] Ibidem, p 90.
[17] Ibidem, p 142.
[18] idem.
[19] Ibidem, p 141.
[20] Ibidem, p 140.
[21] Ibidem, p 205.
[22] ANODE, association nationale des opérateurs détaillants en énergie
[23] RAPPORT FAIT AU NOM DE LA COMMISSION D’ENQUÊTE relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d’exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l’électricité nucléaire, dans le périmètredu mix électrique français et européen, ainsi qu’aux conséquences de la fermeture et du démantèlement de réacteurs nucléaires, notamment de la centrale de Fessenheim, op cit, p 205
[24] Looking Back on the Limits of Growth,Forty years after the release of the groundbreaking study, were the concerns about overpopulation and the environment correct?
http://www.smithsonianmag.com/science-nature/looking-back-on-the-limits-of-growth-125269840/?no-ist=
[25] "La croissance mondiale va s’arrêter"
[26] Comprendre le pic pétrolier !(mise à jour 03/2013)
http://www.avenir-sans-petrole.org/article-comprendre-le-pic-petrolier-73334038.html
Perspectives énergétiques mondiales (Conférence ASPO - 1ère partie)
Impact du pic pétrolier sur l'économie (Conférence ASPO - 2ème partie)
[27] Les prix de l’électricité vont fortement grimper en 2014
Electricité : le Conseil d'Etat impose une hausse rétroactive
Hausse des prix de l'électricité : la fin de l'exception française
même l'UFE est obligée de reconnaître cette hausse inéluctable du prix du kWh :
http://www.observatoire-electricite.fr/Les-prix-finaux-de-l-electricite
[28] Réseau Action Climat - France, TRANSITION ÉNERGÉTIQUE : TOUT ÇA POUR ÇA ?
http://www.rac-f.org/Transition-energetique-tout-ca
[29] Greenpeace France, Transition énergétique : EDF fait la loi
http://web-engage.augure.com/pub/link/334700/0515611825529161403087427621-greenpeace.org.html
[30] Réseau Sortir du nucléaire, 18 juin 2014 : Nucléaire : la transition énergétique enterrée à la pelle le 18 juin
http://www.sortirdunucleaire.org/transition-enterree?var_mode=calcul
[31] "Ce n'est pas une transition, c'est une stagnation énergétique", interview de Benoît Hartmann, porte parole de FNE par le JDD
http://www.lejdd.fr/Societe/Ce-n-est-pas-une-transition-c-est-une-stagnation-energetique-672352
[32]TRANSITION ÉNERGÉTIQUE: LE PROJET DE LOI ACTUEL NE PEUT SATISFAIRE LES ÉCOLOGISTES SUR LE NUCLÉAIRE
[33]Ségolène Royal v(i)olée par les lobbies du nucléaire dans la soirée
http://www.amisdelaterre.org/Segolene-Royal-v-i-olee-par-les.htm
Le stupéfiant coup de force du gouvernement pour imposer l’enfouissement des déchets nucléaires
http://www.reporterre.net/spip.php?article6034
[34] Transition énergétique: l’avant-projet de loi déjà amputé
[35] Rapport de Jean Besson, Parlementaire en mission auprès de Nicole Fontaine, ministre déléguée à l’Industrie, « Une stratégie énergétique pour la France »
http://www.vie-publique.fr/documents-vp/besson_offre_energie.pdf
[36] Loi n° 2005-781 du 13 juillet 2005 de programme fixant les orientations de la politique énergétique
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000813253
[37] Ibidem, art. 2.
[38] Global Chance, Autour de la transition énergétique : questions et débats d'actualité
http://www.global-chance.org/Autour-de-la-transition-energetique-questions-et-debats-d-actualite
Global Chance, Des questions qui fâchent : contribution au débat national sur la transition énergétique
[39] Loi n°2005-781, op cit, art 2.
[40] Ce site mis en ligne par les associations qui ont participé au DNTE présente les revendications présentées depuis la première conférence environnementale en 2012
http://transitionenergetique.org/
[41]Débat national : la transition énergétique sera-t-elle décroissante ?
Les scénarios prospectifs de demande d’énergie de l’UFE
http://www.ufe-electricite.fr/IMG/pdf/presentation_des_scenarios_ufe_2013.pdf
ELECTRICITÉ 2030 : QUELS CHOIX POUR LA FRANCE ?
http://www.ufe-electricite.fr/publications/etudes/article/electricite-2030-quels-choix-pour
[42] Au PS, le nucléaire est bien gardé
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/au-ps-le-nucleaire-est-bien-garde_1053320.html
Le PS ne se sort pas du nucléaire
http://www.slate.fr/story/36629/nucleaire-socialistes
Les sociaux-démocrates et la question du nucléaire civil
[43] La loi NOME ou le partage de la dette nucléaire
http://www.sortirdunucleaire.org/La-loi-NOME-ou-le-partage-de-la
Mise en œuvre de la loi nome : concilier trois impératifs
En savoir plus sur http://archives.lesechos.fr/archives/cercle/2011/03/08/cercle_33800.htm
[44] Le nucléaire va financer la transition énergétique
[45] Conférence environnementale : les annonces d'Ayrault dans son discours de clôture
[46] Taxe carbone et nucléaire pour financer la transition énergétique
[47] Conférence environnementale : le nucléaire va-t-il payer la transition énergétique ?
[48] Nucléaire: le Grand carénage d’EDF coûtera plus de 55 milliards
L’échéance des 40 ans pour le parc nucléaire français
http://www.greenpeace.org/france/PageFiles/266521/greenpeace-rapport-echeance-40-ans.pdf
[49] Tarifs d’électricité: Royal annule la hausse prévue, EDF chute
Electricité : il y aura une hausse « modérée » des tarifs en septembre ou octobre
Electricité : Valls annonce une hausse de moins de 5% à l'automne
[50] Le décret sur le prix du nucléaire sera retardé
[51] RAPPORT FAIT AU NOM DE LA COMMISSION D’ENQUÊTE relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d’exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l’électricité nucléaire, dans le périmètredu mix électrique français et européen, ainsi qu’aux conséquences de la fermeture et du démantèlement de réacteurs nucléaires, notamment de la centrale de Fessenheim, op cit, p 207-211
[52] Pourquoi le prix de vente de l'électricité d'EDF pourrait augmenter
[53] Loi n° 2013-1279 du 29 décembre 2013 de finances rectificative pour 2013
Article 58
I. – 1. Il est institué au profit de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, mentionnée à l’article L. 542-12 du code de l’environnement, une contribution spéciale exigible jusqu’à la date d’autorisation de création du centre de stockage en couche géologique profonde, mentionné au 2o de l’article 3 de la loi no 2006-739 du 28 juin 2006 de programme relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs, et au plus tard jusqu’au 31 décembre 2021.
[54] Quel financement de la transition énergétique ?
Les banques françaises au rendez-vous du financement de la transition énergétique
Une solution pour financer la transition énergétique dans les bâtiments publics
[55] Projet de loi transition énergétique : quelles évolutions pour les collectivités ?
[56] Quel financement pour la transition énergétique ?
http://www.actu-environnement.com/ae/news/DNTE-transition-energetique-financement-18591.php4
Note de propositions du Réseau Action Climat-France sur le financement de la transition énergétique
http://www.rac-f.org/IMG/pdf/Note_Financement_Transition.pdf
[57] Transition énergétique : financer à moindre coût les énergies renouvelables
Note de la fondation Terra Nova établie par Alain Grandjean, Alexandre Wagner, Benjamin Thibault, Corentin Sivy
http://www.tnova.fr/note/transition-nerg-tique-financer-moindre-co-t-les-nergies-renouvelables
[58] RAPPORT FAIT AU NOM DE LA COMMISSION D’ENQUÊTE relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d’exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l’électricité nucléaire, dans le périmètredu mix électrique français et européen, ainsi qu’aux conséquences de la fermeture et du démantèlement de réacteurs nucléaires, notamment de la centrale de Fessenheim, op cit, p 178-180.
[59] Fukushima deux ans après : des victimes livrées à elles-mêmes
http://www.greenpeace.org/france/PageFiles/300718/190213_Fukushima_2ans_indemnisations.pdf
[60] Gabrielle Hecht, Le rayonnement de la France, énergie nucléaire et identité nationale après la Seconde Guerre mondiales, Paris, 2014, Editions Amsterdam.
[61] Ibidem, p 99.
[62] Le coût d'investissement total de la construction de la centrale divisé par le nombre maximum de kW qu'elle peut produire quel que soit le moment considéré
[63] Gabrielle Hecht, Le rayonnement de la France, op cit,p 261
[64] Ibidem, p 111-128
[65] Ibidem, chap 7, p 313-380
[66] Ibidem, p 325.
[67] Gabrielle Hecht, Le rayonnement de la France, op cit, p 317.
[68] Philippe Simmonot, Les nucléocrates, Grenoble, 1978, Presse universitaire de Grenoble.
Le lobby nucléocrate, mythe ou réalité ?
http://ecorev.org/spip.php?article89
[69] Arnulf Grubler, The costs of the French nuclear scale-up: A case of negative learning by doing, mai 2010
[70] Rapport public thématique de la Cour des comptes, Les coûts de la filière nucléaire, publié le 31 janvier 2012
http://www.ccomptes.fr/Publications/Publications/Les-couts-de-la-filiere-electro-nucleaire
[71] RAPPORT FAIT AU NOM DE LA COMMISSION D’ENQUÊTE relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d’exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l’électricité nucléaire, dans le périmètredu mix électrique français et européen, ainsi qu’aux conséquences de la fermeture et du démantèlement de réacteurs nucléaires, notamment de la centrale de Fessenheim, p 18
[72] Greenpeace, Objectif 2050, ABC de la transition
http://www.greenpeace.fr/abc-transition/
A 40 year plan for energy by Amory Lovins
http://www.ted.com/talks/amory_lovins_a_50_year_plan_for_energy
[73] PROJET DE LOI de programmation pour la transition énergétique - NOR : DEVX1413992L
CHAPITRE II - LE PILOTAGE DU MIX ELECTRIQUE
Article 56
III. - Après l’article L. 311-5 du même code, sont insérés six articles ainsi rédigés :
« Art. L. 311-5-5. – Toute autorisation d’exploiter une installation de production d’électricité d’origine nucléaire, délivrée en application de l’article L. 311-5, respecte la limitation de la capacité totale de production de 63,2 GW. Le cas échéant, l’exploitant propose les mesures permettant de satisfaire cette condition.
[74] Comment la France est devenue nucléaire (et nucléocrate)
http://www.slate.fr/story/36491/france-nucleaire-nucleocrate
Nucléaire : l’exception française ?
http://ecorev.org/spip.php?article88
[75] Les énergies renouvelables deviennent compétitives
La transition énergétique a un coût. Mais ne pas agir coûterait encore plus cher!
Transition énergétique: on s'y met?
http://www.huffingtonpost.fr/morgane-creach/transition-energetique-on_1_b_4856859.html
Le coût de la transition énergétique estimé à 44.000 milliards de dollars
L'industrie européenne gagne en compétitivité grâce aux énergies renouvelables