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Billet de blog 10 novembre 2014

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Remaniement à risque à Delhi

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Il n’arrêtait pas de dire que l’Inde avait besoin d’un gouvernement resserré et d’une meilleure gouvernance (minimum government, maximum governance). Il n’aura fallu que six mois à Narendra Modi pour craquer. Dimanche 9 novembre, le Premier ministre a fait entrer 21 nouveaux membres au sein de l’exécutif, ce qui fait que son équipe est désormais presque aussi pléthorique que celle de son prédécesseur, Manmohan Singh (65 contre 73). Cette décision ne parait pas si injustifiée, après tout. Dans le gouvernement Modi I, certains ministres cumulaient des portefeuilles sans rapport les uns avec les autres, il y avait de quoi se demander comment les intéressés arrivaient à tout gérer. C’était notamment le cas d’Arun Jaitley, responsable jusqu’à la semaine dernière des finances et de la défense. Ou bien de Ravi Shankar Prasad, qui faisait le grand écart entre la justice et les technologies de l’information. Ou encore de Prakash Javadekar (environnement et communication) et Nitin Gadkari (transports routiers et développement rural). Par ailleurs, il était suffisamment reproché hier à Modi ses tendances autocratiques, illustrées par la solitude d’un célibataire ne dormant que quatre ou cinq heures par nuit dans sa résidence du 7, Race Course Road, à Delhi, pour que l’on s’émeuve aujourd’hui d’un meilleur partage des responsabilités, en théorie du moins.

Cela dit, Modi a pris plusieurs risques. Celui, d’abord, de l’ouverture, que Nicolas Sarkozy avait expérimentée en son temps à l’Elysée avec des Kouchner, Besson, Hirsch ou Mitterrand, sans résultats probants, loin s’en faut. Dès dimanche, les gardiens du BJP ont d’ailleurs pointé la menace d’un affaiblissement de l’idéologie de droite nationaliste qui caractérise la formation au pouvoir. Ces derniers sont furieux de l’arrivée au gouvernement de plusieurs déserteurs, des personnalités ayant changé de bord au printemps pour rejoindre le BJP, sentant le vent tourner à l’approche des élections générales dans le pays.

Ensuite, Modi a pris le risque de dessiner une équipe peu représentative des diversités de l’Inde. Les femmes ne sont que huit au gouvernement, soit 12%. Les Musulmans, qui constituent 13% de la population indienne, ne représentent que 3% du gouvernement. Quant aux origines géographiques des ministres, l’Uttar Pradesh, le Bihar et le Maharashtra, où le BJP est localement majoritaire, sont sur-représentés, tandis que Kerala et Tamil Nadu dans le sud, Assam, Sikkim, Mizoram ou Nagaland dans le nord-est, comptent au mieux un représentant dans l’exécutif. Il s’agit des Etats où le BJP a obtenu très peu de députés en mai dernier, voire aucun. C’est sûrement un hasard.