L’amitié qui lie depuis plusieurs années déjà le Premier ministre indien à son homologue japonais commence à produire des effets concrets. Après avoir promis en septembre que son pays allait investir 33,8 milliards de dollars (30,8 milliards d’euros) dans des grands chantiers d’infrastructures en Inde, le conservateur libéral Shinzo Abe a profité de sa visite à Delhi, les 11 et 12 décembre, pour signer avec le nationaliste hindou Narendra Modi le contrat du train à grande vitesse censé relier Bombay à Ahmedabad en 2023. Si la technologie nippone du Shinkansen a été retenue, c’est que Tokyo va mettre la main à la poche en finançant 80% de l’investissement nécessaire, sous forme d’un prêt de 12 milliards de dollars d’une durée de 50 ans, au taux de 0,1%. Une aubaine pour l’Inde qui, autrement, n’aurait pas les moyens de s’offrir un tel bijou.
C’est en revanche un nouveau revers pour la SNCF, qui n’a pas réussi à vendre son TGV aux Indiens, alors même que sa filiale Systra a piloté l’étude de faisabilité de la ligne Bombay-Ahmedabad, dont le tracé mesure 505 km. Une étude remise aux pouvoirs publics il y a quelques mois à peine et qui a été réalisée aux frais de la SNCF, avec le soutien de Bercy. La compagnie française aurait pu se consoler avec d’autres projets actuellement dans les cartons dans le sous-continent. Mais pour l’heure, aucune perspective ne s’offre à elle, la France n’étant pas en mesure, elle, de prêter des milliards de dollars à l’Inde.
Ainsi, il y a un an, le ministre indien des chemins de fer, Suresh Prabhu, a confié à la Chine le soin de réaliser une ligne à grande vitesse entre Delhi et Chennai, avec la technologie HSR. Avec ses 1754 km, ce sera le deuxième plus long tracé de ce type au monde, après la ligne Beijing-Guangzhou. Les Japonais ont de grandes chances de placer leur Shinkansen sur une troisième ligne, celle qui reliera un jour Chennai à Hyderabad et peut-être même à Bombay : c’est la Japan External Trade Organization (Jetro) qui a été chargée de rédiger l'avant-projet. Quant aux deux autres lignes, elles sont encore dans les limbes. L’une serait destinée à relier Delhi à Patna, dans l’Etat du Bihar, en traversant les grandes villes d’Uttar Pradesh, Agra, Lucknow et Bénarès. L’autre permettrait de mettre en relation rapide Calcutta et Chennai.