Narendra Modi et son ministre des Finances, Arun Jaitley, se sont montrés plus généreux que prévu envers les start-ups indiennes. Le plan qu’ils ont dévoilé samedi 16 janvier va au-delà des espérances des intéressées. Il prévoit la création d’un fond d’investissement doté de 100 milliards de roupies (1,35 milliard d’euros), une exemption d'impôt durant les trois premières années d’existence et une réduction de 80% du coût des brevets. Il prévoit également la possibilité de créer son entreprise en vingt-quatre heures et dispense pendant trois ans les jeunes pousses d’inspection du travail et de contrôle du respect des lois environnementales.
Intéressant et même encourageant, disent les milieux d’affaires, tant les autres réformes du gouvernement se font attendre. A cet égard, relève Tavleen Singh, éditorialiste à The Indian Express, 2016 s’annonce comme une année “vitale” pour Modi. Le premier ministre est certes entravé par les lourdeurs d’une administration très conservatrice, il n’a pas encore été en mesure de tenir ses grandes promesses économiques et c’est donc maintenant ou jamais. Le pays dont il hérité au printemps 2014 souffre de pauvreté, de maladie et d’illettrisme, rappelle la journaliste, et “au moins, on peut reconnaître à Modi son sens de l’intérêt général”, ce qui est “un bon début”.
Près de deux ans après son arrivée au pouvoir, le représentant de la droite nationaliste hindoue est néanmoins en échec sur l’emploi. Durant les premiers mois de son mandat, les créations de postes ont doublé (+118%) dans les huit secteurs les plus dynamiques, tels que la métallurgie, les biens de consommation, le textile ou les transports. Mais globalement, 2014 a terminé au même niveau que 2013, avec 420.000 créations d'emplois, indique le ministère du travail. Et au premier semestre 2015, les créations ont été quasi nulles (21.000) pour un pays où 42 millions de personnes doivent entrer dans la vie active d'ici à 2020, selon les calculs de l’Organisation mondiale du travail, ce qui nécessiterait la création de 8,4 millions de postes chaque année.
Pour le magazine Open, réputé pro-Modi, l’heure est grave mais si l’exécutif actuel rencontre des difficultés et risque la paralysie politique, comme ce fut le cas pendant dix ans de gouvernement de gauche, c’est la faute de l’opposition, qui pratique une obstruction presque systématique au Sénat. Question de méthode ? La rumeur d’une remaniement est en tout cas en train d’enfler à Delhi. On prête notamment au premier ministre l’intention de se débarrasser de son sulfureux ministre de la culture, Mahesh Sharma, qui s’est distingué ces derniers mois par un excès de zèle anti-musulman et anti-liberté d’expression.
Mais un autre membre de son équipe serait aussi sur la sellette, et non des moindres puisqu’il s’agit d’Arun Jaitley lui-même. C’est du moins ce que pense l’hebdomadaire Outlook, qui juge que le ministre des finances, poids-lourd du gouvernement, a l’honnêteté “de ne pas passer sous silence la réalité des chiffres” mais est responsable d’ “une économie qui n’arrive pas à décoller, de la baisse des exportations et de la plongée du Sensex”, l’indice phare de la Bourse de Bombay. Arun Jaitley jure, il est vrai, que la croissance du pays pourrait dépasser un jour prochain les 10%, alors qu’elle s’établit pour le moment à 7,4%. Les start-ups ont du pain sur la planche !
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