Après le déluge, plus rien. Plus une goutte d'eau, ou presque, n'est tombée du ciel depuis l'inénarrable mardi 29 août qui a vu Bombay engloutie par les flots. Les photos satellites qui circulent depuis sur internet laissent imaginer ce qui pourrait arriver un jour, réchauffement climatique oblige, tant la ville péninsule qui avance dans la mer d'Arabie est entourée d'eau. Mais en attendant, le soleil brille et il faut bien trouver un responsable au désastre. Et plutôt que de commencer par admettre le caractère exceptionnel des 316 mm de pluie tombés en quelques heures ce funeste mardi, les yeux se tournent vers les services météorologiques.

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On se demande en effet pourquoi ces derniers n'ont pas sonné l'alerte lundi soir, au vu de la dépression qui gonflait au large, sachant qu'un fort coefficient de marée était de surcroît attendu ce jour-là. Mais le plus curieux est la promptitude avec laquelle, alors que des centaines de milliers de gens étaient piégés dans les voitures, dans les bus et dans les gares quand ils n'avaient pas osé s'aventurer dans une eau boueuse leur arrivant jusqu'à la taille, les mêmes services météorologiques se sont empressés, pour le coup, d'alerter la population sur le risque d'averses diluviennes pour les deux jours suivants. Ce faisant, l'angoisse s'est diffusée dans Bombay, qui a eu des allures de ville morte le lendemain de la catastrophe, mercredi 30 août. Or une fois les nuages balayés par le vent, un ciel azur s'est imposé, les eaux ont reflué et les rues ont rapidement séché. Les météorologues seraient donc parfaitement incompétents ?
Pas du tout, nous a expliqué un habitant de longue date du quartier de Lalbaug, l'un des plus touchés par l'inondation. Les experts sont simplement à la botte des politiques. Lundi soir, c'est à dessein qu'ils n'ont pas voulu affoler la population et provoquer la panique. Mardi, s'ils ont au contraire joué les Cassandre, c'est pour permettre aux agents municipaux chargés de nettoyer la voirie, et d'évacuer les épaves automobiles et les arbres déracinés, d'agir en toute tranquillité. La mairie de Bombay s'est du reste targuée d'avoir retenu la leçon de l'inondation historique du 26 juillet 2005 lors de laquelle il était tombé plus de 900 mm de pluie, faisant valoir que cette fois, elle avait remis la ville sur pied dans des délais admirables. CQFD.

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