Paris, lundi 11 septembre 2017.
Chaque matin, la fin de mon petit-déjeuner est rythmée par la Matinale de France Inter. Avant de tenter de rentrer dans un RER A bondé afin de rejoindre mon bureau, la voix de Nicolas Demorand - sorte de retour vers le futur - annonce l’invité politique et rappelle la fin de l’été. Benjamin Griveaux, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Economie, ouvre cette semaine sociale en donnant à entendre aux auditeurs ce qui semble désormais définir les élus LRM, le mépris. Passons sur l’hallucinante obsession mélenchoniste, désormais préoccupation absolue des petits soldats du Président (bien plus que la lutte contre l’extrême droite), Benjamin Griveaux incarne parfaitement le technocrate à la langue de bois dont la simple intonation de voix montre toute la suffisance qu’il a pour les classes populaires. Moins vulgaire que les déclarations de la députée de l’Eure Claire O’Petit qui s’inquiétait de voir des étudiants s’opposer à la baisse de 5 euros des allocations logement (“parce n’oublions pas que c’est nos impôts qui paient leurs études”) mais aussi dédaigneux, ce trentenaire formé à l’Ecole des Hautes Etudes Commerciales de Paris pousse le cynisme à son comble lorsqu’interrogé sur l’intervention du gouvernement à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, les îles françaises des Caraïbes quasiment rasées par l’Ouragan Irma, il annonce qu’une association d’artisans bénévoles se rendra sur place pour aider la population à reconstruire les territoires. Nul doute que Johnny Hallyday, Vincent Bolloré ou Martin Bouygues seront ravis de la remise à neuf de leur résidence secondaire offerte par ces petits artisans.
Le courageux Secrétaire d’Etat s’est ensuite lancé dans le sauvetage du Président et de son discours d’Athènes sur les « fainéants » qui s'opposent à sa politique de réformes, expliquant que le qualificatif n’était pas destiné aux Français mais bien au diabolique Jean-Luc Mélenchon!
Ce qui est navrant, c’est que le Président avait pourtant fait un discours de refonte de l’Europe assez remarquable qui aurait dû occuper une place centrale dans les médias. En terminant sur cette note, il a balayé d’un trait l’ensemble de ses propos. Macron, qui alterne communication ultra calibrée et sorties en roue libre, incarne, à l’image de sa majorité dont Benjamin Griveaux semble le parangon, cette France triomphante, heureuse et dynamique, totalement déconnectée des réalités sociales ultra-parisiennes.
A la veille d’une mobilisation qui donnera le ton à un automne social, il serait bienvenu que les représentants LRM aient le verbe un peu plus modeste car, à l’instar de la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le bœuf, s’ils enflent trop, il se pourrait qu’ils explosent.