Agrandissement : Illustration 1
Depuis 2010, le PMU soutient la création photographique contemporaine en proposant une carte blanche où le lauréat ou la lauréate dispose de quatre mois et de 20 000 euros (hors catalogue) pour réaliser une œuvre singulière où il ou elle donne à voir sa vision de l'entreprise par le prisme du l'univers du jeu. Souvent inattendu tant dans le renouvèlement de l'image qu'il propose de la société que dans l'œuvre de l'artiste, le résultat était exposé pour la troisième année consécutive à la galerie de photographies du centre Pompidou qui a succédé au Bal, son partenaire historique, dans l'accueil de la manifestation.
Lauréate de la dernière carte blanche PMU, la photographe finlandaise Elina Brotherus offre une réponse qui, si elle s'inscrit dans la continuité de son travail, donne de ce dernier une lecture plus légère, moins affectée. Nul doute que la thématique du jeu dans son acception large, a autorisé l'artiste à quelques digressions vers un ailleurs plus gai que celui qu'elle habite d'ordinaire.
Elina Brotherus (née en 1972) connaît bien la France. Depuis 1999, elle partage son temps entre sa ville natale Helsinki et sa maison d'Avallon dans l'Yonne. De son travail photographique tourné vers le quotidien, l'intime, elle devient rapidement le personnage principal saisi dans l'action de la vie ordinaire. L'influence des écoles du Nord est manifeste et se retrouve dans le camaïeu des couleurs pastel qui composent subtilement ses œuvres photographiques et qui évoque une imperceptible nostalgie.
Le travail que l'on découvre au Centre Pompidou garde le dispositif qui fait de la photographe l'élément central de ses photographies mais en change complètement la perception en y adjoignant des motifs aux couleurs vives, dans des postures où la légèreté et le bonheur traduisent une joie de vivre manifeste. Sous le titre "Règle du jeu", Brotherus propose un regard original sur cet univers qu'elle aborde dans son travail pour la première fois. Pour ce faire, elle convoque un second personnage, la danseuse et chorégraphe Vera Nevanlinna. Ce binôme apparaît comme nouveau ici puisque jamais jusqu'à présent la question de l'altérité n'a été si prégnante dans sa pratique.
C'est dans les "event scores" des artistes des années 1960-70, de Fluxus à John Baldessari, que Brotherus va puiser ces "règles du jeu". Ils sont autant d'indications suffisamment ouvertes pour laisser place à sa propre créativité lorsqu’elle les réinterprète. Elle recompose ainsi une sorte d'école idéale où elle évolue sous la bienveillance de professeurs choisis. Le résultat donne une série drôle et ludique qui fait référence à une histoire récente de l'art.
Succédant à la photographe d'origine espagnole Anna Malagrida qui, l'an dernier, avait placé de façon remarquable la question des migrants au cœur du jeu, Elina Brotherus s'amuse - peut-être pour la première fois - en plongeant son personnage dans la création artistique récente passée par le prisme du jeu. Affublé d'un acolyte qui, de l'autre côté du miroir, devient en quelque sorte son double, elle propose une lecture résolument ouverte de la carte blanche PMU.