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Pas de débat, pas de mandat
L'attitude de la Macronie face à ces élections a une nouvelle fois démontré son profond mépris pour la démocratie et les campagnes électorales.
Après avoir enjambé la plupart des scrutins du quinquennat : d'abord les municipales de 2020 victimes du covid, ensuite les sénatoriales également en septembre 2020 (si si je vous assure elles ont eu lieu !), puis les régionales et les départementales organisées le même jour en plein mois de juin 2021. Ces trois élections, trois défaites éclatantes pour En Marche, n'avaient déjà produites aucun changement de cap dans la politique gouvernementale, il eut été naïf d'attendre du candidat Macron à sa réélection qu'il propose un réel programme aux Français.
Officiellement, le chef d'Etat n'avait pas le temps pour la campagne, car il discutait avec Vladimir Poutine. A noter que ces discussions ont pris fin juste après le premier tour, dénonçant alors la proximité entre son adversaire et Poutine.
Après avoir attendu les dernières semaines de la campagne pour présenter son "projet" lors d'une longue et confuse conférence de presse, le candidat Macron annonçait alors un recul de l'âge de départ à la retraite à 65 ans à la veille du second tour. Puis voyant le score impressionnant de Jean Luc Mélenchon, il se ravisait en évoquant d'abord un report à 64 ans, puis une nouvelle concertation vers 2030, enfin il laissait aussi entendre qu'il n'était pas hostile à l'idée d'un référendum, avant de changer encore d'avis, voyant qu'il avait tué le match avec Marine Lepen pour dire préférer une concertation.
Il faudrait donc être profondément pervers pour conclure que la réélection d'Emmanuel Macron lui un donne un quelconque mandat sur ce sujet, lui qui considère en bon disciple de Saint Simon qui rêvait de "remplacer le gouvernement des hommes par l'administration des choses", que ces affaires doivent être gérées par la haute fonction publique et non le peuple.
Vers un vrai débat démocratique aux Législatives ?
Imaginer dissocier l'élection du chef de l'Etat des législatives qui suivent serait un doux rêve de constitutionnaliste. Cela permettrait de revenir à une pratique plus équilibrée des institutions. Ce serait une preuve de maturité démocratique. Rappelons que si l'élection présidentielle est sensée décider du chef de l'Etat, ce sont les législatives qui définissent la majorité gouvernementale.
Mais malheureusement, je n'y crois pas et cela même si l'union de la gauche vient ajouter un peu de sel à ces élections. Depuis 2000, l'alignement du candidat du calendrier présidentiel et du calendrier législatif donne automatiquement une majorité au président, surtout dans ce sens là. Les classes populaires abordent ce nouveau scrutin avec une grande lassitude démocratique, il est peu probable qu'elles votent en masse, avantageant alors "Louis-Philippe Macron", candidat des élites, qui remportera aisément ce nouveau scrutin censitaire.
Macron le candidat des boomers
Macron n'est pas seulement le candidat des élites, il est aussi le candidat des retraités. Sans bombarder de chiffres et en renvoyant plutôt aux différents sondages, voici deux éléments à retenir: Macron fait chez les retraités d'après un sondage Elabe près de 40% au premier tour, tandis que Marine Lepen ne fait que 18% et Jean-Luc Mélenchon seulement 12%. A l'inverse, Jean-Luc Mélenchon bénéficie du vote des jeunes (32%) et Marine Lepen de celui des actifs (29%).
Juste pour rappeler quelques éléments purement factuels qu'on retrouve facilement dans l'ouvrage de Jean-François Sirinelli, Génération sans pareil : d'abord les babyboomers sont à la fois la classe d'âge la plus nombreuse de l'Histoire de France et aussi celle qui a profité de la plus grande période de prospérité des trente glorieuses. Ensuite, c'est une génération qui a elle même baissé l'âge de son départ en retraite à 60 ans lors des années 80 et qui aujourd'hui veut hausser à 65 ans, voire plus, l'âge de ses enfants. Enfin, et c'est assez évident, dans un système de répartition, il incombe à chaque génération de financer les retraites de celle qui l'a précédée.
Grèves et manifestations
Si la réélection du président ne lui donne donc pas un mandat démocratique sur ce sujet, cela signifie que tôt ou tard, les Français débattront de la question et utiliseront des moyens de contestation parfaitement légitimes. En aucun cas, je n'appelle à la violence, non seulement cela ne servirait pas cette cause juste, mais cela l'affaiblirait, en revanche d'autres moyens existent pour contester ces projets : l'opposition parlementaire d'une part que menace déjà le gouvernement d'un 49.3 , et le dialogue syndical, le droit de grève, la désobéissance civile d'autre part.