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Billet de blog 9 novembre 2025

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Frais de représentation des élus : que dit le droit ?

Deux dossiers récents — celui d’Anne Hidalgo et de Jeanne d’Hauteserre — ont mis en lumière la question des notes de frais et de leur encadrement juridique. Sans entrer dans le débat politique, il est utile de rappeler ce que prévoit le droit français.

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L’article L 2123-19 du Code général des collectivités territoriales dispose que « le conseil municipal peut voter, sur les ressources ordinaires de la commune, des indemnités au maire pour frais de représentation ». Ces frais sont donc possibles, mais jamais automatiques : ils doivent faire l’objet d’une délibération du conseil municipal précisant le montant et la nature des dépenses autorisées.

Illustration 1

La jurisprudence et la doctrine administrative rappellent que ces dépenses doivent être directement liées à la fonction : réceptions, cérémonies, déplacements, cadeaux institutionnels… Elles ne peuvent être assimilées à une rémunération déguisée. Comme l’explique Public Sénat, seules les dépenses engagées « personnellement et dans l’intérêt de la commune » sont imputables à la collectivité.

Dans le cas d’Anne Hidalgo, les frais de représentation s’élèveraient à environ 84 000 € sur cinq ans, soit dans la limite de l’enveloppe votée par le Conseil de Paris (environ 19 720 € par an). Juridiquement, la légalité du dispositif tient donc à la délibération et au respect du plafond. Mais la question de la justification — la nature exacte des dépenses, leur lien avec l’exercice de la fonction — relève d’un contrôle d’opportunité et de transparence.

De même, la maire du 8ᵉ arrondissement, Jeanne d’Hauteserre, a reconnu avoir utilisé son enveloppe en partie pour des tenues vestimentaires de marque et s’est dite prête à rembourser les montants concernés. Là encore, tout dépendra de la preuve que ces achats répondaient à un usage de représentation publique et non privé.

Enfin, le contrôle de légalité ne s’arrête pas à la délibération. Les citoyens peuvent demander communication des justificatifs sur le fondement de l’article L.300-2 du Code des relations entre le public et l’administration, et les chambres régionales des comptes peuvent en vérifier la cohérence.

Ainsi, les « notes de frais » d’un élu ne sont pas illégales en soi : elles le deviennent si elles manquent de base délibérative, de justification ou de lien direct avec la mission publique. Le cadre juridique est souple ; c’est la transparence et la traçabilité qui en garantissent la légitimité.

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