GuillaumePostel (avatar)

GuillaumePostel

Idiot utile, forcément

Abonné·e de Mediapart

18 Billets

0 Édition

Billet de blog 2 septembre 2016

GuillaumePostel (avatar)

GuillaumePostel

Idiot utile, forcément

Abonné·e de Mediapart

"Erdogan interdit Shakespeare" : c'est faux.

Après "La Turquie légalise la pédophilie" une nouvelle campagne infondée inonde les réseaux sociaux.

GuillaumePostel (avatar)

GuillaumePostel

Idiot utile, forcément

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La fausse nouvelle sur "La Turquie légalise la pédophilie", dénoncée par le Hürriyet Daily News (voir la traduction dans notre blog) ayant fait long feu, voici donc "Erdogan interdit Shakespeare". L'invraisemblable méconnaissance de la Turquie et les fantasmes que ce pays et son président suscitent à l'Ouest de l'Hèbre ont une fois encore parasité l'information sur ce pays, où il se passe des choses autrement plus complexes, et aujourd'hui autrement inquiétantes.
Non seulement Tayyip Erdogan n'y est pour rien (il a d'ailleurs probablement d'autres chats à fouetter), mais la "nouvelle" est simplement fausse. Tout est parti d'une déclaration d'un responsable des théâtres d'Etat (rappelons qu'il y aussi des scènes privées en Turquie) indiquant que, après la tentative de putsch, "les scènes de Turquie s'ouvriront cette année avec du théâtre turc". Il y a bien d'autres conflits actuellement dans les théâtres d'Etat turcs (mise à pied d'artistes et de responsables, retards dans les productions), et cette déclaration a mis le feu aux poudres par son autoritarisme et son inconséquence (l'ouverture de la saison aura lieu le 4 octobre…). L'acteur Orhan Aydin, à la tête de la révolte, avait bien précisé que cette colère "n'était pas fondée sur la question des pièces [dites] locales-nationales".
Le journal de gauche soL a pris le soin de mener une enquête. Interrogés par ses soins, plusieurs responsables des théâtres d'Etat confirment qu'il s'agit bien de programmer des pièces "locales-nationales" en ouverture de saison, et que les pièces étrangères auront toute leur place dans le reste de la saison. L'un d'eux explique que les rumeurs sur l'interdiction de pièces étrangères sont "sans fondement", que "la majorité des deuxièmes pièces programmées sont d'ailleurs étrangères", que Roland Topor, Tchekov ou Shakespeare seront par exemple donnés à Ankara et Istanbul. Un autre, assez furieux, explique par ailleurs que, étant donné la tradition des théâtres d'Etat, croire qu'on puisse y appliquer une telle décision (l'interdiction de pièces étrangères) était faire injure aux 700 travailleurs de l'institution.
Et voilà comment une rumeur croyant causer du tort à Tayyip Erdogan devient en Turquie une injure envers les travailleurs.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.