« Aujourd’hui, il existe trois sortes de personnes.
Les premiers persécutent les faibles et craignent les forts parce qu’ils sont lâches et avides.
Les deuxièmes sont les passifs qui ne combattent pas le mal et ne soutiennent pas le bien. Je crains que ce soit le portrait de beaucoup de gens de notre époque.
Les troisièmes, sont les intrépides qui soutiennent le vérité et la justice, toujours prêts â combattre courageusement pour ce qui est juste.
Voilà ce qu’est une personne de grande valeur et créatrice de valeur. »
En France, les personnes étrangères doivent se soumettre à un long calvaire, pour prouver leur identité ou leur patriotisme et être fidèles à la France?
Par le passé les premiers patriotes qui ont abandonné leur pays été les industriels et les capitalistes Français. Pendant que les émigrés ont donné leur sang pour la libération de la France.
Pourquoi à ces gens qui ont appauvri leur pays, qui ont fui avec de la richesse, on ne leur pas retiré la nationalité, n’ont-ils pas trahi leur pays ?
Je vis en France depuis 38 ans, à la suite d’une condamnation à 20 années d’exil par la dictature du Général Pinochet, pour avoir défendu les valeurs et la démocratie dans mon pays natal le Chili. Depuis j’ai adopté la France comme mon pays, et aujourd’hui même, je suis près à le défendre, et donnerai ma vie pour lui.
Je ne suis pas encore Français administrativement, bien que j’y habite, que j’y travaille, que je sois marié à une femme française, je possède encore une carte de résident.
En 2007, après le changement à la présidence de Nicolas Sarkozy, et malgré mes trente trois années vivant dans mon pays, la France, j’ai obtenu un récépissé de séjour, à renouveler tous les trois mois, cela pendant trois années.
Je me souviens… quand je suis arrivé en France, j’ai eu l’opportunité de rencontrer des gens formidables, à l’époque je ne comprenais pas toujours tout, mon français était très précaire. On se parlait avec des signes, on essayait de raconter notre souffrance, la dictature, la répression et quel était notre peuple, comment l’on vivait au Chili et quelles étaient nos valeurs. Mon titre de séjour m’autorisait alors seulement à vivre dans certains départements autour de Paris. J’étais interdit de séjour à Monaco, à Nice, en Corse etc...
La solidarité de ces hommes, de ces femmes, de ces ouvriers ou employés nous touchait profondément, ils nous apportaient tout ce dont on avait besoin; de la chaleur, du réconfort, de l’espoir. Ils nous parlaient de Victor Hugo, quand il a été exilé, lui aussi pendant vingt années ; Il écrivait à ses camarades: « Ayez de l’espoir, tant qu’il y a de l’espoir nous pourront gagner! »
Chacun de nous portait une petite valise à notre arrivée en France, et puis on nous a donné tout ce qui nous manquait.
Ces personnes nous ont promené pour nous faire connaître leur pays, la France. Ils nous invitaient à des manifestations de solidarité en faveur du Chili, tous pleuraient, l’émotion étant trop grande.
Des milliers de gens se sont exprimés dans la rue, en criant leur soutien au Chili et contre la dictature du Général Pinochet.
Je me souviens… en nous voyant ils nous saluaient et nous parlaient dans la rue. Nous nos saluions entre voisins.
Les dimanches dans nos habitations, des HLM, on sortait des chaises dans le jardin pour nous asseoir ensemble. On partageait tout et parlions à tout le monde, il n’y avait pas de différence entre nous qui étions étrangers.
Peu à peu je me suis intégré, j’ai commencé à travailler, j’ai loué un appartement etc...
Je me souviens… j’achetai les journaux, on les dévorait, toutes les informations nous intéressaient, il y avait les rubriques des travailleurs, les rubriques des syndicalistes, des éditoriaux sur la télévision, sur les bonnes et mauvaises émissions, ces dernières disparaissaient bien vite. Enfin nous retrouvions tout notre vécu dans les médias.
On se retrouvait dans les pages des journaux, ils traitaient nos problèmes particuliers, nous existions à l’intérieur des pages avec une information pour le peuple. Quels qu’ils soient, au sein de tous les médias.
A l’époque le journal « Le Monde » était notre journal préféré, les journalistes parlaient, ils dénonçaient, on comprenait bien le pourquoi de telle ou telle situation, parce qu’ils investiguaient.
Chaque journaliste était à l’époque à la fois l’arbitre et le surveillant de la société démocratique. Quel privilège d’être dans un pays où la liberté d’expression est le plus importante, cette culture des journalistes qui assure une bonne information.
Et puis le Chili est devenu un pays de grande consommation, le pays le plus riche du continent Sud Américain. Un pays où une grande partie de la population vivait misérablement, dont 20% contrôle toute la richesse. Ce sont toutes les principales ressources de l’Etat qui appartenaient à la Nation, comme les ressources minières, l’industrie, ont été privatisées ou vendues à des consortiums Internationaux Nord Américains.
Je me souviens… l’Angleterre et son Chef du gouvernement Mme Thatcher, a adopté la même politique que celle du Général Pinochet, c’est-à-dire le Néolibéralisme, idéologie inconnue encore en Europe, essentiellement basée sur le profit, tout en véhiculant une forme d’inculture généralisée, assise sur l’individualisme, le personnalisme et l’égocentrisme.
Nous avons été les témoins de comment cette idéologie s’est installée peut a peut en France. Pendant la campagne électorale de M. F. Mitterrand, est entrée en scène la publicité, telle un marchand de produits : Vendre le concept Mitterrandien. Ce n’était plus le Parti Politique avec ses idées et ses valeurs vers une véritable démocratie. Cette fois l’objectif était de vendre une personne, l’image d’un homme ou d’une femme.
- Le Socialisme doit se renouveler avec les nouvelles technologies, corrobore certains socialistes, dont les plus inéducables l’ont abandonné, ou sont depuis passés à droite.
Avec ces nouvelles données, la technocratie s’est mise en place, la politique est devenue un métier bien rémunéré avec les technocrates s’octroyant une image d’homme d’état ou service du peuple.
Ce n’était plus l’homme qui était prêt à se sacrifier pour un idéal, pour des valeurs ou pour son pays.
Les hommes politiques recrutaient désespérément les meilleurs publicitaires. Le concept de vente était acquis, les opinions, puis ce fut le dramatique déclin pour les idées, les valeurs l’égalité et la fraternité.
La parole était aux marchands publicitaires; Comment on doit vivre, quel vêtement ont doit porter, et comment on doit se comporter pour être insère dans la société ou apparaitre « révolutionnaire ». Le message a la jeunesse cette, consomme, consomme et tu seras bien vu! Le statut social tu le gagnes avec tes franges, pas besoin d’école ni d’étude.
Et puis, ils ont fermé le Poste de Police dans mon quartier. Quelque temps après des troubles se sont produits, j’ai essayé d’alerter la Presse, j’ai interpellé les journaux, les différentes radios, la télévision, en vain, il était impossible d’y accéder, marque le 2 ou marque le 3, le 4, nous avons pas compris votre demande. La communication avec les journalistes s’était coupée, malgré les nouvelles technologies de la communication et les informations venant de la source même, le contact avec le public avait été perdu.
Quand la police venait dans le quartier, sous la forme de véritables commandos de guerre, équipés pour le combat, ce n’était plus pour nous protéger, ils cherchaient un ennemi que nous ne connaissions pas.
Je me souviens… deux années plus tard lorsque j’ai dû déménager, mes voisins n’ont plus jamais sorti leurs chaises dans le jardin.
L’entreprise où je travaillai a été vendue, nous l’avions appris avec l’arrivée du nouveau Directeur, et quelques mois plus tard, elle a faisait faillite et licencie économique.
J’ai dû rechercher un emploi, les nouvelles propositions d’emploi étaient à presque la moitié de mon ancien salaire. Comme je devais travailler plus pour gagner le même salaire qu’avant, ma femme et moi nous nous sommes serrés la ceinture. Nous observions alors peu à peu la précarité s’installer au sein de notre cercle d’amis.
Le théâtre, le cinéma et toutes les sorties devenaient un luxe, notre budget se rétrécissait de plus en plus.
Nous avons gardé notre voiture de plus de dix années.
Nous regardions la télévision de temps en temps chez des amis. Quelle souffrance quant on voit certains journalistes aujourd’hui présentant les informations. Quel manque de culture, quelle ignorance de la situation sociale et la connaissance du monde.
Je me souviens… les anciens journalistes donnaient une information qui comportait les trois éléments fondamentaux qui sont : le « Comment », le « Quand » et le « Pourquoi ».
Depuis que les journaux, les radios et la télévision sont devenus des groupes ou des consortiums nationales ou internationaux, ils nous vendent de l’inculture. C’est pour cette raison que nous les achetions moins régulièrement. Un véritable fossé s’est formé entre les gens ou le peuple et les journalistes, qui sont devenus des rapporteurs en lieu de reporteurs.
Il y a surtout eu confusion entre communication et information, conditionnée par la publicité, le but étant de conditionner le peuple.
De plus une autre espèce est apparue, appelée les experts, qui expliquent sans rien éclairer, et qui surtout passent et repassent dans les médias pour nous dire que ce sont eux les instruits. Il en est de même des experts économiques, ceux-là même qui n’ont rien vu venir à propos de la crise.
Il n’y a personne qui nous explique le modèle économique actuel, et pourquoi il s’appelle le Néolibéralisme.
On ne nous dit pas que ce modèle est une idéologie qui a été créée par le capital avec des économistes comme M. Frederick Hayek. Il est le promoteur du Neo-Libéralisme, celui qui s’est toujours opposé au Socialisme et le grand ennemi de l’Etatisme.
M. Milton Friedman est l’un des propulseurs du système économique de la dictature du Général Pinochet au Chili qui a détruit avec son système toutes les formes d’organisations sociales, et les syndicats ; Celui qui a éliminé tous les acquis sociaux de l’ensemble des travailleurs chiliens.
Ce sont ces experts qui n’ont jamais entendu parler de M. John M. Keynes qui, déjà en 1930, avait une pensée très moderne à l’époque, et avait publié un essai intitulé
« Perspectives économiques pour nos petits enfants ».
Il y analysait le pessimisme responsable de la dépression économique qui sévissait dans le monde. Il disait :
« Le pessimisme des révolutionnaires qui croient que les choses vont si mal que seule une mutation violente pourra nous sauver, et du côté des réactionnaires qui jugent l’équilibre de notre vie économique et sociale si précaire que nous ne devons nous risquer dans aucune expérimentation. » Et ajoute : « Si l’on imagine qu’il n’y aura pas de grandes guerres ni d’importants problèmes démographiques, le problème économique peut être résolu ou du moins la solution peut être en vue, d’ici à cent ans. »
La réflexion de Keynes a été sans doute d’une grande pertinence, surtout pour les sociétés industrielles d’aujourd’hui.
Selon Keynes, les êtres humains ont à la foi des besoins « absolus » et des besoins « relatifs. »
Les besoins « absolus », ont des limites naturelles qu’ils peuvent satisfaire et qui permettent à l’être humain de survivre.
Les limites « relatives », qui augmentent sans cesse, dans la mesure où ils cherchent à surpasser l’autre; et ils sont insatiables, avec le désir permanent d’être supérieur, une façon d’incarner la nature destructrice sans tenir compte de la société et de l’environnement.
Je me souviens… que dans notre société, particulièrement le Capitalisme, les gens ont une forte tendance à essayer d’apaiser l’insécurité en accumulant des biens matériels et de l’argent, qui est en effet un besoin relatif et devient peut à peut une fin en soi, en tombant dans cette spirale d’accumulation sans fin.
Keynes définit les personnes qui prennent l’amour de l’argent comme objet de possession et non pas comme un moyen de goûter aux plaisirs et réalités de la vie. Ce sont des personnes à la passion morbide, répugnante, avec des inclinations mi- criminelles, mi pathologiques, qui pour protéger l’argent et le fructifier le confie aux spécialistes, comme le banquier ou les spéculateurs en Bourse.
Je voudrais prendrai pour exemple les entreprises que l’on dit moins patriotes, qui délocalisent, sans même les condamner pour trahison, abandonner leurs pays pour l’appauvrir, après de s’être enrichi avec l’aidé des travailleurs et de l’état. Cela n’est pas un délit ?
Alors que dans mon pays la France, les personnes étrangères doivent se soumettre à un long calvaire, pour prouver leur identité ou leur patriotisme et être fidèles à la France? Par le passé les premiers patriotes qui ont abandonné leur pays ont été les capitalistes Français. Pendant que les émigrés ont donné leur sang pour la France.
Pourquoi à ces gens qui ont appauvri leur pays, qui ont fui avec de la richesse, on ne leur pas retiré la nationalité, n’ont-ils pas trahi leur pays ?
Le philosophe Gabriel Marcel analyse l’esprit d’abstraction comme un conflit de guerre. Pour en arriver à la guerre, notre esprit doit faire abstraction de l’autre être pour le convertir en blanc et le tuer.
Aujourd’hui justement, l’esprit, les facultés se développent, notre capacité intellectuelle aussi, et l’esprit d’abstraction est de plus en plus présent.
Gabriel Marcel utilise le terme « Esprit d’abstraction » pour définir le processus essentiellement destructeur par lequel nos conceptions sont détachées de la réalité concrète. Les personnes que parfois nous considérons comme l’ennemi, sont réduites ainsi à un concept abstrait, et ces mêmes personnes deviennent virtuelles et sans existence, donc on peut les éliminer.
Nous savons qu’au moyen de la culture nous pouvons ouvrir le dialogue, parce qu’avec une culture de Paix nous développons des valeurs, des valeurs ancrées en France, comme la liberté, la fraternité, l’égalité.
Les racines du mot culture sont liées aux premières sédentarisations, au même titre que la culture pour se nourrir, c’est la culture pour faire vivre. La culture de la Paix va produire la Paix, va produire la vie.
Les lois de la physique constatent que tout système, sans apport d’énergie extérieure, est voué à se dégrader; le régénérer suppose donc un travail et la vie implique donc de… cultiver et de se cultiver.On se demande, pourquoi les Emigrants de hier, ne laissent pas vivre o ne laissent pas entrer en France les Emigrants d’aujourd’hui ?
Pourquoi le Gouvernement, ne redescend pas vers le peuple Français pour vivre et rester en France.
Guillermo Saavedra
Président de la Chambre Chilienne
de Commerce et d’industrie en France