Onze sont produits par la firme américaine Monsanto, les huit autres sont des produits de la firme américaine Dupont et des groupes allemands Bayer et BASF
L’Union européenne a autorisé vendredi l’importation et la commercialisation de 19 OGM, parmi lesquels 11 produits de la multinationale américaine Monsanto -plusieurs variétés de soja, maïs, colza et coton-. Les huit autres sont des produits de la firme américaine Dupont et des groupes allemands Bayer et BASF. Dix-sept de ces OGM sont destinés à l’alimentation animale et humaine, deux sont des fleurs coupées. « L’innocuité de tous les OGM approuvés aujourd’hui a été établie avant leur mise sur le marché dans l’Union », veut rassurer la Commission européenne dans un communiqué.
Autorisation immédiate et valable pour 10 ans
Les autorisations de faire entrer ces OGM « étaient en suspens », car les Etats membres ne sont pas parvenus à constituer une majorité pour ou contre leur commercialisation. L’autorisation est immédiate, elle vaut pour dix ans et porte à 77 le nombre d’OGM pour l’alimentation animale et humaine autorisés à l’importation pour la commercialisation dans l’UE, selon la Commission européenne .
Deux jours auparavant, la Commission européenne a proposé une nouvelle loi renvoyant aux Etats membres la décision de restreindre ou d’interdire sur leur territoire l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés (OGM). Si les gouvernements européens approuvent la réforme présentée mercredi, ils pourront donc interdire l’utilisation des OGM sur leur territoire. La proposition a suscité la colère des Etats-Unis, qui souhaitent une ouverture totale du marché européen à leurs OGM dans le cadre du traité de libre-échange transatlantique en cours de négociation.
Dans le cas contraire, les règles applicables seront celles qui ont conduit la Commission européenne à autoriser la commercialisation des OGM ne présentant aucun risque pour la santé animale et humaine dans l’ensemble de l’UE, solution réclamée par les grands groupes.
Puissance des lobbys des entreprises transgéniques
La décision n'a pas vraiment surpris à Bruxelles. « Jean-Claude Juncker était obsédé par l'accumulation d'autorisations d'OGM bloquées parce que le sujet est très sensible politiquement », a expliqué à l'AFP une source européenne proche du dossier. « Il voulait se débarrasser du stock. Il a fait sa proposition et a lancé les autorisations sans attendre que les Etats prennent position », a ajouté cette source.
Les réactions n’ont pas tardé : Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a dénoncé vendredi « l’hypocrisie de la Commission Juncker » : « Dans une zone de libre circulation des marchandises, la possibilité laissée aux Etats d’interdire ensuite ces OGM sur leur territoire est un leurre », affirment dans un communiqué les deux porte-paroles d’EELV, Julien Bayou et Sandrine Rousseaux.
L’eurodéputé écologiste français José Bové s’est déclaré « scandalisé par cette décision » et a appelé le Premier ministre français, Manuel Valls, à « se montrer très ferme en interdisant ces OGM en France ». « Jean-Claude Juncker se couche devant le lobby des entreprises transgéniques. Il se moque des consommateurs européens qui depuis le début sont opposés aux plantes transgéniques ». De son côté, l’ONG Greenpeace a accusé le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, « de ne pas avoir l’intention de rapprocher l’Europe des citoyens, comme il l’a promis, et d’agir en faveur des intérêts des Etats-Unis et de Monsanto ».