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Billet de blog 9 février 2019

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Iran: la révolution par les livres

La littérature dans les pays où elle est "encadrée", "surveillée"

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Imre Kertesz, dans un entretien avec le quotidien allemand  "Der Spiegel", en 1996

"Au début j'ai réellement cru que mon livre ("Être sans destin") s'était vendu aussi vite - jusqu'à  ce que j'apprenne qu'il y avait, en dehors de Budapest, de grands entrepôts où l'on stockait des tonnes de livres de ce genre. Pour finir je suis allé chercher là-bas 200 exemplaires que j'ai mis dans un taxi pour les distribuer ensuite personnellement à des amis ou à des connaissances."

La situation de l'expression écrite en Iran, depuis la chute du Shah en 1979 et son remplacement par une théocratie islamique, n'est pas comparable à celle que vécue Imre Kertesz (prix Nobel de littérature en 2002) en Hongrie avant que le rideau de fer ne tombe en 1989. Toutefois quand j'ai lu le titre de l'exposition à laquelle fait référence Mediapart "Iran : la révolution par les livres" me revint le souvenir du propos d'Imre Kertesz au "Spiegel" en 1996.

Comment expliquer que les dictatures, quelque soient leurs couleurs et leurs ... particularités, n'arrivent pas, tout simplement (parce que je ne peux pas imaginer qu'elles ne tentent pas de le faire) d'interdire toute forme de littérature ? 

Parce qu'il n'y a plus de société de nos jours pour qui lire et écrire d'une tranche de leur population ne soit pas une exigence fonctionnelle dans tous les domaines de leurs idées communes dominantes et de leurs pratiques. 

Parce que la mise en cause des choses, n'épargne aucun humain, puisque elle relève de la spécificité de la nature humain, précisément du mental humain. Même pas celle qui anime, malgré lui ou délibérément (en rapport à son pouvoir) le dictateur et les mains-droites ou les homme de mains de sa mafia politique, rapprochés ou déclinés, pour en profiter et sans prémunir, de toutes les couches de la société. 

Or cet étonnement qui toujours, n'épargne même pas un geôlier qui aurait tout vu et perpétré de quelque manière, à propos de tout et n'importe quoi, exige qu'il s'exprime de quelque façon. Ne serait-ce que sur le dos supplicié de telle ou telle victime qui l'insupporte sans qu'il puisse précisément en définir la cause. 

Ainsi s'exprimer pour tout humain est toujours témoigner malgré soi ou délibérément de son affect perplexe de vivre. 

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