Guy KOPP

Abonné·e de Mediapart

13 Billets

0 Édition

Billet de blog 20 mars 2020

Guy KOPP

Abonné·e de Mediapart

Réactiver le sens commun selon la lecture de Whitehead par Isabelles Stengers

A-t-on déjà vu des agents exécutifs constituer une classe moyenne, soit-elle dans les bureaux ? Alors que son futur ne se distingue pas du futur des exécutants dans l'industrie, le commerce, les services. Aussi la classe moyenne t-elle disparue. Ne reste face à face dans nos sociétés avancées, à l'instant des entreprises, que des dirigeants et cadres d'un côté, personnels exécutifs de l'autre.

Guy KOPP

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il faudrait au préalable s’entendre quant à ceux, qui du grand public, peuvent être considérés comme scientifiques. L’image commune du scientifique est celui du laboratoire ou du terrain. 

Or c’est une image qui date. 

Car scientifique est qui pratique une science en en appliquant les fondements, lesquels ne sont inscrits dans le marbre qu’en fonction de l’évolution des connaissances et de la réalité. 

Les scientifiques sont donc quasi tous les professionnels diplômés -le meilleur repère d’identification - ou confirmés par la pratique, de leur domaine : des institutions, des universités, du privé, les cadres et dirigeants d’entreprises, ceux des armées, ceux des industries, ceux des banques, les professions libérales, les professionnels de la culture, des médias, ceux de la santé, de la justice, du ministère de l’intérieur, les petits et moyens patrons et cadres du commerce et de l’industrie.

Cela fait beaucoup de monde, mais pas tout du monde d’une société.

Ce que ces scientifiques, au sens large, partagent, est leur ancrage social. 

Ainsi qu’une certaine confiance mentale, par laquelle ils estiment assez comprendre le monde et ses évolutions, une confiance qui s’étend tant à leurs ressources personnelles qu’aux ressources corporatives ou professionnelles. 

 Il s’avèrerait par ailleurs que ces scientifiques sont soit issues de la bourgeoisie, soit la renouvelle et la vivifie. 

Ces professionnels dévoués à leur science particulière, au train de vie et aux moeurs plutôt bourgeois, des artisans ou petits patrons qui réussissent, ou tout fait bourgeois, des hauts fonctionnaires, élus et dirigeants, spécialistes de la santé ou des affaires, se comptent-ils comme faisant partie du grand public, de la masse populaire sociale ? 

On peut-on observer une masse populaire qui ne soit pas, scientifique, ou bourgeoise, ou cultivé post-bac, souvent multi-diplômé ? 

Je me demande si ce n’est pas l’ancrage social en ce qu’il existe ou fait défaut, qui constitue la fracture sociale du grand public d’une société ? 

Avant de continuer, qu’est-il advenue de la classe moyenne ?Existe-t-elle encore ?

On peut en douter, et ce serait l’effet de l’éducation de masse. 

Mais d’une éducation, en France particulièrement, qui ne vise pas la culture mais la sélection des gens. 

Alors comment se fait-il que de nombreux diplômés, sont et restent confinés, dans des emplois publics ou privés exécutifs, dont l’effet pratique, de rémunération et d’épanouissement professionnels, est doublement déplorable, en ce qu’elles participent, la rémunération stagnante et l’absence d’épanouissement professionnel, de surcroit, du bien-être personnel, familial, collectif ? 

Il faut des exécutants économiques et administratifs, mais ceux des bureaux, publics et privés, se distinguent-ils encore des exécutants des usines, des multinationales, des groupes commerciaux, des transports, etc. ? 

On peut en douter. 

Deux populations se feraient donc face dans les sociétés avancées, 

celle des dirigeants, cadres, ingénieurs, gradés, professeurs, spécialistes, experts…qui maîtrisent assez leur vie, d’un côté, 

celle des exécutants des bureaux et sur les terrains, de l’autre côté, qui subissent plutôt leur existence, au gré de leurs hiérarchies, qu’ils n’en disposent. 

”Réactiver le sens commun” selon le livre et les propos, pour ce que j’aie pu en lire, d’Isabelle Stengers, ”pour faire sens commun” ne se réduit donc pas à opposer les ”scientifiques” au grand public qui ne le serait pas et donc ”disposé à croire n’importe quoi”

mais à faire correspondre le débat à la transformation des sociétés avancées, qui sembleraient bien s’être facturées 

entre ceux des gens qui maîtrisent et commandent, et conquièrent les places et les avantages, et ceux des gens qui exécutent et obéissent, peinent à boucler les fins de mois, mais plus essentiellement peinent à trouver sens à l’existence et à transmettre un sens à leurs enfants. 

Le libéralisme économique, à savoir que la concurrence soit d’intérêt public, ne l’est manifestement pas pour ses petites mains. Il est clair que le libéralisme économique est anti-social.

Le libéralisme économique réduit toute société à la configuration d’une entreprise. 

Or une société humaine n’a que faire de son PIB et tout à faire du bien-être des ses ”sociétaires”.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.